Veuillez patienter pendant
le chargement de cette page...
Retour à la page d'accueil

Génétique, clonage, procréation
médicalement assistée (PMA)

 
 

Tests génétiques à la recherche d'une anomalie, d'une pathologie: pour qui ?

Les dépistages de maladies faits systématiquement chez tous les bébés au troisième jour après la naissance

Les manipulations génétiques, le clonage reproductif et non reproductif

 
 
 
 

Tests génétiques : pour qui ?

 

Les progrès de la génétique moderne ont bouleversé la pratique de la médecine. Grâce à l'essor de la génétique moléculaire il devient possible de reconnaître les personnes exposées à développer une maladie génétique et de répondre à la demande des personnes confrontées à une maladie génétique et qui souhaitent connaître leur statut génétique personnel ou celui de leurs enfants nés ou à naître.

Le projet "génome humain" a entraîné une explosion des connaissances en génétique humaine et plus particulièrement dans le domaine des maladies génétiques. Une des conséquences de ce projet a été et est le développement de nouvelles technologies qui rendent possibles la diffusion de tests génétiques, c'est à dire d'informations dérivées de l'analyse de 1'ADN.

Les tests génétiques

Les tests génétiques ont pour but d'indiquer si le génotype de l'individu est pathologique en cas de maladies monogéniques ou d'aberration chromosomique ou si le sujet a des gènes de susceptibilité en cas de maladie multifactorielle (diabète, hypertension artérielle, infarctus du myocarde...).

I1 en découle que la pratique d'un test génétique implique une information du sujet, son libre choix et son consentement.

La prescription d'un test génétique chez ces patients a un intérêt triple: confirmer le diagnostic d'une maladie génétique chez un sujet symptomatique (Ici on rejoint la démarche diagnostique et biologique classique); améliorer le conseil génétique en précisant mieux le risque pour la descendance de sujets habituellement sains et qui le resteront mais qui sont porteurs à l'état hétérozygote d'une mutation (Ici le test permettra le diagnostic prénatal ou pré-implantatoire.

La loi encadre le diagnostic prénatal et l'interruption de grossesse qui éventuellement s'ensuivra et le diagnostic pré-implantatoire); définir si une personne à risque asymptomatique est ou non porteuse d'un gène délétère (d'une mutation) afin de la prendre en charge et de la traiter, lorsqu'un traitement est disponible, dans les meilleures conditions avant l'apparition des premiers signes de la maladie.

Lorsque l'on parle aujourd'hui de tests génétiques, c'est surtout à cette catégorie de sujets que l'on se réfère et on parle de test présymptomatique.

La prescription et la réalisation d'un test présymptomatique ne peuvent être faites que dans l'intérêt des patients, le sujet à risque pouvant passer de cet état à celui de sujet porteur et ensuite de sujet malade.

Le test génétique présymptomatique

Le diagnostic de maladie génétique peut concerner toute une famille. Certains apparentés "à risques" sont en réalité soit porteurs du gène muté, soit non porteurs.

Ce risque peut les concerner eux-mêmes ou uniquement leurs enfants nés ou à naître. Pour certaines maladies, un test génétique permet de répondre à leurs interrogations. Si informer les sujets à risque peut sembler nécessaire, une personne malade ne souhaite pas toujours transmettre cette information à ses apparentés, une personne à risque n'est pas toujours prête à la recevoir.

Passer du statut de "sujet à risque" à celui de "sujet porteur", c'est quitter une situation probabiliste pour vivre dans la certitude d'avoir un gène défectueux, les conséquences étant différentes selon le mode de transmission génétique de la maladie.

Passer du statut de "sujet à risque" à celui de "personne malade", c'est constater l'apparition des premiers signes de la maladie et vivre une situation nouvelle, douloureuse en l'absence de thérapeutique efficace.

Ce statut ne peut qu'entraîner un changement radical, dans la vie quotidienne, impossible à préciser.

Test présymptomatique, test de prédisposition ou test de susceptibilité ?

Le test présymptomatique concerne une personne exposée à développer une maladie monogénique, à manifestation plus ou moins tardive et à expression variable.

Celle-ci peut bénéficier du test si elle est désireuse de connaître son statut, soit parce que son père ou sa mère (ou un parent plus éloigné) sont atteints d'une maladie autosomique dominante (polypose adénomateuse familiale, maladie de Huntington, maladies neurologiques diverses, myotonie de Steinert, myopathie facio-scapulo-humérale, cardiomyopathies...) soit parce qu'un(e) de ses germain(e)s est atteint(e) d'une maladie récessive autosomique (hémochromatose).

Ce test permet de dire si la personne testée a une grande probabilité de développer la maladie ou si elle n'encourt aucun risque. Pour certaines pathologies, un diagnostic présymptomatique permet de mieux suivre et de mieux traiter le sujet exposé à la maladie: saignées répétées afin d'éviter la cirrhose et un cancer hépatique chez le sujet atteint d'hémochromatose, exérèse chirurgicale de polype pour faire face au cancer colique chez le sujet, même jeune, ayant une polypose familiale.

En l'absence de thérapeutique (chorée de Huntington...), le diagnostic présymptomatique ne se conçoit que chez l'adulte souhaitant connaître son statut: ses motivations doivent être claires et il doit être capable de faire face à un "résultat défavorable".

La prescription du test doit être faite, dans le cadre d'une prise en charge globale, par une équipe pluridisciplinaire (avant, pendant et après le test) (décret n° 2000-570 du 23 juin 2000 et arrêté du 2 mai 2001).

Test de prédisposition ou test de susceptibilité ?

La situation est différente selon la maladie d'origine multifactorielle concernée: dans certaines familles, l'affection peut relever d'un gène unique et se transmettre de la même façon qu'une maladie monogénique.

Un ou plusieurs gènes différents ont été localisés et identifiés (cancer du sein, cancer du côlon, diabète insulino-dépendant, maladie d'Alzheimer, sclérose latérale amyotrophique par exemple).

Dans une famille où la mutation d'un de ces gènes est identifiée, il est possible de reconnaître les personnes particulièrement exposées à manifester l'affection. Trouver une mutation du gène BRCA1 (???) ou BRCA2 (???) permet une surveillance plus précoce et plus rigoureuse des personnes à risque de développer un cancer du sein ou de l'ovaire.

En revanche, la personne qui n'est pas reconnue porteuse de la mutation familiale demeure exposée à développer un cancer du sein comme n'importe quelle autre femme et ne peut être rassurée contrairement à une personne à risque non reconnue porteuse de la mutation instable spécifique de la maladie de Huntington. Dans ce cas, il apparaît correct de parler de test de prédisposition.

Certaines maladies dites communes sont sous la dépendance conjointe de plusieurs gènes et de facteurs d'environnement.

L'anomalie d'un seul gène n'est pas suffisante pour entraîner un processus pathologique mais dans un contexte environnemental particulier, une anomalie de plusieurs de ces gènes peut le déclencher. L'ensemble de ces facteurs constitue un terrain de susceptibilité génétique que peuvent partager des membres d'une même famille.

Etre porteur d'un marqueur (ou même de plusieurs) n'augmente que de peu la probabilité de développer la maladie.

Ce test doit être considéré comme un test de susceptibilité.

Réaliser un test présymptomatique

Les enjeux d'un résultat défavorable du test présymptomatique varient selon la maladie, sa gravité, la pénétrance du gène, la possibilité de traitement préventif et/ou curatif.

La pratique du test pour la maladie de Huntington reste un modèle.

En l'absence de traitement et donc de bénéfice médical patent, des questionnements d'ordre éthique sont nombreux.

D'où l'importance de respecter certains principes: le droit de savoir ou de ne pas savoir, l'autonomie de l'individu, le recueil du consentement éclairé, le bénéfice personnel à tirer du test, la confidentialité, l'égalité d'accès.

A ces principes s'en ajoutent deux, la prise en charge du demandeur du test par une équipe pluridisciplinaire et la nécessité de ne pas précipiter la démarche: l'équipe pluridisciplinaire comprend un généticien, un spécialiste d'organe, un psychologue, un psychiatre si besoin, une assistance sociale; disposer de temps est un élément capital dans la prise de décision.

Le demandeur peut, s'il ne se sent pas prêt, abandonner à tout moment la procédure, de façon temporaire ou définitive.

La période préalable au prélèvement est essentielle.

Celle qui suit le résultat est aussi importante.

Diffuser l'information dans la famille

L'information des parents est un devoir pour le médecin. Pour faire passer au sein d'une famille le message du risque d'une maladie génétique, les patients sont les seuls informateurs possibles de leurs parents.

Tout autre moyen irait à l'encontre du respect du secret médical.

Si une information doit être communiquée, le médecin ne saurait manifester directement son intérêt aux personnes qui doivent la recevoir. I1 ne les connaît pas et ne peut faillir au secret médical.

Pour les informer, le médecin doit demander à son patient de lui servir de messager. Or, ce messager n'a pas une bonne nouvelle à transmettre.

Accepter un test génétique au bénéfice des autres

Certaines personnes de la famille n'ont pas d'intérêt personnel à réaliser un test génétique, parce qu'elles ne sont pas exposées à développer la maladie ou à la transmettre. Et pourtant, l'étude de leur ADN est précieuse pour les personnes à risque de la famille.

La découverte de la ou des mutation(s) chez la personne malade permettra de développer un test génétique fiable pour les parents à risque.

Le test génétique chez l'enfant mineur

La question se pose alors du but dans lequel est demandé le test. La loi prévoit qu'un test ne peut être fait que s'il y a bénéfice pour le sujet. Tester un enfant mineur pour mettre en évidence une mutation génétique pose trois types de questions.

Tout d'abord, une question éthique: tester un enfant et connaître son statut le prive du droit de choisir plus tard de faire ou ne pas faire le test.

Ensuite, une question psychologique: la connaissance du résultat d'un test peut perturber la relation parent-enfant.

Enfin, une question légale: l'intérêt de l'enfant doit primer sur celui des parents.

Dans les maladies sans thérapeutique actuelle et dont l'âge d'apparition est tardif, un test précoce ne peut être que délétère et ne doit pas être pratiqué chez un mineur.

Dépistage génétique et médecine du travail

Le dépistage génétique dans le monde du travail, pourrait constituer une tentation pour les employeurs, en particulier lors de l'embauche. Cela leur permettrait d'exclure les sujets les plus fragiles, afin de se dégager, en matière de responsabilité pénale, des questions de gestion et de prévention professionnelles qui pourraient leur être imputées.

Ces pratiques, admises aux Etats-Unis, ne sont pas tolérées par la Communauté européenne: la législation y a été fortement encadrée, notamment en France.

Le dépistage systématique ne figure pas parmi les missions du médecin du travail. Lors de l'embauche, l'aptitude médicale à l'emploi ne relève que de lui.

Toutefois, lorsque la probabilité d'une maladie lice à la fois à une prédisposition génétique et à l'environnement du travail (polymorphismes génétiques et cancers professionnels ou maladies génétiques latentes et emplois, par exemple), est très grande alors qu'elle ne l'est pas pour les autres travailleurs, et que cette maladie présente pour lui un danger sérieux sans qu'il soit possible de le réduire ou de le supprimer en modifiant l'environnement, il peut être admis que le médecin du travail prescrive des tests génétiques permettant de déceler cette susceptibilité.

La loi l'autorise en effet à prescrire des examens complémentaires nécessaires à la détermination de l'aptitude médicale au poste de travail et notamment au dépistage des affections comportant une contre-indication à ce poste de travail (article R.241-52 du code du travail), examens dont l'anonymat doit être respecté.

Tests génétiques et assurances

L'utilisation des tests génétiques ne peut être admise qu'à des fins médicales ou scientifiques. De ce fait, les tests génétiques ne peuvent être réalisés à la demande des assureurs. Le 23 mars 1999, les sociétés d'assurances, membres de la Fédération françai3e des sociétés d'assurances (FFSA), prenaient l'engagement de ne pas tenir compte, pendant les cinq premières années, des résultats d'une étude des caractéristiques génétiques d'un candidat à l'assurance, même si ceux-ci "étaient communiqués volontairement".

Mais qu'en sera-t-il dans l'avenir ?

Quelles peuvent être les conséquences du résultat d'un test génétique pour les personnes reconnues porteuses d'un gène muté dans une famille à risque ? Un refus de contracter une assurance ? Une majoration des primes ?

Pour les membres de la famille qui seraient reconnus comme non concernés par la maladie: une baisse de la prime.

En dépit d'un test positif, le risque pour une personne de développer une maladie peut rester faible ou difficile à estimer du point de vue scientifique. En revanche, pour les assurances, le fait que ce risque soit multiplié par deux apparaît comme important. ~

Pr Claude Stoll, Service de génétique médicale, hôpital de Hautepierre, strasbourg

haut de page
envoyer à un ami
imprimer cette page
 
 
 

Les dépistages de maladies faits systématiquement chez tous les bébés

 

Pourquoi ?

Pour identifier des troubles rares mais qui, s'ils ne sont pas détectés et traités précocement, peuvent avoir des conséquences sérieuses et retarder le développement de votre enfant.

Une simple analyse du sang de votre bébé permet d'informer votre médecin et de vous prévenir d'une situation que vous ne pourriez reconnaître vous - même en temps utile.

Le traitement précoce de ces troubles permet d'assurer à votre bébé un développement normal.

Comment ?

L'ensemble des analyses est réalisé sur quelques gouttes de sang prélevées par piqûre du talon de votre bébé.

Le sang est recueilli sur une bandelette de papier buvard qui est envoyée au Centre de dépistage de votre région où les analyses sont effectuées aussitôt.

Ces tests ne présentent aucun danger pour votre enfant.

Quand ?

Le prélèvement est réalisé dans les 3 à 4 jours qui suivent la naissance, avant que vous ne quittiez la maternité.

Si le résultat d'un des tests était anormal, votre médecin et vous-même en seriez rapidement informés, afin qu'un contrôle soit effectué sans tarder et que l'on s'assure que votre enfant a réellement besoin d'être traité.

Si vous n'avez pas de nouvelles dans les 10-15 jours qui suivent le prélèvement, vous pouvez être sûrs que les résultats sont négatifs et être tout à fait rassurés.

Qui ?

Les troubles qui sont recherchés par ce dépistage ne touchent en moyenne qu'un enfant sur plusieurs milliers.

La probabilité que votre bébé en soit atteint est extrêmement faible, mais rien ne permet de prévoir ce risque et tous les bébés doivent donc être testés.

Si vous vous interrogez encore sur l'utilité de cet examen, vous devez en parler à votre médecin.

Quelles maladies ?

La phénylcétonurie (PCU) est dépistée systématiquement depuis 1967. Elle est due à l'accumulation dans l'organisme d'un composant des protéines que nous mangeons chaque jour: la phénylalanine.

C'est cette augmentation de la phénylalanine dans le sang du bébé, détectée par le test de Guthrie qui, en l'absence de traitement, empêche son développement normal.

Un régime restreint en protéines naturellement riches en phénylalanine (viandes, poissons, lait, oeufs, etc.) permet une croissance et un développement normaux des enfants.

Ce régime doit être poursuivi pendant de nombreuses années. Fréquence:1 bébé sur 16.000 naissances.

L'hypothyroidie congénitale (HC) est dépistée systématiquement depuis 1978. Elle est due à une sécrétion insuffisante des hormones thyroidiennes, normalement produites par la glande thyroïde et qui sont indispensables à la croissance et au développement du bébé. L'insuffisance de sécrétion thyroIdienne, stimule la production hypophysaire de TSH. C'est celle-ci qui est reconnue par le dépistage.

Le traitement consiste en l'administration régulière de thyroxine par la bouche. I1 permet un développement physique et intellectuel normal. La prise quotidienne de thyroxine doit être poursuivie à vie. Fréquence:1 bébé sur 4000 naissances.

L'hyperplasie congénitale des surrénales (HCS) est due à une insuffisance dans la synthèse des hormones surrénaliennes. Ce déficit entraîne un défaut de sécrétion de cortisone et, dans un certain nombre de cas, des hormones qui retiennent le sel et l'eau.


Il entraîne une stimulation compensatrice de l'hypophyse et secondairement la production excessive d'hormones masculinisantes.

Son traitement par les hormones surrénaliennes permet une croissance et un développement normaux des enfants.

Ce dépistage n'est pas encore réalisé partout en France. I1 est en cours de généralisation.

Fréquence:1 bébé sur 16.000 naissances

La drépanocytose (HbS) et d'autres anomalies de l'hémoglobine, sont fréquentes aux Antilles, en Guyane et en Afrique Noire, mais aussi à la Réunion, en Afrique du nord et dans l'ensemble du bassin méditerranéen.

Elle est responsable de crises douloureuses, d'accidents anémiques aigus et d'infections, particulièrement graves avant l'âge de 2 - 3 ans.

L'éducation des parents, l'administration régulière d'antibiotiques permettent de prévenir ces accidents.

Ce dépistage est fait systématiquement dans les départements d'outre-mer. I1 est en cours de généralisation en métropole pour les nouveau-nés concernés.

La mucoviscidose (dépistée à compter d'octobre 2002): engendre des troubles nutritionnels et surtout une atteinte pulmonaire progressive qui fait la gravité de l'affection. Le diagnostic clinique est difficile et souvent tardif, ce qui est préjudiciable pour le malade. Un test de dépistage par dosage de la trypsine permet de repérer les nouveau-nés atteints dès les premières semaines de vie. Ce test est fiable, mais son interprétation nécessite parfois une étude du gène de la mucoviscidose par biologie moléculaire. Une prise en charge précoce et rigoureuse permet de réduire notablement la fréquence des manifestations cliniques. Elle assure au malade une meilleure qualité de vie, malgré l'absence d'un traitement spécifique conduisant à la guérison définitive du malade. Fréquence: environ 1 bébé sur 3500 naissances.

haut de page
envoyer à un ami
imprimer cette page
 
 
 

Les manipulations génétiques, le clonage reproductif et non reproductif

 

Jurassic Park ": tout le monde se souvient du film de Steven Spielberg. Des scientifiques réussissent à extraire 1'ADN de dinosaures en prélevant dans un moustique prisonnier d'un bloc d'ambre les globules sanguins du grand reptile qu'il avait piqué il y a des millions d'années. L'ADN réparé et complété est transplanté dans un ovule non fécondé de crocodile... et les dinosaures reprennent vie au XXe siècle!

"Cette fiction, vous diront les généticiens, s'inspire dans les grandes lignes du principe du clonage (voir plus loin) mais est totalement irréalisable, car l 'ADN est fragile, et, bien qu'enfermé dans de l'ambre, il se serait complètement dégradé au cours du temps!"

En revanche - et là ce n'est plus du cinéma! -, on sait aujourd'hui manipuler génétiquement divers organismes, dans des buts variés: par exemple, on peut glisser un gène de poisson vivant en eaux froides dans des fraises pour les rendre résistantes aux basses températures, ou transférer un gène de bactérie (choléra) dans la luzerne afin de produire un vaccin contre le choléra...

Mais quels sont les procédés utilisés pour en arriver là ?

Le code secret de la vie

D'abord, qu'est-ce que 1'ADN ? L'ADN, ou acide désoxyribonucléique, est une molécule qui a la faculté particulière de se répliquer à l'identique. Ce qui en fait naturellement le support de l'hérédité. Et où se trouve l'ADN ? Dans chacune de nos cellules.

La molécule d'ADN se présente sous l'aspect d'un long " collier >> formant une double hélice. Ce " collier" est composé de quatre bases (les " perles >> du collier), appelées nucléotides. Leur ordonnancement tout au long du " collier " d'ADN constitue le code génétique, qui est propre à chaque individu.

Selon les organismes, le " collier " est plus ou moins long: par exemple, l'ADN humain déroulé mesurerait environ 1,8m, alors que l'ADN d'une bactérie mesurerait 1,3 mm.

Chaque groupe de " perles " constitue un gène. Chaque gène a pour mission de fabriquer ou de transmettre l'ordre de fabriquer une protéine indispensable au fonctionnement de l'organisme.

Mais il arrive que les bases à l'intérieur d'un ou plusieurs gènes soient " mal rangées ". Une inversion dans leur ordre peut engendrer une maladie héréditaire.

A la recherche des "gènes a risque"

La découverte des gènes déficients à l'origine de maladies héréditaires monogéniques (dues au défaut d'un seul gène) est déjà bien avancée grâce au programme génome mené dans un millier de laboratoires du monde entier: 1500 ont été à l'heure actuelle identifiés sur 6 000 maladies héréditaires monogéniques répertoriées. " Cette connaissance des gènes et de leur mécanisme d'action propre va apporter des bénéfices indéniables en termes de médecine prédictive et préventive et de thérapeutique'>, souligne le Pr Claudine Junien, généticienne à l'hôpital Necker de Paris. Dans la pratique, on réalise aujourd'hui des tests génétiques recherchant les " gènes à risque ". Le plus connu est le test de diagnostic prénatal chez la femme enceinte ayant plus de 38 ans et chez celles qui ont une " lourde hérédité ". À partir de cellules du fœtus, ce test détecte, outre les aberrations chromosomiques - type trisomie 21, responsable du mongolisme -, une grande partie des maladies héréditaires monogéniques. " En cas d'anomalie génétique entraînant de manière inéluctable une maladie grave chez l'enfant >> il autorise l'avortement, laissant naturellement aux parents toute liberté de décision en la matière.

Les tests génétiques pratiqués avant l'apparition des signes d'une maladie grave sont utiles lorsqu'il existe dans une famille des antécédents de cette maladie. Certains cancers héréditaires (du côlon, du sein, par exemple), peuvent ainsi, grâce à des dépistages précoces, bénéficier d'une chirurgie préventive stoppant l'évolution vers des cancers mortels.

Bientôt des "usines biologiques"?

Et si l'on utilisait des gènes en bon état pour soigner les maladies ? En transférant des gènes humains " sains " dans des organismes animaux formés d'une seule cellule et qui se multiplient par reproduction asexuée, les chercheurs ont réussi à créer des usines biologiques de substances médicamenteuses.

Quant à introduire des gènes en bon état dans l'organisme humain pour les faire travailler en lieu et place des gènes défectueux, nous n'en sommes qu'au tout début des essais cliniques sur une quinzaine de maladies héréditaires, dont la mucoviscidose. Les résultats sont pour le moment décevants, car on ne parvient pas encore à faire en sorte que le gène " réparateur " fabrique la molécule dont il détient le code. Mais les recherches continuent.

D'autre part, il y a une limite à ces " réparations ": les gènes " réparateurs " introduits dans des cellules du corps ne resteront pas dans le patrimoine héréditaire et ne seront donc pas transmissibles...

Des laits animaux pour fabriquer des médicaments ?

Allons-nous voir l'apparition d'" animaux usines " spécialisés dans la production de médicaments? C'est possible: vaches, brebis ou chèvres pourront produire des protéines humaines dans leur lait après avoir reçu un gène humain. "Moins d'une dizaine d'années après les premiers essais, la technique passe à l'échelle industrielle ", dit le professeur de médecine Gérard Tobelen dans son livre " Biotechnologies: le droit de savoir ", paru en juin 1998. < Trois protéines ainsi produites sont mime en développement clinique chez l'homme (.. .) extraites du lait de chèvre, de brehis et de lapine (...) elles traitent respectivement les embolies vasculaires, I'emphysème pulmonaire et les complications hépatiques de malades génétiquement déficitaires en ces protéines. "

D'autres expériences ont réussi: la greffe sur des vaches, des brebis, des cochons, de gènes commandant la formation d'éléments utiles aux soins des hémophiles et d'anticorps particuliers destinés à détruire sélectivement les cellules cancéreuses.

Les premiers pas du clonage animal

Nous avons tous entendu parler de la première brebis clonée, Dolly Comment les chercheurs britanniques ont-ils pu obtenir cette copie conforme de brebis sans passer par la procréation naturelle ? " Le principe est simple, explique le Pr Axel Kahn. À gauche, vous avez un ovule de brebis dont on a enlevé le noyau. À droite, vous prenez une cellule d'une brebis Finn Dorset que vous voulez cloner (recopier). Celle-ci renferme dans son noyau deux jeux de chromosomes: un issu de son père et un de sa mère. Vous mettez les deux cellules en contact et, grâce à un choc électrique, vous opérez la fusion entre le gros ovule vidé de son noyau et la petite cellule et l'activation du développement embryonnaire. Vous obtenez, après implantation de l'embryon dans une brebis "mère porteuse", une Dolly qui a les deux mêmes jeux chromosomiques que la Finn Dorset et qui lui ressemble donc en tous points. C'est une reproduction à l'identique qui, à la différent de la reproduction sexuée, ne mélange pas des caractères "

Le clonage marche d'autant mieux qu'il est fait à partir d'un organisme jeune aux gènes intacts. Les premières expériences sur des mammifères sont actuellement étudiées de très près: certains signes et des décès prématurés posent question.

Après le clonage des animaux, le clonage humain ?

Heureusement, ce n'est pas pour demain. Car si la communauté scientifique reconnaît l'intérêt du clonage de certains animaux pour produire en grandes quantités des molécules médicamenteuses difficiles à obtenir autrement, elle s'insurge en majorité contre les dérives éventuelles de cette pratique, comme notamment le clonage humain à des fins reproductives.

Les plantes transgéniques, aliments du futur ?

Du côté des plantes, plusieurs voies s'ouvrent au génie génétique.

Puisque les plantes savent déchiffrer notre code génétique, est-il possible de les utiliser pour fabriquer des protéines utiles à l'homme ? C'est le principe du " molecular pharming ", déjà au stade expérimental: on a réussi à faire produire de l'hémoglobine et de l'albumine humaines au tabac, et des vaccins contre la grippe et la rage pourront être fabriqués par du colza, contre l'hépatite B par des pommes de terre ou des tomates...

On pense aussi pouvoir, grâce au transfert de gènes, améliorer la qualité nutritionnelle des plantes pour obtenir des aliments " à valeur ajoutée >>, des aliments moins allergisants, ou encore capables de nous protéger contre certaines maladies (alicaments).

Enfin, la voie la plus connue du génie génétique vise à améliorer génétiquement les plantes pour qu'elles aient moins besoin d'engrais et d'insecticides. Ainsi, le maïs transgénique possède un gène qui fabrique une toxine détruisant la pyrale, parasite de la plante.

Actuellement, on compte plusieurs dizaines de végétaux génétiquement modifiés cultivés dans le monde. Ces OGM présentent-ils un danger pour la santé ? Certains le pensent ou le craignent, et les pouvoirs publics de certains pays ont demandé à retarder l'industrialisation de leur culture afin que nous ayons plus de recul sur les conséquences de leur utilisation. Et ce malgré les affirmations de nombreux scientifiques. Le professeur Berche, par exemple, argumente: " Les OGM sont des produits sous haute surveillance. Quant aux craintes d'acquérir des résistances aux antibiotiques en les absorbant (car certains gènes de résistant aux antibiotiques sont utilisés comme "marqueurs" dans leur fabrication), elles sont sans fondement, étant donné que l'ADN ingéré est rapidement détruit dans le tube digestif. De plus, les mimes gènes de résistance aux antibiotiques sont déjà présents dans l'intestin de nombreuses personnes.

Toutefois, il faut insister sur le fait que chaque OGM peut poser un problème particulier, qui doit étre examiné au cas par cas. " Suivant ce principe de précaution, tous les colzas et betteraves transgéniques (rendus résistants aux herbicides) sont actuellement interdits à la culture, le mariage de leurs graines avec certaines graminées pouvant poser problème.

La maîtrise du vivant, qui ne fait que commencer, offre donc une source d'applications potentielles inespérées, dont les hommes pourront tirer le meilleur, s'ils savent en éviter le pire.

haut de page
envoyer à un ami
imprimer cette page

 

*GPSR : Groupement des Pédiatres Strasbourgeois exerçant la Réanimation
Unité de Néo-Natalogie - Clinique Sainte Anne