Au cas où l'allaitement
direct ne marche pas, comment tirer son lait et les
règles d'hygiène
Concernant l'allaitement,
on rappelle que l'allaitement direct au sein
doit être privilégié.
En cas d'impossibilité d'allaitement
direct, 2 méthodes de recueil du lait maternel
sont possibles:
l'expression manuelle, ou le tire-lait
manuel ou électrique (chaque marque propose
des tire-lait avec biberons adaptés).
Avant
toute manipulation, un lavage soigneux des mains est
indispensable. Outre cette étape indispensable,
une douche quotidienne avec lavage des seins et des
mamelons est recommandée.
Si le volume souhaité de
lait est recueilli en une seule fois, le lait recueilli
est versé dans le biberon de conservation, qui
est alors fermé soigneusement (obturateur et
capuchon) et placé directement dans une enceinte
réfrigérée.
Si le volume souhaité de
lait n'est pas recueilli en une seule fois, le lait
recueilli est versé à chaque extraction
dans le biberon de recueil, puis refroidit, puis versé dans
le biberon de conservation.
Le biberon est bien fermé (obturateur
et capuchon) et placé dans un réfrigérateur
tant que le volume souhaité n'est pas atteint.
Quelques règles de
base pour bien réussir son allaitement
Plus le sein fabrique
du lait, plus il s'assouplit.
Pas de rapport entre le volume du sein et la quantité
de lait produite.
Le lait se fabrique au moment où l'enfant tête.
L'usage de téterelle apporte plus d'inconvénients
que d'avantages (il fait écran, il ne s'étire
pas dans la bouche et perturbe la mécanique de
succion, il masque l'odeur du sein, il n'empêche
pas les crevasses, il donne l'illusion à la mère
qu'elle n'a pas une anatomie conforme pour être
mère).
Ne pas hésiter à bien faire les massages
aréolaires : imiter avec les doigts ce que le
bébé fait habituellement avec sa langue
(soulage la congestion, récupère du lait
pour le conserver, permet d'activer directement aux flux
de lait, diminue la tension de l'aréole, meilleure
autonomie pour la mère).
Si le bébé augmente sa demande de lait,
l'adaptation se fait rapidement dans les 24-48 heures.
Un bébé qui tête au sein avale le
lait langue sortie= c'est une déglutition de type
bébé;
un bébé qui tête au biberon avale
le lait langue rentrée= c'est une déglutition
de type adulte.
La fréquence des tétées : les trois
premières semaines= à la demande. C'est
la période de rodage. Ensuite il peut y avoir
négociation des désirs. Après ces
3 semaines, on peut réduire, mais il ne faut pas
descendre en dessous de 5 tétées.
Il n'est pas conseillé de peser bébé
tous les jours avec une balance.
Les crevasses : il y en a deux types : les crevasses
douloureuses sans lésion apparente; les crevasses
douloureuses visibles
- les crevasses douloureuses sans lésion apparente
: c'est la déshydratation : l'épiderme
s'est considérablement aminci
- les crevasses avec lésions visibles : c'est
une plaie à étirement excessif de la peau,
elle est d'origine traumatique, c'est une déchirure
Avantages de l'allaitement
:
allergies : le lait maternel protège des allergies
respiratoires, alimentaires, de l'eczéma
Maturation cérébrale : le bébé
humain est caractérisé par un développement
rapide du cerveau; les enfants allaités répondent
mieux aux tests (test de mc carthy, test bayley),
effet bénéfique surtout chez les prématurés,
meilleure acuité visuelle
prévention de l'obésité
Sclérose en plaques : l'allaitement maternel
prolongé diminuerait le risque de développer
une SEP
diabète : diminution du risque de le développer
développement des mâchoires
moins de maladies diarrhéiques pour le bébé
moins d'affections respiratoires et orl
rapprochement de son bébé
avantages économiques
Médicaments et grossesse
: ne prenez aucun médicament sans avis médical,
mais la liste des produits autorisés est
moins drastique qu'il y a quelques années.
L'allaitement maternel repose
sur un apprentissage suivi
Les études scientifiques
démontrant les bienfaits de l'allaitement maternel
ne suffisent pas, en France à faire progresser
le taux d'allaitement maternel, qui reste l'un des plus
bas d'Europe.
Le manque de formation du personnel
de santé, le défaut d'information des
femmes sont les facteurs majeurs de cette abstention.
Les organisateurs de la Semaine mondiale
de l'allaitement maternel, qui se déroule du
4 au 10 octobre 99, ne se sont pas trompés en
choisissant l'éducation comme thème central
de cette campagne. Il y a en effet beaucoup à
faire pour améliorer l'information des femmes
sur cette technique ancestrale qui revient peu à
peu au goût du jour, si l'on en croit le choix
des mères qui ont un niveau d'études élevé,
baromètre de la mode.
Selon une étude réalisée
par l'INSERM sur le territoire français en 1995
- la dernière effectuée jusqu'à
aujourd’hui, l'allaitement au sein à la
sortie de la maternité était de 52 % en
1995, dont 10 % d'allaitement mixte. Les femmes de nationalité
étrangère sont beaucoup plus nombreuses
à allaiter que les Françaises. De manière
générale, l'allaitement est plus fréquent
chez les femmes qui ont un âge plus élevé,
un niveau d'études élevé ou une
profession qualifiée, mais aussi chez les femmes
non fumeuses pendant la grossesse et chez celles qui
ont suivi une préparation à l'accouchement.
En revanche, le déclenchement et l'accouchement
dans une maternité petite ou moyenne sont associés
à un faible niveau d'allaitement maternel.
Bien conseiller
« En maternité, il est
en effet plus facile d'utiliser des biberons que de
surveiller les mères qui allaitent »,explique
Monique Kaminski, I'un des auteurs de l'enquête.
Globalement, le taux d'allaitement maternel en France
métropolitaine demeure encore inférieur
à ceux observés dans les autres pays occidentaux,
les pays scandinaves en particulier. Les raisons de
ce retard (à condition que l'on considère
comme la norme la pratique de l'allaitement maternel)
sont multiples. Le Dr Claire Laurent, pédiatre
dans un centre de prévention maternelle et infantile
(PMI), évoque « le poids de l'industrie
agroalimentaire » qui serait beaucoup plus lourd
en France que chez ses voisins. L'omniprésence
du lait artificiel aurait donc raison de la volonté
de la population française. D'ailleurs, reconnaît
le Dr André Marchalot, directeur de la maternité
de Vire (Calvados), le lait artificiel fait l'objet
d'une formation initiale beaucoup plus développée
que celle qui est consacrée à l'allaitement.
« Or, il ne suffit pas de connaître la composition
du lait maternel. Il faut aussi savoir informer sur
l'ensemble des techniques de l'allaitement. »
Pour Monique Kaminski aussi, le fait d'« allaiter
au sein n'est pas quelque chose d'évident. En
plus, les femmes obtiennent souvent des conseils contradictoires
sur la mise en place de l'allaitement ».
Et pourtant, selon cette étude,
ces conseils sont primordiaux dans le choix ou la poursuite
de l'allaitement : les pratiques adoptées par
le personnel qui entoure la mère, depuis la sur
veillance prénatale jusqu'au moment de la naissance
et pendant le séjour en maternité, contribuent
à choisir et à réussir l'allaitement
au sein. « On parle trop souvent des avantages
de l'allaitement à la maternité, reprend
Claire Laurent. Mais la pratique et les inconvénients
ne sont pas suffisamment expliqués. » Crevasses,
engorgement, crainte de ne pas avoir assez de lait :
les difficultés de l'allaitement sont d'autant
moins insurmontables qu'elles sont passagères.
Le Dr Irène Loras-Duclaux, pédiatre
hospitalier à Lyon, met en avant « la carence
de formation du personnel de santé. Il est vrai
que l'allaitement était d'abord un savoir-faire
qui se transmettait de génération en génération
et qui ne relevait pas du domaine médical »,
ajoute-t-elle, en avouant qu'elle-même n'a su
bien allaiter qu'après le deuxième de
ses cinq enfants.
Dans sa maternité, André
Marchalot, devenu papa, a également voulu mettre
en place des formations sur l'allaitement pour le personnel
de santé. « Il faut être capable
de donner les bons conseils. Beaucoup de mères
ne savent pas par exemple, positionner le bébé
au sein ou cessent d'allaiter à cause d'une Iymphangite,
alors que, au contraire, il ne faut absolument pas arrêter.
En fait, le plus difficile, assure-t-il, c'est le démarrage;
après, ça va tout seul. »
L'allaitement maternel : protection
pour la mère et pour l'enfant
Outre l'intérêt
évident de l'allaitement maternel dans l'établissement
de la relation mère-enfant, l'allaitement au
sein protège l'enfant, non seulement contre les
infections gastro-intestinales et respiratoires (otites),
mais aussi contre les infections méningées.
Des études ont également montré
que le taux de décès par mort subite du
nourrisson était plus faible chez les enfants
allaités au sein. L'allaitement maternel pourrait
aussi protéger, à long terme, contre certaines
affections auto- immunes telles que la maladie cÏliaque,
la maladie de Crohn ou le diabète insulinodépendant;
allergies, asthme et eczéma semblent également
moins fréquents chez les enfants ayant été
nourris au sein.
Mais l'allaitement maternel est également
intéressant pour la mère. Les hormones
de la lactation protégeraient contre les cancers
de l'ovaire et du sein, et la lactation aurait également
un effet protecteur de l'anémie du post-partum
et du baby blues. Par ailleurs, des études ont
montré que les fractures du col du fémur
sont moins fréquentes chez les femmes qui ont
allaité que chez les autres; cet effet surprenant
serait lié à une dynamisation du métabolisme
phosphocalcique. Enfin, l'allaitement exclusif jour
et nuit est un moyen de contraception relativement efficace
(98 %), pendant les six premiers mois et en l'absence
de retour de couches (une contraception par pilule progestative
pure est cependant possible et conseillée, car
les progestatifs ne passent que peu ou pas dans le lait
et n'interfèrent pas).
L'allaitement maternel : protection
contre guardia intestinalis (parasite trouvé
même en France)
Giardia intestinalis
est un parasite intestinal très fréquent
à l’échelle planétaire, y
compris en France. Le tableau clinique est généralement
celui d’une diarrhée avec des risques de
déshydratation et de malabsorption. Deux facteurs
au moins semblent intervenir dans l’évolution
de la maladie : la virulence du parasite et la réponse
immune de l’hôte. Depuis longtemps, l’allaitement
est connu pour conférer une immunité double,
spécifique et aspécifique (IgA sécrétoires).
Aussi, ce mode d’alimentation est-il favorisé,
en particulier dans les pays en voie de développement,
où les pathogènes intestinaux sont endémiques.
Tellez et coll. ont réalisé
une étude prospective au Nicaragua pour savoir
si l’effet bénéfique de l’allaitement
sur la giardiase infantile était imputable à
l’immunité spécifique. Pendant deux
ans, 307 nouveau-nés ont été suivis.
Des échantillons de selles étaient recueillis
pour examen microbiologique, à dates fixes ainsi
qu’au moment des épisodes diarrhéiques.
Dans le lait maternel, les anticorps spécifiques
anti-Giardia étaient recherchés par IF
indirecte. Les résultats ont montré que
la prévalence des anticorps dans le lait était
de 15,6%, chiffre concordant avec la prévalence
locale du parasite. Ce dernier était retrouvé
chez 36% des enfants (n=111), parmi lesquels, 89% (n=99)
avaient une mère sans anticorps spécifiques
lactés. Vingt-quatre enfants avaient acquis la
parasitose avant l’âge de 6 mois, 23 d’entre
eux étaient nés de mères non porteuses
d’anticorps spécifiques dans leur lait
et ces mêmes petits patients avaient connu une
diarrhée plus sévère. L’analyse
statistique par groupe d’âge a retrouvé
une différence significative en terme de survie
en faveur des enfants nés de mères porteuses
d’anticorps anti-Giardia dans leur lait par rapport
aux autres (p=0,036). Les mamans porteuses de ces anticorps spécifiques
peuvent ainsi donc mieux protéger leurs bébés,
le mécanisme précis restant à explorer.
Voici des arguments supplémentaires, dont la
Lech League s’emparerait volontiers. Les facteurs
psycho-sociaux de l’allaitement mis à part,
la balance scientifique penche donc elle aussi du côté
de l’allaitement, à fortiori dans les pays
défavorisés.
l'allaitement maternel prolongé
a un effet protecteur contre l'atopie (septembre 99)
Préconiser un
allongement de l'allaitement maternel jusqu'à
quatre mois d'âge au minimum peut permettre de
protéger l'enfant contre un risque d'atopie ou
d'asthme. Telle est l'une des conclusions de l'étude
prospective de cohorte menée par une équipe
australienne.
On observe, à l'âge de
six ans, une réduction significative de l'incidence
de l'asthme, et un retard à l'installation de
cette pathologie, à la condition d'un allaitement
exclusif au sein pendant les quatre premiers mois de
la vie au minimum. L'introduction de lait d'autre origine
que maternelle avant ce délai représente
un facteur de risque fortement significatif (p <
0,001) pour toutes les manifestations asthmatiques ou
liées à l'asthme : l'asthme diagnostiqué
en milieu médical (OR 1,25), des sifflements
respiratoires plus de deux fois par an au-delà
de un an d'âge (OR 1,41), un sifflement dans l'année
précédente (OR 1,31), des troubles du
sommeil liés aux sifflements (OR 1,42), l'âge
au premier sifflement (OR 1,36) et un prick test positif
à au moins un aéroallergène (OR1,3).
W. Oddy et coll. ont réalisé
une étude prospective de cohorte pour répondre
à un ensemble de questions que soulèvent
les résultats contradictoires des études
menées sur les relations allaitement maternel-maladie
atopique.
Ils ont utilisé les sujets inclus
dans une étude prospective de cohorte mise en
place initialement pour un suivi néonatal. Ce
qui a permis d'inclure 2 187 enfants dès la période
anténatale (18 semaines de gestation) et de les
suivre jusqu'à l'âge de six ans.
Les parents ont été invités
à remplir un questionnaire au moment de l'enrôlement,
à un an d'âge et peu avant l'anniversaire
des six ans. Une évaluation clinique a eu lieu
à la fin de la première année.
Les auteurs ont évalué l'association entre
l'allaitement exclusif au sein et l'apparition de pathologies
liées à l'asthme ou à l'atopie,
après ajustement pour les variables confondantes.
Quatre mois
La durée de l'allaitement exclusif
est déterminante, alors que celle de l'allaitement
partiel ne l'est pas. L'âge auquel un autre lait
a été introduit est la variable d'exposition
clé, avec un point d'inflexion à quatre
mois d'âge. L'effet protecteur mis en évidence
dans ce travail peut s'exercer par plusieurs mécanismes,
estiment les auteurs. D'abord par l'éviction
de certains allergènes contenus dans les laits
autres que maternels; ensuite par les composants anti-inflammatoires,
nutritionnels et autres présents dans le lait
humain. « Tout comme d'autres auteurs, nous avons
montré que c'est l'âge auquel sont introduits
les autres laits, plus que la durée de l'allaitement
au sein, qui est associé le plus étroitement
à l'asthme ou à l'atopie à six
ans », écrivent Oddy et coll.
Cela plaide en faveur d'un mécanisme
«d'exclusion » (exclusion d'un facteur favorisant
ou déclenchant avant que le système immunitaire
soit prêt). Mais, comme les deux variables sont
fortement liées, on ne peut définitivement
rejeter l'éventualité que ce soit l'allaitement
maternel qui importe en premier lieu. Quoi qu'il en
soit, ces données sont à retenir et à
approfondir, la prévalence de l'asthwe de l'enfant
étant en augmentation dans les pays industrialisés.
Les facteurs de susceptibilité
Il a été établi qu'un certain
nombre de facteurs s'ils surviennent tôt dans
la vie, peuvent accroître la susceptibilité
de l'enfant à l'asthme. Outre l'arrêt précoce
de l'allaitement au sein, on compte parmi ces facteurs
: le sexe mâle, un petit poids de naissance, un
accouchement prématuré, un jeune âge
maternel ainsi que le tabagisme maternel. Les allergènes
de l'environnement, comme les acariens, certaines plantes
et pollens, peuvent de surcroît être cause
de sensibilisation. A l'inverse, une exposition précoce
à des infections respiratoires peut constituer
un facteur protecteur.
Il ne faut pas croire que
: Mes seins sont trop petits et je ne produis donc pas
assez de lait pour mon bébé !
Un sein est constitué
du même nombre d'unités sécrétoires
(environ quinze), quel que soit son volume. La taille
des seins ne dépend que de l'épaisseur
du panicule adipeux constituant le reste du sein. Toutes
les femmes ont donc pratiquement la même capacité
de production de lait.
Il ne faut pas croire que
: Il ne faut donner qu'un seul sein par tétée
afin de réserver l'autre à la tétée
suivante.
Le lait est produit
instantanément par les deux seins, tout au long
de la tétée; le sein n'est pas un réservoir
! Il faut au contraire que l'enfant tète les
deux seins afin de stimuler au maximum la lactation
et d'assurer une bonne galactogenèse. L'enfant
doit téter jusqu'à ce qu'il lâche
le sein, puis on doit lui proposer l'autre sein avant
de le coucher. Cela est capital au début, car
les tétées fréquentes des deux
seins assurent la synthèse d'un grand nombre
de récepteurs de la prolactine dans les membranes
des cellules glandulaires.
Il ne faut pas croire que
: Quand un nourrisson tète mal, on peut l'aider
en pressant l'aréole entre deux doigts, pour
faire couler le lait
Cette attitude fréquente
ne fait qu'empêcher l'écoulement du lait,
en bloquant les sinus. Tout au plus peut-on parfois
aplatir un peu le sein si le nouveau-né a une
petite bouche (pour qu'il ait bien tout le mamelon en
bouche).
Il ne faut pas croire que
l'allaitement est une activité innée,
et la mère et l'enfant trouveront spontanément
comment faire.
L'allaitement est un
geste culturel "appris" par la fillette en
observant les femmes qui l'entourent en train d'allaiter.
Dans nos sociétés, où la culture
du biberon est dominante et l'allaitement un acte "caché",
les jeunes mères n'ont pratiquement jamais vu
une mère allaiter. Il est donc essentiel de savoir
les conseiller. IL faut notamment apporter un soin tout
particulier à la position de la mère et
de l'enfant lors de l'allaitement.
La prise du sein : l'enfant doit avoir
la bouche grande ouverte
(pour l'aider, il suffit de placer le mamelon en dessous
du milieu de sa lèvre inférieure, et le
nourrisson ouvre alors la bouche). La langue en bas,
le bébé doit prendre la plus grande partie
de l'aréole.
La position de la mère et de
l'enfant : la mère doit être assise, un
peu en arrière, les pieds surélevés;
un oreiller placé sous son bras lui permettra
de maintenir facilement son bébé dans
la bonne position. IL est préférable que
le bébé soit nu, allongé contre
le ventre également nu de sa mère. Il
faut que la mère serre le bébé
bras écartés contre elle, pour éviter
qu'il ne pousse avec ses mains et ne s'écarte
d'elle, risquant ainsi de mal prendre le mamelon, avec,
à terme, constitution de crevasses.
Il ne faut pas croire que
l'allaitement fatigue la mère.
Ce n'est pas l'allaitement
mais l'accouchement puis l'ensemble des soins et le
manque de sommeil qui fatiguent la mère. Il est
sûrement plus fatiguant de préparer un
biberon à 2 heures du matin que de mettre l'enfant
au sein. Des études ont également montré
qu'une mère allaitante dormait mieux qu'une mère
non allaitante. Cet effet est certainement lié
à la production d'endorphine et d'ocytocine,
deux hormones sécrétées au cours
de la lactation et qui ont pour effet d'augmenter la
durée du sommeil paradoxal.
Il ne faut pas croire qu’à
la naissance, il faut prendre l'enfant pour le laver
avant de le donner à sa mère.
Dès la naissance,
le bébé est plus ou moins éveillé,
mais c'est tout de suite qu'il faut le mettre au sein.
Par ailleurs, l'odeur du savon peut perturber ses capacités
d'apprentissage, car c'est l'olfaction qui guide l'enfant
dans la tétée. Il suffit donc d'essuyer
l'enfant avant de le mettre rapidement au sein, tout
contre sa mère, recouvert d'un linge chaud et
sec.
Il ne faut pas croire qu'à
la naissance, il est préférable d'habiller
le bébé pour éviter qu'il n'ait
froid.
Le ventre de la mère
est la meilleure couveuse pour l'enfant; sa température
suffit à éviter tout risque d'hypothermie.
Ce contact prolongé avec la peau de la mère
(pas seulement le temps de la photo) est un élément
important du premier lien mère-enfant. Des études
ont montré que l'absence de ce premier contact
était corrélée à un risque
accru d'échec de l'allaitement. Ce contact représente
enfin la meilleure prévention contre les infections
nosocomiales : la colonisation bactérienne de
la peau du nouveau-né se fait ainsi par les germes
de la mère et non par les germes de la maternité
!
Le sevrage est une période très
importante pour le nourrisson dans la perspective de
sa santé et de sa nutrition, ainsi que pour son
développement psychologique. IL commence par
l'introduction d'aliments en plus du lait maternel et
se poursuit jusqu'à la fin de l'allaitement,
moment où l'enfant est complètement intégré
dans le régime familial.
A l'âge de 6 mois on peut introduire
une nourriture semi-solide, puis solide, pendant un
allaitement maternel soutenu. Une bouillie préparée
à base de céréales constitue une
bonne base d'aliments. Elle apporte de l'énergie
dont le rendement peut être augmenté en
ajoutant un peu d'huile.
Les céréales apportent
seulement une petite quantité de protides qu'il
faut compléter avec des aliments d'origine animale
ou végétale. Si le lait est la principale
source de calcium, cette nourriture de sevrage doit
être complétée par un apport en
micro-éléments (vitamines, en particulier
la vitamine A) et en minéraux, notamment le fer.
Le risque infectieux dans les
régions tropicales : Le lait maternel
est le seul aliment qui contient tous les nutriments
dont a besoin le nourrisson. Le type de lait de substitution
au lait maternel prend donc toute son importance compte
tenu du risque infectieux dans les régions tropicales.
« Dans les pays à mortalité infantile
élevée, la consommation de lait artificiel
multiplie par quatorze le risque de décès
par diarrhée et par quatre celui de décès
par pneumonie chez les enfants », a indiqué
le Pr Christophe Dupont(pédiatre, hôpital
Saint-Vincent-de-Paul). Dans les pays à mortalité
infantile basse, le lait artificiel est associé
à un risque cinq fois plus élevé
d'hospitalisation.
Diarrhées : Le
Pr M. Touhami (Oran, Algérie) a rapporté
les résultats d'une étude sur 206 nourrissons
(âge à l'inclusion : 21 jours), menée
dans un quartier relativement favorisé d'Oran,
la majorité des parents ayant suivi des études
secondaires. 67 % des enfants étaient nourris
au lait maternel exclusivement, 27 % partiellement et
6 % ne recevaient pas de lait maternel. Les résultats
montrent que le risque de diarrhées est de 0,76
dans le groupe « lait maternel exclusif »,
contre 1,87 dans le groupe « lait maternel partiel
», et de 2,47 dans le groupe « sans lait
maternel ». Dans ce contexte, les laits fermentés
sembleraient être bénéfiques : dans
une étude sur 108 nourrissons, il ressort que
le lait acidifié à S. thermophilus et
L. helveticus réduit de 4 à 2,1 le nombre
d'épisodes de diarrhées/enfant/an en comparaison
à un lait non fermenté, ce qui représente
une différence de 8,5 jours de diarrhées/enfant/an.
Les laits fermentés
: En outre, en ce qui concerne la I prévention
de la maladie cÏliaque, le Pr F. Bouguerra (Tunisie)
recommande, d'après une de ses études,
d'introduire le gluten dans l'alimentation du nourrisson
deux mois avant le sevrage, I'allaitement maternel devant
être poursuivi jusqu'à 6 mois. En conclusion,
il ressort que l'allaitement maternel devrait être
poursuivi le plus longtemps possible. Lors du sevrage,
les aliments semi-solides ou solides peuvent être
mélangés au lait maternel.
Même si le pourcentage de
nourrissons allaités à la sortie de la
maternité a augmenté ces dernières
années, la France reste à la queue des
pays europeens, tant en pourcentage qu'en durée
d'allaitement. Pourtant, malgré les progrès
des laits maternisés, le lait de mère
ne manque pas d'arguments.
La France est en retard sur
ses voisins européens
Les statistiques 2000 montrent que 50,1 % des femmes
allaitent à la sortie de la maternité
contre 42 % en 1995. Ces chiffres
situent la France dans le peloton de queue des pays
européens: la prévalence dans l'ensemble
des pays scandinaves et en Suisse est supérieure
à 90 %, elle atteint 85 % en Allemagne et plus
de 70 % en Italie, au Royaume-Uni et au Luxembourg.
De plus, la durée de l'allaitement dans notre
pays est relativement courte, puisque la médiane
est de dix semaines, soit 10 % d'enfants allaités
à un mois et moins de 5 % à quatre mois.
Mais surtout, un tiers des femmes qui ont l'intention
d'allaiter renonce avant la naissance...
Pourtant,
le lait maternel garde des avantages anti-infectieux
importants
L'apport du lait maternel en éléments
cellulaires, immunoglobulines et autres éléments
immunomodulateurs, joue un rôle essentiel dans
la prévention des infections. Cette tendance
persiste après l'arrêt de l'allaitement
puis s'estompe au cours de la deuxième
année. Cet aspect est primordial dans les pays
en développement, particulièrement dans
des conditions d'hygiène précaires. Le
risque de septicémie nconatale et d'entérocolite
uicéro-nécrosante est considérablement
diminué. De nombreux travaux ont montré
une réduction importante des gastro-entérites
infectieuses (Rota virus, Shigella, Giardia). La cinquantaine
d'oligosaccharides et
d'oligonucléctides différents et spécifiques
favorise l'implantation de la flore bifidogène
et la maturation intestinale, expliquant
l'action inhibitrice vis-à-vis d'Escherichia
coli. Il est observé aussi une diminution des
infections respiratoires et des otites par
inhibition de l'adhésion du pneumocoque et d'
Hemophilus influenzæ à l'épithél
lu m rhinopharyngé. Une étude nord-américaine
récente, concernant des milieux sociaux défavorisés,
montre que le bénéfice de l'allaitement
maternel peut contrebalancer, en termes d'impact sur
la mortalité néonatale, les conséquences
du faible poids de naissance!
Il
retentit sur l'apparition d'un terrain allergique, sur
la croissance du massif facial et sur le risque d'obésité
Concernant la prévention de l'allergie, I'influence
du lait maternel a été évoquce
dès 1930. D'une façon générale,
I'allaitement
maternel diminue le risque d'allergie, mais cet effet
préventif n'est pas constant. Une méta-analyse
récente montre que l'action
préventive est surtout nette en cas de terrain
atopique familial. Elle s'exerce vis-à-vis de
l'eczéma, de l'allergie aux protéines
du lait
de vache et à un degré moindre visà-vis
de l'allergie respiratoire. Pour cela, I'allaitement
maternel doit être exclusif, poursuivi durant
les quatre à six premiers mois de la vie, avec
introduction décalée de l'uf et
du poisson après neuf mois.
La croissance du nourrisson allaité est différente
de celle du nourrisson recevant un lait industriel.
Le développement du massif
maxillo-facial et l'implantation dentaire ultérieure
sont plus harmonieux. Alors que la croissance staturo-pondérale
est plus rapide les deux premiers mois de la vie chez
l'enfant allaité, le gain pondéral s'infléchit
à partir de trois à six mois, tandis que
l'accroissement de la taille et du périmètre
crânien reste comparable au groupe nourri artificiellement.
Dans les pays en développement, la croissance
staturo-pondérale sous allaitement maternel est
meilleure jusqu'à l'âge de deux ans, lorsque
les conditions sanitaires sont mauvaises. Van Kries
et al., en 1999, à partir de six mille cinq cents
enfants bavarois, ont montré que le risque de
voir survenir une surcharge pondérale, voire
une obésité, était significativement
moindre chez les nourrissons allaités et que
cette tendance s'accentuait avec la durée de
l'allaitement. La réduction relative du risque
d'obésité s'établit à 30
% lors d'une étude concernant trois mille deux
cents petits Écossais, âgés de trente-neuf
à quarante-deux mois, après ajustement
tenant compte d'autres variables. L'allaitement maternel
contribue ainsi à réduire les risques
de diabète de type 2.
Il pourrait améliorer
le développement intellectuel
L'impact bénéfique du lait maternel sur
le développement psychomoteur et l'intelligence
a suscité des controverses. Lucas et al., à
Cambridge, ont montré un quotient de développement
à dix-huit mois et d'intelligence à huit
ans significativement meilleur chez les prématurés
et les nouveau-nés à terme bénéficiant
d'un lait humain. Cet avantage est corrélé
avec la quantité de lait consommée et
persiste après correction des autres facteurs.
Une méta-analyse relève qu'une majorité
des travaux décèle un effet favorable
de l'allaitement sur le développement de l'enfant:
maturation visuelle, capacité de synthèse
et performances motrices. Ces constatations sont corrélées
avec les dosages plasmatiques et érythrocytaires
des dérivés de l'acide docohexaénoïque
et plus généralement à la présence
dans le lait humain d'acides gras insaturés à
très longue chaîne. Il est
néanmoins difficile de faire la part du rôle
respectif des composants du lait maternel et des facteurs
socio-étucatifs, souvent plus favorisés
en cas d'allaitement maternel.
Il protège enfin la
maman des risques de cancer et des complications de
la ménopause
En dehors du plaisir d'allaiter, la femme qui nourrit
retire pour sa santé un certain nombre de bénéfices:
diminution des infections du post-partum, perte de poids
plus rapide, risque diminué d'ostéoporose,
de cancer du sein et de l'ovaire en préménopause.
L'infection
à VIH ( Sida) est la principale situation où
l'allaitement maternel peut être discuté
Lorsque la mère est infectée ou à
risque de contamination par le VIH, les recommandations
de l'OMS ne s'appliquent pas de la même façon
dans les pays développés ou non. La contamination
de l'enfant est favorisée par le caractère
récent de l'infection, l'absorption du colostum
riche en éléments cellulaires, la présence
de crevasses, la prématurité (par diminution
de l'acidité gastrique et l'immaturité
de la barrière digestive) et l'existence d'une
candidose, d'une gingivostomatite, d'une pharyngite
ou encore d'une gastro-entérite. En revanche,
le lait maternel semble ralentir
l'incubation du Sida par inhibition de la liaison du
virus au récepteur Iymphocytaire CD4. Selon les
études, le risque de contamination de l'enfant
après l'accouchement augmenterait de 3 à
30 % en cas
d'allaitement. L'importance de la morbidité et
de la mortalité d'origine infectieuse dans les
pays en voie de développement conduit néanmoins
à conseiller l'allaitement, quel que soit le
statut maternel. La situation doit être en fait
analysée dans chaque pays en fonction des politiques
de santé et de la disponibilité des formes
artificielles.
Les médicaments, I'alcool
et le tabac retentissent sur l'allaitement
Un certain nombre de toxiques et de médicaments
vont passer dans le lait maternel et se retrouvent à
des concentrations plus élevées que dans
les laits industriels. Les contre-indications
médicamenteuses sont peu nombreuses (amiodarone,
certains ,beta-bloqueurs, les estroprogestatifs à
forte dose, les psychotropes, la bromocriptine, les
antimitotiques, certains antidépresseurs, l'ergotamine,
les antivitamines K, certains antiépileptiques).
Le médicament prescrit doit être indispensable,
à posologie fractionnée et minimale et
pris juste après la tétée. Les
traitements locaux (antiseptiques iodés spécialement)
sont à éviter. La consommation de drogues
(cocaïne et cannabis) a des conséquences
sur le comportement et le développement du jeune
enfant. La prise d'alcool diminue le réflexe
d'éjection et le volume de lait. Globalement,
ces conduites posent davantage le problème des
aptitudes maternelles. Le tabagisme, en dehors des
risques plus élevés de mort subite et
d'asthme, diminue le volume de lait et s'associe à
un risque de sevrage plus précoce. En revanche,
le risque infectieux reste inférieur chez le
nourrisson allaité.
Les
obstacles à un allaitement maternel réussi
sont d'ordre personnel, socio-culturel, commercial,
politique et médical
La plupart des enquêtes relèvent un lien
fort entre confiance, estime de soi et réussite
de l'allaitement. La moindre fréquence de l'allaitement
dans les classes moins favorisées a ici son origine.
Le passage d'une société rurale à
une société urbaine et l'absence de transmission
mère-fille, joints à une médicalisation
parfois excessive de l'accouchement, sont également
des facteurs négatifs. S'y ajoute une vision
déformée de l'allaitement, perçu
comme une servitude et un envabissement susceptible,
de plus, d'être préjudiciable à
l'esthétique du corps féminin...
La pression commerciale des aliments de substitution
dans les revues spécialisées, au cours
des réunions et des congrès, sur les murs
même des maternités, la distribution d'échantillons
ou de bons de réduction, ont contribué
au déclin progressif de l'allaitement maternel.
Le Code international des substituts du lait maternel
(1981) reste mal appliqué ou mal connu, tout
comme les dix recommandations de l'OMS à l'origine
du label «Hôpital, ami des bébés
» (1991). Il n'existe pas actuellement en France
de comité national fédérateur desactions
en faveur de l'allaitement.
La reprise du travail représente encore un facteur
important d'arrêt de l'allaitement, sauf si la
durée hebdomadaire du travail est inférieure
à vingt heures. Une majorité des mères
fait face, au cours des premières semaines, à
des difficultés d'ordre technique (crevasses,
prise du sein, engorgement ou insuffisance de lait),
mal
prises en charge par le milieu médical. La solution
trop souvent préconisée consiste à
arrêter l'allaitement. La formation des professionnels
de santé est souvent insuffisante et le degré
de compétence faible.
Des mesures d'information,
d'éducation et de soutien sont indispensables
Le respect de la décision de la future maman
n'exclut pas une information affirmant qu'allaiter c'est
meilleur pour l'enfant et sa mère et représente
une source de plaisir et de satisfaction. La question
de l'allaitement doit être approfondie lors de
la préparation à l'accouchement. Le père
doit y être invité pour participer à
la décision. La mère qui allaite doit
pouvoir bénéficier d'un soutien bienveillant
du personnel de la maternité et d'un soutien
après la sortie, grâce au concours d'associations
regroupant bénévoles et professionnels
et des services de PMI.
L'idéal serait de s'appuyer dans les maternités,
les services de néonatologie et de PMI sur deux
référents assurant un discours cohérent
et consensuel (à partir de dépliants et
manuels) comme le souhaitent les démarches d'accréditation.
De nombreux exemples montrent l'efficacité des
réseaux rassemblant différentes
structures. Une coordination pourrait voir aussi le
jour, permettant de promouvoir et de soutenir l'allaitement
maternel par l'organisation de campagnes d'information
(collèges, Iycées, femmes enceintes) et
par un positionnement d'interlocuteur auprès
des instances médicales et politiques.
La promotion de l'allaitement maternel fait partie des
neuf objectifs spécifiques du programme nutritionsanté
(janvier 2001). Il faudrait faire en sorte que 100 %
des femmes qui souhaitent après information allaiter
puissent y parvenir pendant la durée de leur
choix!
Pr Dominique Turck, Clinique de Pédiatrie
hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de Lille
*GPSR : Groupement
des Pédiatres Strasbourgeois exerçant la Réanimation
Unité de Néo-Natalogie - Clinique Sainte Anne