Pourquoi des
zones de la tête de certains enfants s’aplatit-elle?
Le crâne des bébés est très
mou, et les os peuvent s’aplatir sous la pression.
Les muscles du cou des bébés sont également
faibles. C’est pourquoi les bébés
ont tendance à tourner la tête sur le côté
lorsqu’ils sont placés sur le dos.
Si la tête des bébés est toujours
appuyée du même côté, elle
peut s’aplatir. C’est ce qu’on appelle
la tête plate. Le terme médical de ce phénomène
est plagiocéphalie positionnelle.
Un léger aplatissement disparaît de lui-même.
Un aplatissement plus prononcé peut être
permanent, mais il ne nuira ni au cerveau ni au développement
de votre bébé.
Est-il possible de prévenir
la tête plate?
Oui. Un moyen simple de prévenir la tête
plate consiste à changer la position de la tête
de votre enfant tous les jours.
Parce que les bébés aiment regarder des
choses intéressantes, ils ont tendance à
tourner la tête vers la chambre plutôt que
vers le mur. Ils peuvent ainsi vous voir aller et venir.
Voici comment modifier la position de la tête
de votre bébé tout en lui offrant le même
champ de vision :
Un jour, placez la tête de votre bébé
à la tête de la couchette.
Le lendemain, placez sa tête au pied de la couchette.
Chaque jour, alternez l’orientation de votre bébé
dans sa couchette.
Assurez-vous qu’il regarde toujours vers la chambre
et non vers le mur.
Vous pouvez aussi installer un mobile du côté
de la couchette orienté vers la porte de la chambre
pour inciter votre bébé à regarder
dans cette direction.
Que puis-je faire d’autre
pour éviter que mon enfant ait la tête
plate?
Pendant leur période d’éveil, les
bébés devraient toujours passer un certain
temps sur le ventre, sous supervision, et ce plusieurs
fois par jour.
Non seulement la période passée sur le
ventre évitera la formation d’une zone
plate sur la tête, mais elle est importante pour
le développement de votre bébé.
Si votre bébé présente tout de
même une zone plate sur la tête, consultez
votre pédiatre ou votre médecin de famille.
Les massages des bébés
Le
massage des bébés
« A travers vos mains, bébé ressent
plus qu'un simple toucher.
Il perçoit votre désir de communiquer
Il peut lire en vous comme il vous laisse lire en lui
en s'abandonnant complètement! »
Juste après la naissance, les adultes se demandent
ce qu'ils pourraient faire de significatif pour le bien-être
de leur tout petit.
Il y a de l'hésitation, de la peur au sujet de
la fragilité de leur enfant résultant
souvent d'une méconnaissance, qui induit le plus
souvent à ne rien entreprendre.
De nombreux parents pensent être démunis
face à ce petit être qui ne parle pas encore
et qui n'exprime pas « clairement » son
contentement ou le contraire.
N'ayant pas un échange valable, ils s'abstiennent
de peur de mal faire ou d'être incompris.
Or, il existe réellement un langage très
développé, universel, et facilement compréhensible
aussi bien par l'enfant que par ses parents, qui est
celui du toucher et du massage.
Il s'agit en effet d'un langage, qu'il faut parfois
réapprendre comme l'apprentissage d'une nouvelle
langue, pour se sentir à l'aise, pouvoir communiquer
ses sentiments et comprendre les réponses de
son enfant.
Les gestes, le rythme et l'intention que vous mettez
dans vos mains sont le reflet de ce que vous êtes
et de ce que vous voulez apporter.
Avant daller plus loin, voyons tout d'abord l'état
de bébé après un long moment dans
le ventre de sa maman
II vivait au rythme des battements de son cour et de
sa respiration.
Dans son nid douillet, Il sentait des mouvements de
vagues, des tractions et des étirements et percevait
de multiples sons.
Tout cela était son univers et ses premiers repères.
'
Le massage vous permet de reproduire ces mouvements
et ce contact qu'il a connu. Il va retrouver, à
travers vos mains et leur mouvement, ces mêmes
points de repères.
L'écoute
« C'est en l'observant que vous découvrirez
sa manière de communiquer.
Les petits communiquent beaucoup. Plus ils se sentent
écoutés, plus ils ont envie d'entrer en
relation. »
Le massage commence par l'écoute et l'échange.
En posant simplement votre main sur son thorax et en
écoutant sa respiration, vous établissez
le premier contact.
De ce contact naît la confiance essentielle entre
votre enfant et vousmême. Ainsi il se sait respecté,
écouté, et ressent votre amour pour lui.
Vous l'écoutez du bout des doigts, il se détend,
se relâche et vous parle de tout son corps.
Le massage magique
« Vous saurez très vite ce qu'il aime,
quelles positions le rassurent, l'énervent ou
le calment. »
Le temps du massage est un moment magique plein de plaisir
et d'amour.
Vous vous approchez de bébé, et avant
même d'être touché, il se réjouit.
Votre enfant est un véritable petit baromètre
qui capte l'humeur et les pressions autour de lui.
Ne trichez jamais, il en sait beaucoup plus que vous
ne l'imaginez
Soyez-vous même, avant tout, simplement et de
tout coeur.
Harmonie, communication
et tendresse« Le massage des enfants est
beaucoup plus qu'un ensemble de techniques. C'est un
mode privilégié de communication. »
Il existe des mouvements de base pour apprendre à
masser, ensuite ce sont vos mains et votre coeur qui
trouveront la meilleure façon de procéder.
Au fil des jours, les massages vont évoluer.
Vous prendrez de l'assurance dans vos gestes, et sentirez
les envies de votre enfant.
Votre contact va lui permettre de mieux percevoir son
corps, de le rassurer et d'éveiller sa curiosité.
Le massage est aussi un réconfort et une découverte.
Tout est nouveau. Des sensations, des sentiments inconnus
surviennent
Il a besoin de vos bras, besoin de vos mains, pour lui
raconter la vie et l'aider à évoluer dans
un cadre sécurisant.
C'est la meilleure manière de considérer
la vie.
Le bon moment
« Vous devez le respecter et comprendre que votre
moment ne lui convient peut-être pas. Se savoir
écouté et respecté est vraiment
important à tout âge. »
Le bon moment pour le massage est celui qui vous convient
à tous les deux. Vous devez être pleinement
disponible, et lui aussi.
Il se peut que votre enfant préfère être
seul, dans ses rêves, il vous le fera comprendre
facilement.
Si c'est le cas, n'insistez pas. Un autre moment sera
plus propice. C'est également cela l'écoute.
Trouver le bon moment, c'est respecter l'avis de l'autre.
Le massage doit être agréable pour tous
les deux:
Si votre enfant est souvent nerveux et grincheux avant
d'aller dormir, massez-le en lui racontant une histoire.
Massez surtout le dos et la nuque où s'accumulent
les tensions nerveuses, comme chez les grands.
Installez le massage comme rituel avant le coucher.
Si votre enfant se crispe avant le bain et semble ne
pas aimer l'eau, massezle pour le détendre.
Insistez cette fois sur les extrémités,
les pieds et les mains. Jouez avec lui en faisant rebondir
ses fesses.
Ce massage est plus dynamique.
Le temps du massage permet à l'un et l'autre
de se retrouver et de se détendre.
Le massage du dos
« Prenez contact d'abord avec le dos de votre
enfant. Vous sentirez assez vite si les muscles sont
relâchés. »
Prenez votre enfant sur les genoux, en petite boule,
le ventre contre vous.
Une main dans le dos, l'autre dans la nuque. La main
dans le dos glisse du haut vers le bas, de la nuque
aux fesses puis remonte.
Après quelques mouvements, réalisez des
petits cercles dans le bas du dos, en appuyant un peu
plus fort.
Massez cette région pour détendre l'ensemble
du corps.
Les intestins fainéants
« L'alternance d'ouverture et de fermeture du
ventre masse les intestins ».
Nos bébés vivent tous des moments difficiles
avec leurs petits ventres. Les intestins se crispent,
se tordent et c'est douloureux.
Placez votre petit en boule, couché sur le dos,
les jambes fléchies pour arrondir le bas de la
colonne vertébrale.
Une main soutient le bassin, l'autre se pose sur le
ventre et réalise des petits cercles, en appuyant
légèrement.
Vous pouvez aussi faire vibrer votre main sur son ventre,
de gauche à droite. Vous sentirez le ventre se
relâcher sous votre paume.
N'hésitez pas à faire des pauses, puis
reprenez le massage du ventre.
Ces arrêts aident votre petit
à se détendre et â se reposer ces
exercices peuvent être fatigants pour lui
Ces pauses vous aident aussi à vous détendre,
à l'observer et â capter l'instant.
Combien de temps dure le
massage ?
Les premiers jours de sa vie, votre bébé
dort beaucoup. Le temps du massage se résume
à 5 ou 10 minutes au plus. Progressivement, le
massage va durer plus longtemps.
S'il veut arrêter, votre enfant trouvera vite
le moyen de vous le faire comprendre. Il n'est pas indispensable
de pratiquer à chaque fois un massage complet.
Vous pouvez aussi profiter des moments de soins ou du
bain pour masser juste les pieds, le visage ou le dos.
Comment savoir si le massage
lui fait du bien ?
« C'est à travers les mains que nous avons
découvert le monde. C'est par elles que nous
le faisons découvrir aux enfants I »
Observez votre enfant. Les traits du
visage se relâchent et un petit sourire se dessine
au coin des lèvres.
Il soupire profondément ou mieux encore, il ouvre
une énorme bouche et baille.
Il sourit, se tortille de bonheur. Vos mains s'arrêtent,
il attend la suite et ouvre de grands yeux qui vous
disent continue, encore l ».
Ce sont des signes de détente et de bien-être
qui ne trompent pas.
Rires
« Ils sont des rayons de soleil qui illuminent
et réchauffent nos coeurs. »
Votre bébé, comme vous, a besoin de rire.
Rire ouvre les poumons, masse les organes internes et
favorise une bonne circulation sanguine dans l'ensemble
du corps.
Quoi de plus beau que le sourire de votre enfant
Son petit visage s'illumine et vous ressentez au creux
du ventre un bonheur immense. Le bonheur de voir votre
enfant s'épanouir
Il suffit d'un sourire et le monde rayonne autrement.
Les questions > Existe-t-il des contre
indications au massage ?
Il n'existe aucune contre-indication
au massage, aucun effet secondaire indésirable.
Le massage est naturel et assure une continuité
entre avant et après la naissance. Il rassure
et aide à trouver des points de repères.
> A partir de quel âge
peut-on masser son bébé ?
Il était déjà massé dans
le ventre de maman, il n'y a aucune raison d'attendre.
Dès les premiers instants, il peut être
massé. On n'attend pas pour aimer, n'attendez
pas pour le masser.
> Peut-on masser un bébé
tout habillé ?
Oui. Vous n'êtes pas obligé(e) de toujours
déshabiller votre enfant pour le masser. Tout
dépend du moment et du temps que vous avez à
lui consacrer. Profitez du bain ou des changements de
langes pour le massage peau contre peau. A d'autres
moments, ou dans un milieu plus froid, le massage habillé
convient parfaitement.
> Comment
masser un enfant très nerveux?
Les petits nerveux ont besoin de sentir des mouvements
rapides. Débutez par des petites vibrations dans
le dos et sur le thorax. Ensuite, ralentissez les mouvements.
Si vous voulez le masser lentement dés le départ,
votre massage produira l'effet inverse. Entrez dans
son rythme rapide pour ensuite l'emmener dans la détente.
> Comment masser si on est
nerveux (se) soi-même ?
Soyez vous-même Nous avons tous notre caractère
et essayer d'être différent est inutile
et néfaste.
Faites-vous confiance et lancez-vous commencez le massage
sur un ton dynamique. Ensuite, ne réfléchissez
pas et laissez-vous guider par vos mains. Elles vont
s'adapter et trouver les mouvements et le rythme qui
conviennent. Votre enfant trouvera également
sa position. Chacun s'adapte à l'autre en restant
lui-même
> Peut-on masser un bébé
prématuré?
Oui. Un enfant prématuré a besoin d'être
rassuré, plus encore que les autres. Il a besoin
de contact physique autre que des actes de soins. Même
s'il est encore relié à une machine comme
un respirateur artificiel, il doit être massé,
touché et câliné. Les
premiers instants de la vie doivent être remplis
d'amour, avant tout.
> Qui peut masser?
Qui veut masser peut! Les papas aiment pratiquer le
massage pour installer une relation physique avec leur
enfant. Le massage est un bon outil pour se découvrir
l'un l'autre. Papa peut masser bébé en
rentrant de sa journée de travail et installer
un rituel spécial entre lui et son enfant.
Les enfants entre eux aiment aussi se toucher. Un grand
frère ou une grande sour deviendra parfait masseur
s'il en a envie. Les enfants ont souvent un très
bon toucher. Spontanément ils trouvent les bons
gestes et les bons endroits.
> Qu'est-ce que le massage
apporte?
De la confiance, de la curiosité, de l'assurance
et beaucoup de plaisir.
C'est par ce toucher que votre enfant et vous allez
pouvoir dialoguer et échanger vos impressions
sur le monde environnant.
« Le massage des bébés ", par
Isabelle Pirson
Editeur: Phénix Applications Ltd.
Dans toutes les bonnes librairies (Distribué
en Belgique par Altera Diffusion).
I
Les malformations du pénis
(phimosis, décallotage quand, etc)
Etre l'objet de tant
de fantasmes n'évite pas au pénis sa propre
pathologie, source d'inquiétude justifiée
ou non.
Pénis enfoui :
Chez l'enfant surtout, le pénis peut ne pas dépasser
la paroi abdominale. Il existe un bourrelet graisseux
dans lequel est enfoui le pénis du bébé
trop potelé. La correction chirurgicale est possible
mais souvent cela va s'arranger avec l'âge.*Micropénis
:
Le pénis se mesure de l'extrémité
du pénis au relief osseux du pubis. On considère
que le pénis normal de l'adulte mesure entre
9 et 13 cm à l'état flaccide (au repos)
et entre 12 et 16 cm en cours d'érection. On
parle de micropénis en dessous de 5,5 cm à
l'état flaccide et 8 en érection.
Chez l'enfant il faut attendre la puberté pour
juger.
De toute façon, il n'y a pas de traitement, et
le vagin de la femme s'en accommode. On a comparé
le vagin, de façon un peu triviale, à
une vieille pantoufle qui s'adapte à tous les
pieds.
Macropénis : on n'en parle jamais ou alors
uniquement pour se vanter. Il semble cependant qu'un
instrument vraiment trop « grand » puisse
entraîner des douleurs chez certaines femmes.
Brièveté
du frein : Le frein est la partie reliant
le prépuce à la base du gland, il peut
être trop court et gêner le décalottage
du gland.
Cette brièveté peut entraîner une
rupture du frein au cours des premiers rapports.
Une plastie d'allongement peut s'effectuer entre 2 et
3 ans.
Hypospadias : C'est l'abouchement de l'urètre
à la partie inférieure du gland. «
L'enfant pisse sur ses chaussures ».
Epispadias : C'est l'inverse, « l'enfant
pisse en l'air ».
Les 2 malformations sont congénitales et le traitement
est chirurgical.
Phimosis : C'est un rétrécissement
congénital ou acquis (infections, diabète)
du prépuce qui ne peut être rétracté
(décalotté). Il faut le distinguer des
adhérences qui régressent spontanément
et où le décallotage n'est souvent qu'incomplet.
Important : le phimosis est normal chez le nouveau-né.
Il ne faut pas forcer le décalottage chez les
bébés, on attendra le décalottage
spontané des premières masturbations.
à la fin de la puberté le décalottage
doit être aisé, sinon chirurgie équivalente
à la circoncision mais avec une plastie du prépuce
pour l'esthétique...
Paraphimosis : Le gland a été décalotté
mais le recalottage est impossible. Il fait suite à
un traumatisme (décallotage forcé, masturbation
violente, etc..). Le gland devient rapidement volumineux,
douloureux, violacé, avec un anneau prépucial
oedématié. Il faut consulter un médecin
rapidement.
Malformations de l'urètre
: Sténose (rétrécissement)
congénitale ou acquise (traumatisme) de l'urètre,
valves congénitales de l'urètre : les
complications sont liées à l'obstruction(infections
urinaires, etc...)
Bébé et ses
petites misères : le retour à la maison
après l'accouchement
Les coliques en fin
de journée
Fréquentes jusqu'à 3 ou 4 mois, ces coliques
se répètent tous les jours, souvent à
partir de 17 heures. Bébé s'agite et pleure
après le repas, crie en repliant ses jambes vers
son abdomen, se raidit, est un peu ballonné et
émet des gaz. La crise peut durer une demi-heure,
une heure, ou plus... Cela parait interminable. Pour
expliquer ces coliques, plusieurs hypothèses
sont avancées. Les fonctions digestives du tout-petit
n'étant pas encore bien réglées,
les crises seraient provoquées en partie par
des distensions abdominales dues à une accumulation
de gaz. D'autres études invoquent une intolérance
aux protéines du lait de vache, une fermentation
par intolérance au lactose du lait, une allergie...
Mais un climat familial agité, l'angoisse de
la maman peuvent aggraver les choses, l'enfant devenant
de plus en plus tendu.
Que peut-on faire ? Veillez à
ce que Bébé ne boive pas comme un glouton
et essayez de trouver après le repas la position
qui le soulage. Vous pouvez vous asseoir et le mettre
à plat ventre sur vos jambes, ou le bercer en
le tenant sur votre bras, lui masser doucement le ventre...
Promenés dans le porte-bébé, certains
petits se calment. Il ne faut donc pas hésiter
à l'utiliser à la maison. En tout cas,
changer sans cesse de lait n'est pas une bonne chose.
Parlez-en avec le pédiatre, car les médecins
connaissent ceux qui sont les plus adaptés. Certains
préconisent de donner un lait anallergique (désormais
remboursé, à ne pas confondre avec les
laits hypoallergéniques). Lors d'une récente
réunion sur les allergies du petit enfant, le
Pr Philippe Humbert, qui exerce au CHU de Besançon,
a affirmé que cette option donne de bons résultats.
Et si Bébé est nourri au sein, un médicament
luttant contre les spasmes digestifs pourra éventuellement
être prescrit.
N'oubliez pas : pas d'énervement,
car le bébé le ressent et cela peut se
surajouter, voire initier des crampes.
N'hésitez pas à le mettre
sur le ventre à condition de rester à
côté de lui le temps qu'il faudra : en
bougeant lui-même, il se massera le ventre.
Parfois un petit tour du quartier en
voiture calme bébé quand on a pas d'autre
moyen...
Dans tous les cas, n'hésitez
pas à consulter votre pédiatre : mieux
vaut être certain qu'il n'y a pas autre chose.
L'il qui "pleure" sans
cesse
Sans doute le canal lacrymal (permettant
l'évacuation des larmes) est-il bouché.
Cette obstruction assez courante favorise les conjonctivites
avec des sécrétions jaunâtres (les
larmes stagnant, I'infection apparaît). Celles-ci
touchent toujours un seul oeil, alors que les autres,
bactériennes ou virales, transmises par contagion,
atteignent les deux. Dans un premier temps, le médecin
va prescrire des collyres anti-infectieux, et peut conseiller
de faire régulièrement un petit massage
à l'angle interne de l'il pour faciliter
l'évacuation des larmes. Jusqu'à 3 mois,
le taux de guérison spontanée est élevé.
Après, en revanche, il diminue, et chute à
partir de 6 mois. A ce stade, mieux vaut aller voir
un ophtalmologiste : il débouchera le canaL avec
une petite sonde. Un geste efficace, réalisé
dans son cabinet. Si on consulte bien plus tard, l'intervention,
plus difficile, devra être réalisée
sous anesthésie générale et nécessitera
souvent la pose d'un drain, pendant deux à trois
semaines, afin d'éviter la re fermeture du canal
lacrymal
Il régurgite un peu ... ou beaucoup
Que Bébé rejette un peu
de lait après la tétée ou la prise
du biberon, c'est classique. Mais il faut distinguer
deux situations : de banales régurgitations et
un véritable reflux. Si les régurgitations
restent peu abondantes, se font sans effort (souvent
au moment du rot) et sans douleur (il ne pleure pas),
et si votre enfant reste par ailleurs en bonne forme,
il n'y a pas lieu de s'inquiéter : son estomac
est tout petit et les rejets " naturels "
disparaitront peu à peu. En ce cas, il faut simplement
éviter de le manipuler dans tous les sens après
le repas (le changer de préférence avant),
ne pas le coucher trop rapidement ensuite, et si possible
surélever un peu sa tête (en plaçant
un coussin sous le matelas, par exemple). Au besoin,
le médecin peut conseiller d'épaissir
le contenu des biberons ou de changer de lait, car certains
favorisent plus que d'autres les régurgitations.
Les choses sont différentes
si le bébé a des rejets abondants, fréquents,
survenant plus ou moins à distance des repas,
et s'il se met alors souvent à pleurer parce
qu'il a mal ou s'il tousse la nuit, se réveille
(sans doute à cause de la douleur). Il faut en
parler au pédiatre sans tarder, parce qu'il peut
s'agir d'un reflux gastro-Ïsophagien. En principe,
le muscle situé à la jonction de l'sophage
et de l'estomac empêche le contenu de ce dernier
de refluer vers le haut. Mais là, immature et
trop faible, il fonctionne mal, et un reflux de lait
de l'estomac vers l'sophage se produit. Cela peut
à la longue provoquer une inflammation et une
irritation locales (oesophagite) dues aux remontées
de sucs acides - d'où les souffrances -, et également
empêcher le bébé de grossir normalement.
Environ un enfant sur cinq serait touché
par ce trouble digestif jusqu'à 1 an (après,
il devrait disparaître). Pour le supprimer, un
lait antrégurgitations contenant un épaississant
peut être prescrit. Souvent, ce changement améliore
la situation. Sinon, le médecin conseillera éventuellement
en plus un gel pour protéger la muqueuse de l'sophage,
ou un sirop formant une sorte de bannière sur
le contenu de l'estomac. Si les symptômes persistent,
d'autres causes sont évoquées, par exemple
une allergie aux protéines de lait de vache,
assez fréquente et justifiant l'emploi d'un lait
anallergique.
Lorsqu'on allaite son bébé,
il n'est pas obligatoire, heureusement, d'arrêter.
Selon les cas, le médecin préconise un
gel calmant les douleurs, un gélifiant à
donner avant et après la tétée,
voire un médicament agissant sur la motricité
de l'estomac pour mieux le " vidanger ".
Il semble avoir mal quand il pleure
S'il a apparemment mal quand il tète,
regardez dans sa bouche... Il est possible que votre
bébé ait un muguet buccal. Cette mycose
est due au Candida albicans, un champignon vivant normalement
dans le tube digestif. Mais, à l'occasion d'une
baisse des défenses immunitaires, ou d'un déséquilibre
de la flore digestive suite à un traitement antibiotique,
il prolifère et envahit la bouche. Signes caractéristiques
: la langue, d'abord très rouge, ainsi que la
face interne des joues, se couvrent de plaques blanchâtres
(à ne pas confondre avec des dépôts
de lait qui, eux, s'enlèvent facilement). Le
muguet gêne la succion, peut la rendre douloureuse
ou faire perdre du poids au tout-petit. Le médecin
prescrit un antibiotique sous forme de solution ou de
gel à appliquer sur les lésions. Ce soin
est efficace, à condition de le poursuivre une
dizaine de jours et de procéder parallèlement
au traitement antifongique des tétines avant
de les stériliser (ou de traiter les mamelons
en cas d'allaitement).
Faute de quoi, Bébé va
se re contaminer... Il arrive quelquefois que la mycose
s'étende au tube digestif (vomissements, selles
molles ou diarrhées, irritation des fesses...).
Un traitement par voie générale doit alors
être effectué.
Grande prématurité
: les relations enfant-parents-équipe
Naître, a priori,
n'est pas un traumatisme. C'est une étape de
la vie humaine. En revanche, ce qui peut faire traumatisme,
ce sont les conditions dans lesquelles se déroule
la naissance et la façon dont elle peut faire
résonance dans l'histoire du sujet et de sa famille.
La naissance d'un prématuré peut être
traumatisante mais ne s'inscrira comme traumatisme,
au sens freudien, qu'en fonction de la place qu'elle
prendra pour chacun, en particulier pour la mère.
La relation enfant-parents-équipe forme un tout
indémaillable en cas de grande prématurité.
En ce sens, I'effort fourni par les équipes médicales
dans l'accompagnement de l'enfant et de ses parents
est d'une importance capitale pour le pronostic à
court et à long terme.
Après la séparation de
la naissance, les mères se présentent
souvent émues, parfois dans le rejet, la peur,
la fuite... D'autres se battent pour voir et s'occuper
de leur enfant, taraudées par cette force déclenchée
par le bébé que Winnicott a appelé
"préoccupation maternelle primaire",
sorte de folie obsessionnelle dont souffrent les mères
après la naissance de leur enfant.
UN BABY-BLUES DECALE
Lorsqu'il n'y a pas de séparation,
cette "folie " s'accompagne généralement
de la survenue du baby-blues, état dépressif
transitoire apparaissant le plus souvent vers le troisième
jour. Chez les mères de prématurés
le baby-blues est décalé, remplacé
par un sentiment de tristesse réactionnelle à
la situation. Il surviendra cependant dans les trois
jours suivant le retour de leur enfant à la maison.
Les mères adoptives déclenchent également
un baby-blues quelques jours après la remise
de l'enfant. Ces arguments nous permettent d'affirmer
que le baby-blues est déclenché par la
présence de l'enfant et la place qu'il vient
prendre dans l'inconscient maternel, ceci dans le contrecoup
de la rencontre.
En maternité, il est possible
de restaurer leur narcissisme en les poussant à
aller voir leur enfant au plus vite, en leur expliquant
que le bébé est en attente de cette visite,
car à cette heure il devrait être encore
sous "perfusion ombilicale" de la mère,
24 heures sur 24 !
Personne ne peut les remplacer auprès
de leur bébé : faire connaissance avec
lui en décodant peu à peu son expression,
en le touchant délicatement.
Ses facultés de concentration
sont très faibles certes, mais, même lorsqu'il
dort, il perçoit la présence de sa mère.
Découvrir ce bébé peu gratifiant,
apprendre à entrer en relation avec lui se fait
au rythme de chacune. On peut proposer de donner à
la mère une photo du bébé prise
à sa naissance.
La mère peut laisser dans la
couveuse un tissu imprégné de l'odeur
de son corps qui rassurera le bébé pendant
son absence. Enfin, il faudra dire à l'enfant
son nom, son prénom, ceux de ses éventuels
frères et surs, la raison de la séparation,
des soins et ce qui est souhaité pour lui. Lui
dire qu'il n'est pas abandonné, mais confié
à une équipe médicale jusqu'au
moment où il sera en état de rentrer à
la maison. En constatant l'effet de ces démarches
sur l'enfant, et ainsi intronisées dans leur
fonction maternelle, la plupart d'entre elles émergent.
Ces mères sont suspendues par
un traumatisme sans nom, cet innommable que l'on retrouve
parfois dans la difficulté de donner un prénom
à l'enfant au début, laissant sur la couveuse
un inhumain numéro.
LE RISQUE EST L'OBJECTIVATION DE L'ENFANT
La première visite à
l'enfant peut être très décevante
si la mère n'a pas été préparée
ou accompagnée. Le fameux bébé
imaginaire est confronté à une réalité
difficilement articulable. Ce fantasme auquel elles
restent accrochées peut venir annuler la naissance
et provoquer un sentiment d'irréalité.
Le risque est l'objectivation de l'enfant, si souvent
rencontrée dans certains services.
Certaines mères, jugeant l'équipe
seule compétente, peuvent aller jusqu'à
suspendre les visites. D'autres déclencheront
leur agressivité en jugeant l'équipe maltraitante,
attitude à interpréter comme une tentative
désespérée de certaines pour se
reconnaître bonnes mères en pointant le
"mauvais Autre ", celui qui ne respecte pas
leur bébé. Au cours de cette séparation,
I'équipe, dont la fonction soutenante est essentielle,
doit autoriser la mère à passer par des
remaniements psychiques importants qui lui permettront
de se construire, avec l'aide de son enfant, un instinct
maternel parfois absent au rendez-vous.
Ces femmes sont prématurément
mères, elles n'ont pas traversé les étapes
psychologiques de la fin de la grossesse qui leur auraient
permis d'être prêtes à affronter
la préoccupation maternelle primaire face à
un bébé en demande et en besoin. Dans
un service de néonatologie, ces étapes
sont "grillées" et, de plus, ces mères
n'ont pas leur enfant avec elles; c'est alors à
l'équipe de faire le relais : sauver les enfants
et permettre aux mères de le devenir.
Les paroles médicales y ont
une importance considérable, elles donnent un
pronostic, souvent assez flou, qui permettra toutefois
aux parents de garder l'espoir, de maintenir la force
de vie à l'uvre pendant la grossesse. Elles
leur permettront de garder les yeux dirigés vers
l'avenir, sans totalement se décourager au cours
des moments plus difficiles qui surviennent inévitablement,
afin de maintenir un portage symbolique de l'enfant
par leur désir. Parfois ce ne sera pas possible.
Alors l'équipe devra, sans juger et sans a priori,
soigner et prendre en charge l'enfant pendant les périodes
où ses parents n'y parviennent plus, laissant
vacante la place qu'ils reprendront lorsqu'ils le pourront.
Au bout de l'aventure, certaines mères éprouveront
de la difficulté à récupérer
leur enfant, à se passer de la technique.
L'équipe devra aborder cette
situation comme un sevrage en prenant son temps, en
accompagnant; il s'agit d'écouter afin de permettre
d'affronter l'arrivée du baby-blues. Lorsque
la vie ftale est interrompue, le bébé,
qui devrait encore être un ftus, se trouve
bien mal adapté à la vie aérienne.
Il lui faudra bien sûr une assistance adaptée
et les services sont de plus en plus performants dans
ce domaine. Mais il lui faudra également une
vie relationnelle, afin de pouvoir habiter son corps
dans le regard des autres, se vivre comme sujet acteur
de sa propre vie, en communication avec l'autre dont
il a besoin pour survivre.
UN MATERIEL MIEUX ADAPTE À LA
SENSORIALITE DU BEBE
.Françoise Dolto disait que
parmi les psychotiques adultes rencontrés dans
les hôpitaux psychiatriques, un certain nombre
étaient d'anciens prématurés pour
lesquels l'isolement sensoriel et relationnel où
les avaient contraints les couveuses, avait déclenché
une psychose expérimentale. Depuis, le matériel
s'est adapté et respecte mieux les besoins psychiques
du bébé ainsi que sa sensorialité
spécifique. Pendant son sommeil, le bébé
multiplie ses connexions neuronales; en service de néonatologie
ses cycles sont sans cesse perturbés, il est
souvent en dehors du rythme jour-nuit qu'il avait dans
le ventre de sa mère, la lumière est quasi
permanente et trop intense. Quel prix paye-t-il son
traitement ?
L'existence d'un " holding"
adapté, mais aussi la reconnaissance qu'un bébé
ne peut exister sans l'autre, que ce soit la mère,
le père ou les membres de l'équipe, lui
permettront de grandir dans un contenant physique et
psychique. Il sera pris dans de multiples réseaux
humains au travers desquels il existera avec plus ou
moins de succès en fonction des forces de vie
qu'il y puisera et de sa personnalité. La réussite
de la communication entre lui et les autres lui permettra
ou non de fonctionner en tant que sujet et non comme
objet risquant alors l'effondrement.
Il est aujourd'hui admis, voire galvaudé,
qu'il faut parler aux bébés. Dans le cas
des grands prématurés, encore faut-il
se demander qui doit lui parler, de quoi lui parler,
quand et comment. Ce qui a pouvoir sur le bébé,
c'est la parole vraie, celle dite au bon moment par
la bonne personne et qui prend place dans son histoire.
Comme l'hospitalisation du bébé n'a pas
le même sens et ne sera- pas vécue de la
même façon par chaque famille, ce qui est
à lui dire varie. Les parents, s'ils y parviennent
doivent lui parler, sinon un membre de l'équipe
peut le faire, lui dire ce qui lui arrive, pourquoi
il est là, qui il est, son prénom, son
nom, sa famille. Il s'agit de reconstituer délibérément
en mots le bain de langage dans lequel il aurait dû
être plongé. Il faut lui dire la raison
des soins, lui raconter également la grossesse,
ce qui l'a précédée, en bref, son
histoire. Ces bébés s'accrochent aux mots,
au regard, y puisent l'énergie dont ils ont besoin.
Il faut leur laisser le temps de répondre sans
leur déverser un flot de paroles comme un magnétophone.
Il faut donner sens à ces paroles, les incarner
et les transmettre à l'enfant sur le mode de
ce que Trowarthen a appelé la " protoconversation
",
c'est-à-dire lui permettre de
participer à la conversation en tenant compte
de ses réactions.
C'EST LE PÈRE QUI AIDE LA MÈRE
À TROUVER SA JUSTE PLACE
La mère présente le père
à l'enfant lors d'une naissance à terme.
En cas de grande prématurité, c'est le
père qui présente l'enfant à la
mère, lors de la première visite autorisée
pour elle. Celle-ci a souvent le sentiment qu'on lui
a volé son accouchement. Parfois une première
rencontre entre la mère et le bébé
a lieu à la naissance, mais elle est rapide,
furtive, toujours frustrante. Le père fera le
lien. Il se trouve placé, et souvent malgré
lui, en position maternante. Il arrive qu'il soit le
seul à maintenir le lien à l'enfant, la
mère, en raison de son histoire, s'excluant elle-même
sous couvert de culpabilité prenant forme de
rejet. Il n'en sera pas à l'aise pour autant.
L'idéal, c'est que le père soutienne la
mère pour qu'elle puisse soutenir l'enfant. Il
ne faut pas forcer les pères à changer
les couches et donner des biberons. Un bon père
n'est pas forcément celui qui mime la mère,
mais celui qui aide la mère à trouver
sa juste place auprès de leur enfant. C'est parfois
très difficile lorsque la séparation résonne
dans l'histoire de l'un ou de l'autre, I'empêchant
de venir prendre sa place. Il faudra alors avoir recours
à l'aide du psychologue. Ceci pose la question
de savoir si le psychologue du service doit voir systématiquement
ou non tous les parents. En dehors des difficultés
pratiques, certains parents ne le souhaitent pas. Au
psychologue alors de travailler avec l'équipe
comme médiatrice de la parole.
Les grands prématurés
traînent parfois avec eux l'étiquette "
préma " toute leur vie. Cela concerne surtout
ceux qui ont témoigné de leur fragilité
par des complications. Ceux pour lesquels tout s'est
passé pour le mieux semblent l'éviter.
Une raison de plus pour que les professionnels poursuivent
leur effort dans la limitation du traumatisme par une
prise en charge de plus en plus éclairée.
L'alimentation artificielle
des bébés au Moyen Age
Bien que tous, lettrés,
clercs d'Eglise, médecins, parents, s'accordent
au Moyen Age à préférer l'allaitement
maternel à celui d'une nourrice et à estimer
que l'alimentation artificielle ne peut au mieux que
constituer un pis-aller, les familles sont souvent obligées
d'avoir recours au biberon ou aux bouillies : le décès
de la mère à la suite d'une fièvre
puerpérale, le tarissement de son lait, une mauvaise
conformation des mamelons, exigent en attendant de trouver
une nourrice que l'on ait recours à des substituts
d'allaitement.
Des croyances non fondées partagées
par tous les milieux sociaux incitaient également
à ne pas allaiter les deux ou trois premiers
jours de la vie et pendant la grossesse, car le colostrum
comme le lait d'une femme enceinte étaient jugés
l'un nocif, I'autre indigeste ; en outre, en cas de
naissance gémellaire ou multiple, il était
déconseillé d'allaiter plus d'un enfant
à la fois; dans tous ces cas de figure, les bébés
étaient nourris à l'aide des équivalents
médiévaux du biberon : le cornet, une
corne de vache percée, remplie grâce à
une "chevrette"; cette dernière est
un petit vase à goulot tubulaire plus ou moins
long qui fait également fonction de biberon pour
les enfants assez âgés pour savoir tenir
cet objet et téter par eux-mêmes. Ce biberon
à goulot peut être en terre cuite, en étain
ou en verre : un traité de gynécologie
du XIIIe siècle composé en France du Sud,
Les Infortunes de Dinah , précise qu'on fera
boire1'enfant sevré "dans un récipient
de verre en forme de téton que l'on appelle nad",
terme hébreu que le traducteur transcrit par
gourde, mais qui est peut-être une sorte de biberon.
Le recours au biberon ou à la
bouillie, qu'on appelle alors "papa", "papet",
ou "papin(e)", s'impose enfin dès que
la poussée dentaire décourage l'allaitement
au sein, ou tout simplement lorsque le bébé
pleure trop : le Livre des Simples médecines,
composé à Salerne à partir du Xlle
siècle, explique que les femmes du lieu endorment
leurs enfants à l'aide de semences de pavot blanc
mélangées avec leur propre lait qu'elles
font couler, sans doute en se pressant le sein, directement
dans l'ouverture sommitale arrondie du biberon à
bec tubulaire que sucera l'enfant. Un biberon est également
nécessaire pour donner au bébé
de l'eau de source et du jus de fruit : une petite princesse
du XVe siècle, Marguerite de Bourgogne, reçoit
ainsi à l'âge de 4 mois de "l'eau
de mûre franche". En revanche, pas de vin
dans le biberon du bébé ! Au XIIIe siècle,
le pédagogue Gilles de Rome l'interdit avant
l'âge du sevrage; à la même date,
le médecin des Infortunes de Dinah l'autorise
aux enfants sevrés. D'autres le préconisent,
simplement coupé d'eau.
Sauf dans le cas de la prise d'un remède
composé à base de lait de femme, c'est
de lait animal, et notamment de lait de chèvre,
que l'on remplit corne à allaiter ou chevrette;
de là vient sans doute cette appellation donnée
aux vases à goulot tubulaire. En effet, tous
les auteurs de régimes de santé prescrivent
l'allaitement au lait de chèvre, jugé
plus digeste que tout autre; encore au XVIe siècle,
Montaigne lui-même, meilleur père de famille
qu'on ne croit, le recommande dans ses Essais (II, 26-27).
Sophistication extrême (et exceptionnelle), on
voit affirmer, au XIVe siècle, que le lait des
chèvres ou brebis qui auront brouté des
violettes fera "grand profit" aux enfants
"qui en mangeront les papins" : sans doute
en sort-il parfumé ! Mais il n'y a pas d'élevage
de chèvres en toutes régions. On fait
donc également appel au lait de brebis et, en
milieu nobiliaire, au "lait d'ânesse boully",
ainsi que le mentionne, au XVe siècle, un régime
de santé destiné aux enfants de la cour
de Bourgogne. En revanche, lorsque l'enfant n'est plus
un nouveau-né, c'est du lait de vache qui lui
est donné.
La composition des bouillies nous est
connue par une source inattendue : les écrits
des clercs d'Eglise, prédicateurs ou moines cloîtrés.
Depuis le Ve siècle, ils comparent les laïcs
à des veaux tétant le lait de l'Eglise;
comme en latin "nourrir" signifiait à
la fois alimenter et éduquer, ils se plaisent
aussi à comparer l'enseignement catéchistique
à des recettes de bouillie. Sans ces métaphores,
nous ne saurions rien de la composition exacte de l'alimentation
artificielle des bébés médiévaux.
Ainsi, au XIIe siècle, I'abbé Adam de
Perseigne explique-t-il que Dieu avait voulu que "sa
personne, en sa forme divine, aliment solide des anges,
s'abaissât et s'abrégeât par son
incarnation jusqu'à se faire la bouillie des
petits enfants !" 6; comment ? En émiettant
"le Verbe du Père, pain de vie [...] dans
le lait de la chair" de l'Enfant Jésus.
De même, Jacques de Vitry (1165-1240) rappelle
que "la Sainte Ecriture est un aliment et une boisson"
et, citant le Livre des Rois où Jessé
dit à son fils David de prendre de la farine
d'orge, des pains et des fromages, explique que "la
farine d'orge avec laquelle on fait la bouillie pour
les petits enfants figure la doctrine simple"
Guibert de Nogent affirme, au XIe siècle,
que le prédicateur devra écraser son éloquence
sous la meule du commentaire (pour en faire de la farine)
avant de conclure en disant que "si l'on nourrit
les petits enfants de lait, en revanche, pour les plus
âgés, on mêle au lait des croûtes
de pain écrasées" 8. Raymond Lulle,
auteur d'une Doctrine d'Enfant, explique dans Evasl
et Blaquerne que le "papa" est composé
soit "de farine et de lait", soit "de
gâteau et de lait", et qu'on donne aux enfants
des "soupes de pain trempé dans le lait
ou dans l'huile"; le traité de gynécologie
juif du Xllle siècle préconise qu"'au
début [juste après le sevrage], on lui
donnera du pain trempé d'eau ou de miel ou de
lait, ou encore de la farine cuite". Au XIVe siècle,
le Régime de santé d'Aldebrandin de Sienne
9 conseille de donner à 1'enfant encore édenté
du pain que la nourrice ait préalablement mâché
et par conséquent imbibé de sa salive,
ou "papins de mie de pain et de miel et de lait".
Ainsi la bouillie est épaissie à la mie
de pain plutôt qu'à la farine, jugée
moins digeste.
De quel pain épaississait-on
la bouillie ? On le sait pour la Provence médiévale,
du meilleur : les protocoles de notaires et les contrats
d'engagement des nourrices précisent que l'on
devait donner aux enfants du lait de chèvre et
du pain blanc. De quelle farine se servait-on ? De farine
d'orge. disent Jacques de Vitry et le roman du Chevalier
au cygne : mais aussi d"'une manière de
grux (gruau) bien clair, à mode de potage, qui
est fait de grux d'avoyne et de pain"
C'est très tôt, si l'on
en croit les images médiévales, que les
mères complètent l'allaitement au sein
par des bouillies : c'est qu'elles souhaitent, telles,
au XIIIe siècle, les paysannes de la Dombes dont
nous parle le prédicateur dominicain Etienne
de Bourbon, avoir des enfants "gros et gras"
, la surcharge pondérale étant pour elles
synonyme de bonne santé. Sans doute même
les gavent-elles : à la même période,
Ie pédagogue catalan Raymond Lulle accuse les
femmes de faire manger de force de la bouillie aux enfants
de moins d'un an, alors, dit-il dans son livre Evast
et Blaquerne qu'ils n'ont mie tant fort digestive [.
. . ] que ils puissent cuire viandes ni le papa...".
On trouve à l'inventaire de l'hôpital d'Hesdin,
où venaient accoucher les pauvres femmes, mention
de poêlons à bouillie "pour faire
papins pour les petits enfants", ce qui semble
confirmer la donnée de bouillies dès les
premiers jours de la vie.
Du reste, dans le Roman de la Rose,
on voit (aux vers 10116 et suivants) que Pauvreté
allaite Larcin "de son lait et sans autre bouillie",
ce qui laisse entendre que si l'on en a les moyens,
on nourrit de bouillie les bébés. Aux
bouillies s'ajoutaient enfin d'autres nourritures, telles
les pommes cuites qu'il faut donner au nourrisson pour
qu'adulte il soit, ainsi que nous 1' affirment avec
humour les Evangiles des Quenouilles, au XVe siècle,
un homme courtois et frugal.
C'est encore grâce au goût
d'un homme d'Eglise pour la métaphore alimentaire,
en l'occurrence l'évêque de Paris Guillaume
d'Auvergne (1228-1249) que l'on connaît les recettes
du sevrage, qui intervient entre deux et trois ans,
parfois un peu plus. La technique en était plutôt
traumatisante pour l'enfant dont la nourrice s'enduisait
le sein de matières aux saveurs répulsives
: "cirus, fuligo, absinthium, sinapis, c'est-à-dire
de la suie, de la moutarde, de l'absinthe amère
et même... du cérumen. Les prédicateurs
n'hésitent pas à comparer cette amertume
des produits de sevrage à la saveur exécrable
de l'Enfer pour le fidèle soumis à l'objet
d'une tentation... image évocatrice ! Le sevrage
est donc une épreuve, mais une épreuve
nécessaire qui se déroule en moyenne,
on le sait pour la Provence médiévale
du XIIIe siècle, entre dix-huit mois et deux
ans, pour la Toscane bas-médiévale vers
18 ou 19 mois 16, même si les textes évoquent
le cas d'enfants encore nourris au sein à 24
ou 30 mois.
Quel que soit le mode d'alimentation
choisi, il répond à un souci de voir survivre
les enfants. On ignore si les mères ou les nourrices
se lavaient les seins avant d'allaiter, mais on sait
que, dans les milieux aisés du moins, on prenait
soin de faire bouillir l'eau et le lait dont les petits
enfants étaient alimentés, précision
fournie dans le régime de santé pour les
enfants de la cour de Bourgogne; même un jeu théâtral
vu par tous les habitants des cités, comme le
Mystère de la Passion, d'Arnoul Gréban,
au XVe siècle, le mentionne à propos de
l'Enfant Jésus nouveau-né : "J'ai
apporté du lait aussi, que je vais bouillir sans
tarder pour lui faire un peu à manger..."
: ceux qui n'avaient pas la chance de disposer d'un
médecin particulier comme les grands nobles pouvaient
ainsi apprendre, par la bande, les règles élémentaires
de l'hygiène infantile.
On sait aussi qu'on prenait soin de
nettoyer les ustensiles destinés à l'alimentation
infantile et que le matériau de leur vaisselle
n'était pas choisi au hasard : un compte daté
de 1281 précise que la poêle à cuire
la bouillie, les écuelles et les petites cuillers
destinées à nourrir un bébé,
sont en argent "pour être plus nettement
[proprement] et à couvert". L'alimentation
artificielle n'était donc pas pratiquée
sans précautions.
*GPSR : Groupement
des Pédiatres Strasbourgeois exerçant la Réanimation
Unité de Néo-Natalogie - Clinique Sainte Anne