Alimentation du nourrisson
: une découverte progressive des nouveautés
Danièle C., jeune
mère d'un petit garçon de 4 mois, Jérôme,
consulte la diététicienne pour avoir des informations
précises sur la façon de nourrir son bébé. En
effet, Jérôme est no-urri au sein depuis sa naissance,
et devant prochainement reprendre son travail, Danièle
C. s'interroge sur le déroulement du changement d'alimentation.
Soucieuse de bien faire, elle se pose
de nombreuses questions, notamment sur les nouveaux
aliments à proposer. I1 s'agit tout d'abord
d'interroger la mère sur l'histoire de son bébé
- poids et taille de naissance, évolution pondérale,
mode d'alimentation, événements de santé - et sur les
mensurations actuelles. Jérôme pèse 6,6
kg et mesure 62 cm. Ce premier contact est d'autant
plus important qu'il n'existe pas de règles strictes
et applicables à tous en matière d'alimentation
du nourrisson. Les conseils donnés par la diététicienne
doivent être personnalisés et adaptés à
la mère et à l'enfant.
Quel lait choisir pour remplacer
le sein ?
Tout dépend de l'âge du bébé.
En effet, à chaque âge correspond un lait
adapté. Les laits ler âge et 2e âge sont
composés de lait de vache qui a subi des modifications
permettant une bonne digestion. Les laits ler âge
ou laits pour nourrisson sont conçus pour les
nouveau-nés de 0 à 4 mois. A la fin du 4e mois,
le bébé est progressivement passé au 2e âge ou
« lait de suite », de composition légèrement
différente.I1 est enrichi en fer, en vitamines et en
certains acides gras essentiels nécessaires, qui renforcent
l'immunité du bébé et le développement de son système
nerveux.Pour ces différentes raisons et malgré son coût
un peu plus élevé que celui du lait de vache, il est
important de maintenir le lait 2e âge jusqu'à
12 mois, voire 18 mois, à raison d'au moins 500
ml par jour.
Qu'est-ce qu'un lait de croissance
?
Différentes études ont montré que,
dans la majorité des cas, le lait 2e âge était
arrêté vers l'âge de 9 mois, c'est-à-dire
trop tôt pour introduire le « lait de vache
». Afin d'essayer de pallier cet inconvénient,
un nouveau type de lait appelé « lait de croissance
» ou « lait pour la croissance » est
apparu sur le marché. n s'agit d'un produit intermédiaire
entre le lait 2e âge et le lait de vache.
A quel âge donner des
yaourts ?
S'ils sont peu sucrés, les yaourts
comme le fromage blanc ou les petits suisses peuvent
être proposés dès 5 mois en dessert à
l'un des deux principaux repas. Cela contribue à
l'éveil de nouvelles saveurs, mais ne remplace en aucun
cas le lait 2e âge.
Quand proposer des farines ?
Vers 4-5 mois, une cuillerée à
café de farine instantanée pour bébé peut être
ajoutée dans le biberon une fois par jour au maximum.
Progressivement les quantités sont augmentées. La préparation
doit d'abord être fluide, puis semiliquide, et
enfin épaisse à partir de 9 mois. Les farines
étant caloriques, il est inutile d'en proposer des quantités
trop importantes.Le jeune enfant peut être intolérant
au gluten, aussi choisit-on, jusqu'à 6 mois,
des farines ou des préparations avec la mention «
sans gluten ». Après 6 mois, des farines
et des céréales variées, ainsi que du pain peuvent être
donnés.Les céréales pour petit déjeuner du commerce
(en choisissant la texture adaptée) peuvent être
consommées à partir de 18 mois.
A quel âge diversifier l'alimentation
?
Vers 5-6 mois, que l'enfant soit nourri
au sein ou au biberon, la maturité de son système
digestif permet l'introduction d'aliments, tels que
les fruits ou les légumes cuits et mixés. C'est la période
idéale pour inciter le jeune enfant à découvrir
de nouveaux goûts. Il est préférable d'introduire
séparément chaque aliment nouveau pour que le bébé les
tolère et les apprécie. Le rythme convenable
d'introduction des nouveautés est propre à chaque
enfant.
Quels légumes introduire
en premier ?
Vers 5-6 mois, le nourrisson appréciera
des légumes qui n'ont pas un goût trop prononcé,
bien cuits, non filandreux, frais ou surgelés: carottes,
haricots verts, salade cuite, courgettes épluchées,
tomates (sans pépins). Mieux vaut les introduire individuellement
(une cuillerée à café de logumes mixés ou en
petit pot dans le biberon de lait). Certains légumes
sont souvent moins bien tolérés par le tobe digestif
de bébé: lentilles, pois cassés, haricots blancs ou
rouges, fenouil, salsifi, céleri, chou ne sont donnés
qu'à partir de 15-18 mois.
Quand introduire la viande, le poisson
et l'œuf ?
Le lait couvre une grande partie des
besoins en protéines. Les quantités nécessaires de viande,
de poisson ou d'œuf sont donc assez faibles.
A partir de 6-7 mois, deux cuillerées à café
mixées de viande ou de poisson ou un demi-jaune d'œuf
cuit (par jour) suffisent aux besoins du bébé.
A 7 mois, on propose une cuillerée à soupe mixée
de viande ou de poisson ou un jaune d'œuf;
à 1 an, de une à trois cuillerées à
soupe de viande ou de poisson ou un œuf entier;
à 2 ans, 50 g de viande ou de poisson ou un œuf
entier.
Quel dessert proposer ?
Comme pour les légumes, il faut commencer
progressivement: une cuillerée de compote de fruits
(cuits) est d'abord proposée. Le yaourt ou le fromage
blanc sont des desserts très appréciés des tout-petits.
Bon à savoir
Il n'existe pas de règles strictes
et standardisées applicables à tous les nourrissons
pour réussir la diversification alimentaire. Le lait,
même après six mois (du fait de ses qualités
nutritionnelles et de l'apport en calcium), doit garder
une place privilégiée dans l'alimentation du jeune enfant.
Varier le choix des aliments n'est pas toujours facile
pour les mamans, c'est néanmoins indispensable pour
l'éveil du goût de leur bébé.
La diversification alimentaire
du nourrisson :
les erreurs à éviter
Il est actuellement
bien admis que le lait (maternel ou lait industriel
ler âge) doit être le seul aliment de l'enfant
pendant les quatre à six premiers mois de la
vie. En effet, une connaissance aujourd'hui plus précise
de la maturation des principaux systèmes et appareils
du nourrisson, ainsi que les progrès considérables
en matière de qualité nutritionnelle réalisée
par l'industrie des aliments pour nourrisson permettent
de donner quelques règles ou grands principes
qui doivent conduire à éviter certaines erreurs
et donc de limiter les risques alimentaires d'une diversification
mal conduite.
Anatomie et physiologie
Durant les premiers mois de la vie,
la physiologie et l'anatomie du nourrisson sont mal
adaptées à une alimentation non lactée: ce n'est
que vers l'âge de 4 à 6 mois que le nourrisson
est capable d'entraîner les aliments vers l'arrière
pour les avaler et il faudra attendre 9 mois pour voir
apparâître les premiers mouvements masticatoires
réflexes.Les besoins hydriques du nourrisson diminuent
progressivement avec l'âge; aussi l'introduction
trop précoce d'aliments solides diminue la consommation
de lait, et donc la ration hydrique quotidienne;
les apports sodés sontmultipliés par
dix lors de la diversification de l'alimentation, entraînant
une charge osmolaire trop importante pour le rein, car
les capacités d'excrétion rénale du sodium limitées
à la naissance ne s'accroissent que progressivement
au cours de la vie; la sécrétion d'amylase pancréatique
est pratiquement nulle à la naissance et ne devient
significative que vers l'âge de 6 mois; enfin,
les espèces bactériennes de la flore colique
tout particulièrement impliquées dans la digestion
des fibres alimentaires n'atteignent une concentration
suffõsante qu'au cours du deuxième semestre de
la vie (mais le mixage et la cuisson permettent la dissociation
des fibres et en facilitent la digestion).
Manques et excès
Les laits actuels pour nourrissons,
et a fortiori le lait maternel, permettent d'assurer
l'ensemble des besoins nutritionnels des nourrissons
de la naissance à 5 mois, exceptés ceux en vitamine
D. En cas de diversification trop précoce, les nouveaux
aliments introduits ne compensent pas, sur le plan quantitatif
et qualitatif, la diminution de la consommation de lait
qu'ils entrâinent. Ainsi, une diminution des apports
en acides gras essentiels, en calcium et en fer, a été
rapportée chez les nourrissons dont l'alimentation avait
été trop précocement et mal diversifiée.A l'inverse,
des risques d'excès sont possibles, notamment
en ce qui concerne l'apport alimentaire en protéines,
en sodium ou en saccharose.
Risque d'allergie
Plusieurs travaux prospectifs démontrent
que l'introduction dans l'alimentation d'aliments autres
que le lait avant l'âge de 46 mois augmente significativement
le risque de survenue de manifestations allergiques,
notamment eczéma et allergie alimentaire.
En revanche, la diversification précoce
n'augmentant pas le risque de survenue d'un asthme pendant
les quatre premières années de la vie. Ces risques
étant encore plus importants chez les enfants ayant
un terrain familial atopique, il est recommandé de repousser
la diversification au début du sixième mois chez
ces enfants à risque.
Ainsi, il importe d'éviter quelques
erreurs afin de limiter les risques d'une diversification
mal conduite. De ce fait, il est fortement conseillé,
en cas de terrain atopique, de retarder au maximum,
au mieux jusqu'à l'âge de 9 mois, l'introduction
des aliments très antigéniques (œufs, poissons,
arachide, soja, blé, oranges).
Par ailleurs, l'introduction des amidons
(farines, féculents...) et celle des graisses saturées
(graisses lactées naturelles, viandes...) doit être
évitée avant l'âge de la maturation des sécrétions
amylasiques et lipasiques pancréatiques qui se situe
vers 6 mois.
Pas de gluten avant 6 mois
L'introduction du gluten avant 6 mois
est également déconseillée: chez les sujets prédisposés,
elle favorise en effet la survenue de la maladie cœliaque
(les farines données avant l'âge de 6 mois doivent
donc être diastasées, instantanées, non sucrées
et sans gluten).
Ne pas ajouter de sel
Les apports protéiques rapportés au
poids augmentent au moment de la diversification, il
est ainsi fortement conseillé de ne consommer ces protéines
qu'au cours d'un seul des quatre repas quotidiens. Les
apports salés augmentent au moment de la diversification,
il ne faut donc pas ajouter de sel dans l'alimentation
ou utiliser les aliments en petits pots qui obéissent
à la réglementation sur les aliments diététiques
garantissant des teneurs réduites en sel.
L'excès de sucre
Par ailleurs, l'excès d'aliments
sucrés est fréquent au moment de la diversification.
En effet, les mères ont tendance à choisir
ou à préparer des aliments au goût sucré
pour l'alimentation de leur enfant (cette habitude est
préjudiciable tant pour son caractère cariogène
que pour l'appétence particulière pour le sucre
à laquelle elle conduit).
Garder 500 ml de lait par jour
Enfin, même si la consommation
de lait diminue au cours de 1a période de la diversification
au profit des aliments protido-lipidiques non lactés,
le lait doit rester l'aliment central de l'alimentation
du nourrisson, car c'est le seul aliment à pouvoir
couvrir les besoins en calcium. On ne doit jamais descendre
au dessous de 500 ml de lait par jour (ou l'équivalent
en laitages).
Il est important chez le nourrisson
de préférer les laits industriels 2e âge (ou laits
de suite) au lait de vache. Leur supplémentation en
fer, acides gras essentiels et vitamine D imposée par
la législation permet de réduire les risques de carence.
Néanmoins, la supplé mentation en vitamine D est indispensable
et la dose, fonction du lait utilisé: de 600 à
800 UI par jour en cas de l'utilisation d'un lait 2e
âge enrichi et de 1000 à 1 200 UI par jour
en cas d'allaitement maternel ou d'utilisation de lait
de vache. D'après les communications de J.-Ph.
Girardet et P. Tounian (hôpital Armand-Trousscau,
Paris) lors d'une Journée d'enseignement post-universitaire
de Trousseau.
Coliques du bébé : une association
avec le tabagisme maternel
Une étude néerlandaise
montre que les coliques du petit enfant sont deux fois
plus fréquentes si la mère fume. Paradoxalement,
cette association est plus nette lorsque l'enfant est
nourri au biberon. La colique infantile est un
syndrome caractérisé par des pleurs excessifs, habituellement
paroxystiques, chez des enfants pourtant en bonne santé.
Elle commence dans les premières
semaines et dure jusqu'à environ six mois. Elle
pourrait être liée à des causes gastrointestinales
ou psychosociales; il pourrait aussi ne s'agir que d'une
forme extrême de pleurs normaux.Trois études se
sont déjà penchées sur le problème. La
première (Matheson et coll.) a montré que les
enfants nourris au sein par une mère fumeuse
ont plus souvent des coliques; l'explication: le passage
de la nicotine dans le lait. La deuxième (Said
et coll.) a retrouvé une association avec le tabagisme
parental, que l'enfant soit nourri au sein ou au biberon.
La troisième (Haggart et coll.)
n'a retrouvé aucune association. Ces trois études contradictoires
étaient relativement petites.L'équipe de Sijmen Reijneveld
(Pays-Bas) a conduit une nouvelle étude de grande envergure
auprès de 3.345 enfants dont les parents ont
été interrogés par des pédiatres et des infirmières.
La colique était définie par des pleurs pendant plus
de trois heures par jour, pendant plus de trois jours
au cours de la semaine écoulée. Une colique était présente
chez 4,7 des enfants et, surtout, plus fréquente chez
les enfants les plus jeunes et chez les enfants de mère
fumeuse.
Cette association était la plus forte
chez les bébés nourris au biberon. L'odds ratio était
de 2,01 pour moins de 15 cigarettes parjour et de 2,85
pour plus de 15 cigarettes par jour. Pour les enfants
nourris au sein, les odds ratio correspondants étaient
de 1,61 et 2,52. Notre étude montre que le tabagisme
maternel et la colique sont associés mais que l'allaitement
maternel réduit cette association plus qu'elle ne la
renforce.
Toutefois, on peut analyser les résultats
d'autre manière. On peut penser que ce sont les
pleurs de l'enfant qui incitent les mères à
fumer. On peut penser que les mères qui fument
après la naissance fumaient déjà pendant
la grossesse, ce qui a pu déjà retentir sur la
santé de l'enfant. Enfin, on peut imaginer que les fumeuses
sont plus sensibles aux pleurs et peuvent donc les signaler
davantage.
Les petits pots ou plats
pour bébés sont-ils vraiment différents des autres aliments
?
Les aliments infantiles
de la diversification répondent à deux exigences
spécifiques: une sécurité et une qualité optimales,
ainsi que la satisfaction des besoins nutritionnels
de cet âge, définis par les experts et les recommandations
de Sociétés savantes (équilibre des nutriments, justes
doses en protéines, glucides, lipides, sadium, minéraux
et vitamines).
Pour en savoir plus
Les aliments destinés au nourrisson
et au jeune enfant sont soumis à la même
réglementation de base que les aliments courants, mais
doivent en plus répondre aux exigences d'une réglementation
spécifique qui prend en compte les besoins nutritionnels
particuliers de cet âge et impose des normes de
sécurité sanitaire plus strictes que celles définies
pour les autres aliments.Les textes réglementaires qui
régissent les aliments de l'enfance sont élaborés à
trois niveaux.
A l'échelon international, sous l'égide
de l'OMS et de la FAO (Food and Agriculture Organization),
le Codex Alimentarius définit des normes agro-alimentaires.
Les premières normes mondiales relatives aux
préparations pour nourrisson datent de 1981.
L'harmonisation européenne relative
à ces aliments a été plus tardive (1989). Les
directives émanent de la Direction générale "Santé
Consommateurs", qui s'appuie sur les travaux du
Comité scientifique de l'alimentation humaine de la
CEE.En France, trois ministères (Santé, Agriculture,
Economie et Finances) préparent les textes en se fondant
sur les avis de plusieurs instances scientifiques auxquelles
collaborent des nutritionnistes, des pédiatres, des
toxicologues, des biochimistes...
Les spécificités de l'alimentation
du jeune enfant ont été reconnues par les pouvoirs publics
français il y a vingt-cinq ans, avec la publication,
en 1976 et 1978, d'arrêtés précisant le cadre
réglementaire des laits pour bébés et des aliments adaptés
à l'enfance.
L'évaluation des risques sanitaires
et nutritionnels des aliments est du ressort de l'Agence
française de sécurité sanitaire des aliments
(AFSSA), mise en place en 1999.
Les ingrédients qui entrent
dans la composition des aliments infantiles de la diversification
sont-ils tous contrôlés
Les aliments infantiles
de la diversification font l'objet de contrôles
rigoureux à tous les stades de la production,
du choix des matières premières aux produits
finis.
Pour en savoir plus
Les agriculteurs sont sélectionnés
en fonction de divers critères, parmi lesquels
les compétences techniques, bien sûr, mais également
les traitements agricoles au cours des années précédentes
et l'absence de sources de pollution avoisinantes. Ils
s'engagent à respecter un cahier des charges
définissant, en particulier, des critères organoleptiques,
physicochimiques et bactériologiques pour chaque matière
première.
Sont également précisées les conditions
requises en matière de traçabilité, de
stabilité, de mode de conditionnement, de stockage et
de transport des produits utilisés. Enfin, ces fournisseurs
sont audités régulièrement afin de vérifier le
strict respect des cahiers des charges. Les contrôles
se poursuivent à l'arrivée dans l'usine, où
les matières premières subissent à
nouveau des analyses physiques, chimiques, microbiologiques
et organoloptiques, avant même d'être utilisées.
Seules celles jugées conformes entrent
dans la chaîne de fabrication. Les aliments de
la diversification infantile, comme les petits pots
et les plats préparés, sont ensuite soumis à
des contrôles spécifiques visant à garantir
leur sécurité microbiologique et à rechercher
d'éventuels contaminants.
Des règles strictes d'hygiène
sont appliquées à toutes les étapes de la fabrication.Enfin,
les lots sont stockés jusqu'à la fin des contrôles
effectués sur les prélèvements réalisés au cours
de la production, ou sur les produits finis.
Quelles précautions ont
été prises concernant la présence de viande de boeuf
dans les petits pots
Les petits pots et les
plats à base de viande contiennent uniquement
du muscle, partie de l'animal (avec le lait) reconnue
comme non contaminante par les experts. La viande bovine
d'origine britannique, ainsi que les abats de toute
origine et de toute espèce, sont exclus de la
fabrication des petits pots.
Pour en savoir plus
La confirmation du risque de transmission
de l'agent de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB)
à l'homme, évoquée à partir de 1990, a
été faite en plusieurs étapes, de manière indirecte,
par des travaux expérimentaux. Fin 1999, les doutes
sur la similitude de l'agent causal de 1'ESB avec celui
du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob
(nv-MCJ) ont été définitivement levés par l'équipe de
Prusiner, prix Nobel de médecine pour ses travaux sur
les prions [1 2].
Dès 1990, soit six ans avant
l'embargo européen, les fabricants d'aliments de l'enfance
ont proscrit l'utilisation de la viande bovine britannique
dans la fabrication des petits pots, et ont exclu les
abats de toute espèce animale.Les petits pots
à base de viande contiennent uniquement du muscle,
partie de l'animal (avec le lait) reconnue comme non
contaminante par les experts. Les organes et tissus
à risque comme la cervelle, la moelle épinière,
l'oeil, la rate, le thymus, les intestins, les amygdales
ne sont utilisés ni dans les petits pots ni dans les
petits plats.
En 1992 les pouvoirs publics
français ont officialisé ces mêmes principes
de précaution pour les aliments de l'enfance.Enfin,
les viandes séparées mécaniquement sont également exclues
de la fabrication des petits pots et des petits plats.Comme
pour les fruits et légumes, l'approvisionnement en viande
est soumis à un cahier des charges très
strict, concernant l'alimentation des animaux (pas de
farines animales) et la traçabilité jusqu'à
l'élevage.
Les aliments infantiles
de la diversification contiennent-ils des organismes
génétiquement modifiés ?
Aucun ingrédient issu
d'organisme génétiquement modifié (OGM) n'est utilisé
pour la fabrication des aliments infantiles.Pour éviter
le risque lié à d'éventuelles contaminations
accidentelles lors du transport et du stockage des matières
premières, les industriels ont développé des
filières sans OGM.
Pour, en savoir plus
Depuis 1998, la réglementation européenne
impose de signaler lisiblement la présence d'OGM sur
les étiquettes. Elle s'applique aux aliments contenant
(ou issus) des OGM (règlement 1139/98 du 26 mai
1998), mais aussi, depuis avril 2000, aux additifs et
arômes obtenus à partir d'OGM [3, 4].
Les fabricants des aliments de l'enfance
ont décidé d'exclure les ingrédients issus d'OGM de
leurs produits.
C'est pourquoi les étiquettes des aliments
infantiles ne font pas mention d'OGM.Les aliments issus
ou contenant des OGM sont au centre d'un débat éthique.
En marge de ce débat, différents points relatifs à
la santé publique sont évoqués, en particulier le potentiel
allergisant des plantes modifiées. Aucune donnée actuelle
ne permet de supposer que les aliments transgéniques
ont une allerginicité plus importante que les aliments
traditionnels.
L'expérience a montré qu'une protéine
est transférée avec l'ensemble de ses propriétés, y
compris allergéniques. Ainsi, pour les protéines connues
pour être allergisantes, contrairement aux protéines
dont l'allerginicité est inconnue, l'évaluation du risque
pose peu de problèmes et se fait avec des techniques
classiques [5].En France, à l'initiative de 1'AFSSA
et de l'Institut de veille sanitaire (InVS), une réflexion
est actuellement menée sur la mise en place d'un système
d'allergo-vigilance appliqué aux nouveaux aliments [6].
Y a-t-il des conservateurs
dans les aliments infantiles ?
Conformément à
la législation, les aliments infantiles ne contiennent
pas de conservateurs.
Pour en savoir plus
Afin d'assurer leur sécurité microbiologique
tout en préservant leurs qualités nutritionnelles et
organoleptiques, les aliments infantiles sont soumis
à un traitement thermique de stérilisation ou
de pasteurisation. Les flores bactériennes pathogènes
sont détruites. L'usage des conservateurs est donc inutile.
Peut-on donner des petits
pots à un enfant allergique ?
La présence de substances
potentiellement allergisantes est mentionnée sur l'étiquette
des petits pots. Tous les ingrédients étant clairement
indiqués, des recommandations simples du médecin permettent
aux parents de choisir en toute sécurité les aliments
pour l'enfant allergique ou à risque d'allergie.
Pour en savoir plus
Les allergies alimentaires préoccupent
médecins et parents; d'une part, parce que leur prévalence
est en augmentation dans tous les pays; d'autre part,
parce qu'elles touchent plus fréquemment les enfants
que les adultes.La prévalence de l'allergie alimentaire
en Europe varie, selon les études, de 1,8 % à
4,4 % tous âges confondus. En France, elle est
estimée à 2,1-3,8 %17]
Les allergies alimentaires débutent
dans la majorité des cas durant l'enfance. Aux Etats-Unis,
elles touchent entre 6 et 8 % des enfants de moins de
deux ans.L'augmentation des allergies alimentaires est
liée à divers facteurs génétiques et environnementaux,
parmi lesquels on peut citer l'âge de la première
exposition et l'apparition d'aliments nouveaux comme
les fruits exotiques.
Cinq aliments sont responsables de plus des trois quarts
des allergies alimentaires chez l'enfant en France [8]:
l'oeuf: 36 %; l'arachide: 24 %; le lait de vache: 8
%; la moutarde: 6 %; les poissons (morue): 4 %.
Avant l'âge de trois ans, les
deux aliments le plus souvent incriminés sont le lait
et les oeufs.
L'arachide, qui pose les problèmes
les plus sérieux, est le premier allergène alimentaire
chez les plus de trois ans. Sont également connus pour
leur pouvoir allergisant la noisette, le kiwi, les
crevettes, les pois, les lentilles, les amandes, le
soja...
La prudence s'impose chez les enfants
qui sont allergiques ou appartiennent à des familles
d'allergiques. On sait en effet que le risque de développer
une allergie est plus élevé dans ce cas. Une bonne connaissance
des allergènes alimentaires les plus fréquents
chez l'enfant et des allergies croisées est également
importante.
Quelles sont les différences
entre les petits pots classiques et les petits pots
biologiques
Les petits pots, qu'ils
soient classiques ou "bio" , obéissent à la législation
de l'alimentation infantile qui garantit au i bébé un
niveau optimal de sécurité.
Pour en savoir plus
Les matières premières
des petits pots "bio", (issus de l'agriculture biologique)
sont, comme leur nom l'indique, issues de l'agriculture
biologique, dont l'objectif est le respect de l'erivironnement.
Un certain nombre d'obligations de moyens sont ainsi
réglementairement définies pour atteindre cet objectif.
On peut citer comme exemples la
sélection des engrais ou la sélection des pesticides
d'origine naturelle qui, seuls, peuvent être utilisés.
Les petits pots, qu'ils soient "classiques"
ou "bio", sont soumis à une obligation de résultats
et pas seulement de moyens: ils obéissent à la
législation de l'alimentation infantile qui garantit
au bébé un niveau optimal de sécurité: absence de conservateur,
de colorant, d'édulcorant ou d'arôme artificiel
(sanf l'éthylvanilline), une teneur en pesticide proche
de zéro. De plus, ces aliments ont une teneur très
faible et maîtrisée en nitrates conformément à
la norme que se sont fixés les professionnels de l'alimentation
infantile.
Peut-on réutiliser un petit
pot entamé ?
Il est tout à
fait possible d'utiliser un petit pot ou un plat entamé
sans risque, à condition de respecter les classiques
règles d'hygiène alimentaires. Le petit
pot doit en outre être conservé fermé au rétrigérateur
et consommé au plus tard dans les quarante-huit heures.
La quantité de sel est-elle
controlée dans les aliments infantiles
La quantité de sodium
présente dans les aliments infantiles de la diversification
est limitée et maîtrisée par les fabricants conformément
à la réglementation. Elle est inférieure à
200 mg pour 100 g (ou pour 100 kcal), qu'il s'agisse
des aliments à goût salé ou sucré.
Pour en savoir plus
Une consommation excessive de sel pourrait
avoir des conséquences non négligeables sur la santé
cardiovasculaire. Certaines études expérimentales et
des études d'observation ont montré qu'un apport de
sel supérieur aux besoins physiologiques est associé
à une élévation de la pression artérielle 19].
Dans son ouvrage sur les apports nutritionnels conseillés
(février 2001), l'AFSSA indique, à propos du
chlorure de sodium, que " l'ensemble des scientifiques
s'accorde sur un besoin minimal physiologique autour
de 2 g/jour".
Selon les recommandations pédiatriques
européennes, la consommation quotidienne de sel devrait
se situer entre 5 et 10 g par jour. Au-delà,
l'excès de sel pourrait être impliqué dans
la genèse de l'hypertension artérielle.
"Cependant, tempère le Pr Chevallier,
on ne peut pas uniquement incriminer le sodium dans
le développement de 1'HTA, puisque cette affection est
multifactorielle et met notamment en jeu des facteurs
génétiques. Les études qui, chez le jeune enfant, ont
montré une association entre la consommation de sel
et l'élévation de la pression artérielle ont été réalisées
avec des laits qui ne sont pas utilisés en pratique
".
Aujourd'hui, les laits et aliments pour nourrissons
ont une teneur en sodium située dans les fourchettes
préconisées par les pédiatres", précise B. Chevallier.
En effet, la quantité de sodium présente dans les petits
pots est réglementairement limitée. Elle est inférieure
à 200 mg pour 100 g (ou pour 100 kcal), qu'il
s'agisse des aliments à goût salé ou sucré.
Les petits pots et petits plats sont
moins salés que l'alimentation à laquelle sont
habitués les parents, à qui ils paraissent fades.
La quantité de sucre est-elle
également contrôlée dans les aliments infantiles
?
La quantité de glucides
dans les aliments infantiles est limitée: les teneurs
globales ne dépassent pas 15 à 25 g pour 100
g selon le type de produit.
Pour en savoir plus
La consommation de sucre des enfants
préoccupe certains parents, qui s'interrogent sur le
rôle qu'il pourrait jouer dans le développement
de l'obésité. Or, la responsabilité des sucres dans
la surcharge pondérale chez le jeune enfant n'est pas
consensuellement admise.
"La consommation de fructose ne pose
aucun problème, souligne le Pr Chevallier, car
il s'agit d'un sucre qui ne peut se transformer en d'autres
composants.Il ne modifie pas la glycémie et,
par conséquent, ne met pas en jeu des hormones comme
l'insuline qui vont favoriser l'anabolisme glucidique
ou lipidique ".
Les glucides font partie des ingrédients
dont la quantité dans les petits pots est limitée. Dans
les aliments pour bébé à goût sucré, les
limites maximales de glucides sont fixées à des
teneurs globales allant de 15 à 25 g pour 100
g - ou pour 100 ml- selon le type de produit (jus, préparation
à base de fruits, desserts...).
Les petits pots de carottes
sont-ils plus pauvres en nitrates que la purée maison
?
En accord avec les recommandations
de l'European Society of Pædiatric Gastroenterology,
Hepatology and Nutrition (I'ESPGHAN), la teneur en nitrates
des petits pots est inférieure à 25 mg pour 100
g, alors que dans les carottes faites maison elle peut
atteindre 90 mg pour 100 g. Ces teneurs sont garanties
par l'utilisation de logumes faisant l'objet d'une agriculture
dédice et spécifique.
Pour en savoir plus
Les légumes contiennent des quantités
plus ou moins importantes de nitrates, en particulier
lorsqu'ils sont présentés sous forme de bouillon ou
de purée.
Leur teneur dans les carottes va jusqu'à
47,5 mg pour 100 g [10]. Dans la purée de carottes faite
maison, elle peut atteindre 90 mg pour 100 g.La teneur
en nitrates des petits pots est contrôlée et limitée.
Selon les recommandations de 1'ESPGHAN, elle doit être
inférieure à 25 mg pour 100 g.
Cette norme est appliquée, à
titre volontaire, par les fabricants depuis 1994. Les
nitrates ont été impliqués dans la méthémoglobinémie
du nourrisson dans les années quarante. C'est une équipe
américaine qui, à propos de deux cas, a soulevé
l'hypothèse d'un lien entre cette affection et
les nitrates [11].
On sait aujourd'hui que les nitrates
eux-mêmes ne sont pas dangereux.Les agents
méthémoglobinisants sont les nitrites, des produits
de leur réduction.
La transformation des nitrates en
nitrites se fait sous l'influence d'enzymes et de bactéries.
La prolifération bactérienne due au mauvais stockage
des biberons et des préparations maison de légumes apparaît
comme la cause essentielle de méthémoglobinémie.
Cependant, le rôle d'une réduction
des nitrates par la flore intestinale ne peut être
écartée. Les huit derniers cas de méthémoglobinémie
acquise rapportés en France au début des années quatre-vingt
concernaient des enfants souffrant de diarrhée aiguë.
Quatre d'entre eux avaient consommé
pendant longtemps de la soupe de carottes riche en nitrites.
Pour les quatre autres malades, qui avaient une diarrhée
sévère, une nitrification endogène par
prolifération bactérienne a été évoquée [12]. Plus récemment,
en Espagne, la consommation de purée de betteraves préparée
à la maison et conservée dans de mauvaises conditions
a été incriminée dans sept cas de méthémoglobinémie
du nourrisson. Dans cette région, les betteraves contiennent
en moyenne 320 mg de nitrates pour 100 g [13].
Y a-t-il des pesticides
dans les aliments pour bébé
Ces aliments ont une
teneur en résidus des pesticides proche de zéro. La
réglementation européenne impose une norme inférieure
à 0,01 mg/kg.
Pour en savoir plus
La réglementation européenne sur les
résidus de pesticides dans les aliments pour bébé a
été adoptée en 1999 et entrera en vigueur au ler juillet
2002. Les fabricants appliquent, depuis 1997, les recommandations
du Conseil supérieur d'hygiène publique de France
(CSHPF) prenant acte du fait que la possibilité d'une
plus grande sensibilité aux toxiques des nourrissons
et des enfants en bas âge semble établie (rapport
du 8 octobre 1996).
La France a modifié les textes réglementaires
concernant ces substances l'année dernière, en
indiquant, notamment, que les aliments pour bébés ne
doivent pas contenir de résidus des différents pesticides
[...] dans des proportions supérieures à 0,01
mg/kg dans le produit tel que consommé.
Ces limites, valables pour l'ensemble
des pesticides, sont de 10 à 1000 fois plus basses
que celles exigées pour les aliments courants. A titre
d'exemple, les quantités maximales autorisées dans les
pommes et les poires fraîches vont de 100 1lg
pour 100 g pour l'amitraze à 1000 ~g pour 100
g pour l'iprodione, alors que ces teneurs sont inférieures
à 1 1lg pour 100 g dans les petits pots.
Qu'en est-il des colorants
et des aromes dans les petits pots pour bébés ?
Conformément à
la réglementation, les aliments infantiles de la diversification
ne contiennent ni éduicorants, ni colorants.
Pour en savoir plus
L'usage de ces ingrédients dans les
aliments destinés aux nourrissons et enfants en bas
âge est interdit par une directive de l'Union
européenne de 1994 publiée au Journal O~iciel trois
ans plus tard [15]. L'usage des autres additifs alimentaires,
notamment des arômes artificiels, fait l'objet
de restrictions draconiennes 116]. Les petits pots ne
contiennent pas d'arômes artificiels.
Le seul arôme artificiel autorisé
est l'éthylvanilline.
Les aliments de la diversification
sont-ils vraiment adaptés au goût du bébé ?
Les aliments infantiles
de la diversification ont des textures différentes,
adaptées à chaque âge, et sont conçus
pour répondre
à des exigences organoleptiques précises.
Pour en savoir plus
Les enfants sont réactifs aux saveurs
dès leur vie in utero. Jusqu'au huitième
mois, le fœutus possède des papilles gustatives
sur la langue, mais également sur le palais, l'épiglotte,
l'oesophage, le larynx. A partir de la naissance, elles
disparaissent de ces localisations pour persister uniquement
sur la langue. Les papilles gustatives des bébés sont
particulièrement sensibles. L'apprentissage du
goût et l'acquisition du répertoire alimentaire
chez le petit enfant sont importants.
On sait que les habitudes alimentaires
du tout petit conditionnent son comportement alimentaire
ultérieur. D'où l'intérêt d'éduquer l'enfant
à différentes saveurs dès son plus jeune
âge, et ce d'autant plus qu'apparaît une
néophobie alimentaire à partir de l'âge
de trois ans. Une étude récente confirme que l'acceptation
des aliments par les jeunes enfants est favorisée par
les expositions à une grande variété de saveurs.
*GPSR : Groupement
des Pédiatres Strasbourgeois exerçant la Réanimation
Unité de Néo-Natalogie - Clinique Sainte Anne