Enfants intellectuellement précoces
: Point de vue de pédiatre.
Dr Alain Brochard
La précocité intellectuelle
serait-elle un handicap ? Oui si elle n’est pas
reconnue.
Même reconnue, la scolarité et la vie
de ces enfants n’est pas sans embûches
pour deux raisons.
Le décalage entre d'une part leur niveau intelligence
et de mémoire, et d'autre part leurs difficultés
de contact avec les autres enfants si différents
d’eux.. L’asynchronisme du développement
entraîne une certaine incapacité relationnelle,
un décalage « politique », qui peut
compliquer la vie de l'enfant et de son entourage.
Les relations avec la famille et avec les professeurs
sont forcément biaisées, non conventionnelles,
et compliquées par l'incompréhension
mutuelle.
Les conséquences de la précocité
sur la vie scolaire sont telles que 33% des enfants
sont en échec scolaire au collège. On
appelle cela le paradoxe de l’enfant précoce.
En fait , chez eux les paradoxes ne manquent pas…
La méconnaissance de la précocité
est proprement inimaginable ! Il faut dire que la précocité
s’avance masquée sous des apparences trompeuses
et multiples: Instabilité et hyperactivité,
échec scolaire, et surtout dépression.
L’enfant lui-même tente d'escamoter ses
différences avec des habiletés incroyables.
La majorité des médecins méconnaissent
la symptomatologie et demandent à s’informer
(Sondage récent Hermès).
Quant aux professeurs, ils sont en première
ligne après les parents. Leur tâche n'est
pas aisée. Ils sont d'abord perturbés
et désorientés par l'enfant qui par son
comportement les déroute. Un enfant qui déroute
est suspect de précocité, même
si ses résultats sont mauvais. Penser
à la précocité autant qu'aux autres
pathologies.
L'enseignant s'efforcera aussi de dépasser le
discours égalitaire, et de reconnaître
les différences entre enfants. Différences
aussi bien vers le bas que vers le haut, mais aussi
différences qualitatives, selon la personnalité
de chacun. Il sera amené (tâche ô
combien difficile ) à inverser son regard, cherchant
à pointer les qualités et non pas les
fautes.
Les parents sont d’abord étonnés,
puis désappointés, puis exaspérés,
puis consternés par les troubles du comportements,
jusqu’au jour où l’on distingue
avec eux la particularité de leur enfant. Tel
parent voit une précocité chez son enfant
et n'ose en parler craignant de se vanter et d'être
rabroué par l'enseignant. Tel autre l'ignore
et peut ainsi la méconnaître, et ce n'est
pas rare, jusqu'à l'âge adulte...
Le doute devrait suffire à soulever la question
et à demander des tests.
L’annonce du diagnostic provoque un effet considérable,
qui conduit à changer de regard et de méthode.
(Connais-toi toi-même) L’effet d’annonce
est une première pierre de la construction thérapeutique.
Le pédiatre est habité par la hantise
de passer à côté d’un enfant
précoce sans le reconnaître.
Chez le nourrisson la qualité du développement
psychomoteur n’est pas un indice de future précocité.
Le premier signe annonciateur c'est la qualité
et la précocité du langage. Mais cela
ne suffit pas à l’affirmer. A 3 ou 4 ans,
tout devient plus évident dans la plupart des
cas pour le médecin averti. Précocité
du langage, multiples centres d’intérêts
et de passions, goût pour l’histoire et
la préhistoire, l’astronomie, l’origine
du monde, les questions philosophiques…leur curiosité
est telle qu’elle surpasse les critères
de leur âge, et franchit les barrières
du temps, et de l’espace.
Vif-argent, il reprend ses parents, les corrige et
coupe la parole sans cesse, se montre pertinent et
impertinent, logique et maladroit, ne supporte ni d’attendre,
ni les tâches répétitives de l’apprentissage,
impatient il a horreur des répétitions
et des redites, il refuse les règles et manque
cruellement de souplesse avec les autres, dont il pointe
les lenteurs sans indulgence.
Surprenant, brillant, déroutant, plein d’humour,
passionné, il suit son idée, il aime
les jeux compliqués mais les délaisse
dés qu’il pense les avoir épuisés,
adore la compétition, est volontiers mauvais
joueur, craint l’inactivité par dessus
tout. Il lui faut du grain à moudre !
Si personne ne s'aperçoit de rien, 3 complications
le menacent : agitation, dépression et échec
scolaire.
-S’il est difficile à la maison, il peut
se montrer trop calme à l’école
où il se replie derrière une attitude
de défense. Il peut être inhibé
chez lui et s’agiter à l’école.
Comme tous les autres enfants.
Si des signes de dépressions surviennent soudainement,
on recherche un événement déclenchant
à type de perte, décès, séparation,
déménagement, naissance…Mais la
découverte d’un tel événement
ne suffit pas. Attention aux fausses pistes. Sous l’explication
évidente, penser à la précocité
et la rechercher en remontant à l’histoire
du développement de l’enfant.
-Le collégien dépressif a des troubles
du sommeil, des troubles digestifs atypiques, tombe
plus souvent malade, alterne agitation et abattement,
parle de la mort, pleure sans raison apparente…Les
résultats scolaires s’effondrent, alors
qu’ils étaient excellents auparavant.
Mais parfois la descente est progressive, encore plus
trompeuse. L'échec scolaire recèle volontiers
sous son masque une précocité méconnue.
La vie à la maison, les frères et sœurs
surtout en pâtissent et se plaignent de lui.
Au fil des entretiens il faut rebondir sur les petits
signes
évocateurs de la précocité surtout
le langage et la curiosité précoces.
-Les tests psychologiques donnent un chiffre de QI
mais aussi un profil présenté en 2 chapitres,
verbal et non verbal. Ce profil a autant d’intérêt
que le QI lui-même. On parle de précocité
au dessus de 130.
Ce chiffre devra être gardé par les parents
avec une certaine discrétion. Il ne se porte
pas en sautoir.
Il faut distinguer les enfants de QI > 150 qui poseront
plus de problèmes que ceux situés entre
130 et 150. L'expérience semble le confirmer.
Commence alors l’accompagnement. Donner les sites
des associations de parents me paraît être
une bonne entrée en matière ( http/www.afep.asso.fr
et http://www.anpeip.org/modules/news/ ) qui fournit
aux parents de quoi s’informer eux-même.
Tout en les prévenant des vaines inquiétudes
que l’Internet ne manque pas de susciter.
Au quotidien il faudra lutter contre la tendance à
l’isolement, contre l’ennui scolaire, en
fournissant à l'enfant des sujets d’intérêt
à l’extérieur de l’école,
en faisant sauter une ou deux classes, ou en choisissant
des classes avec des enfants de niveaux différents
(CP+CE1+CE2) parfois en intégrant une classe
d’enfants précoces, seule et dernière
solution pour certains enfants très décalés
et rejetés de l’école par leur
camarades (violences) et parfois par leur professeur.
Favoriser les rencontres avec d’autres précoces
grâce aux associations, surveiller les frères
et sœurs, précoces ou non, chez lesquels
on peut ( ce n'est pas rare ) déceler d’autres
précoces, ou bien des souffrances induites.
Garder avec l’enfant des exigences et des principes
éducatifs, des valeurs, en sachant s’opposer
quand il le faut en respectant justice et équité.
Le pire à éviter étant d’osciller
entre séduction et exaspération, ce qui
plonge l'enfant dans l'incohérence des sentiments...
L’orthophonie peut se révéler utile
en cas de dyslexie ou de troubles de l’écriture,
qui ne sont pas rares chez l’enfant précoce.
La relation duelle avec l'adulte ne lui déplait
pas.
Le recours au pédopsychiatre s'impose si les
signes de souffrance, de dépression, les troubles
du comportement, voir des troubles de la personnalité
( ce n'est pas rare ) apparaissent.
Citons encore, parmi d'autres, les associations cliniques
suivantes :
Précocité et hyperactivité avec
troubles de l’attention.
Précocité avec parents en difficulté,
handicapés ou malades mentaux.
Précocité et parent unique.
Précocité et collatéral handicapé
Précocité et anorexie mentale…
L’histoire naturelle des enfants précoces,
tient de la partie de cache-cache.
Le diagnostic s’il n’est pas trop tardif,
transforme leur vie d’enfant et d’adolescent,
qui malgré tout sera délicate pour eux-même
et pour l’entourage.
L'enfant précoce aura à s'adapter à
une société qui doit le reconnaître
et l'accueillir.
Mais, au delà des difficultés, nous aurons
du moins la joie de voir s’exercer devant nous
une belle intelligence, avec son humour, son sens de
la répartie, une sensibilité aiguë.
Joie que nous pourrons partager avec les parents.
Strasbourg – Dr
Alain Brochard
http://www.afep.asso.fr Le site
animé par Sophie Côte, cf. bibliographie.
Le site animé par Charles Terrassier.
http://perso.wanadoo.fr/charlyval/ le site de Charles
7 ans.
http://www.ac-toulouse.fr/garsep/index1.htm Le point
de vue de 7 enseignants de Toulouse.
http://www.douance.org/psycho/adda89.htm à propos
de l’échec scolaire.
http://www.enfantsprecoces.info/versiontableau/1erspas/signescaracteristiques.htm
Les signes caractéristiques ou très évocateurs
de la précocité._______________________
Pipi au lit: l'acquisition
de la propreté n'est pas toujours chose facile
Pipi
au lit : l'enfant ne le fait pas exprès, il en
subit les conséquences (haro sur la propreté)
voir
aussi: www.pipi-au-lit.net
Plus de 400.000 enfants âgés de 5 à
10 ans sont atteints en France d'énurésie
nocturne primaire isolée (ENPI), un problème
fréquem-ment passé sous silence alors
qu'une prisse en charge adaptée comportant un
traitement spécifique permet d'accélérer
sa disparition dans la majorité des cas.
L'énurésie reste aujourd'hui encore un
problème trop souvent banalisé, dont les
répercussions tant sur la vie de l'enfant que
sur celle de la famille sont sous-estimées. Les
répercussions familiales, souvent méconnues,
n'en sont pas moins importantes:
- conséquences financières (lavage, repassage,
couches, traitements éventuels classiques ou
non [consultations,
alarmes, cures thermales...]);
- conséquences sur la mobilité de la famille;
- sentiment d'échec éducatif et de culpabilité
des parents: l'enquête Sofres de 1997 et l'enquête
menée par le Laboratoire Ferring en 1999 révèlent
que 48 % des mères estiment qu'elles pourraient
être responsables, 57 % pensent que l'énurésie
a débuté à la suite d'événements
particuliers;
- dysfonctionnements familiaux engendrés par
la mauvaise relation entre l'enfant et les parents,
les punitions infligées à l'enfant (30
% des cas), les brimades, voire des sévices,
le secret familial (l'énurésie de l'enfant
est pour certains un sujet tabou).
Les répercussions sur l'enfant sont sociales,
mais aussi scolaires et psychologiques. La gêne
sociale de l'énurésie pour les enfants
est bien réelle: l'enfant s'isole, refuse d'aller
dormir chez des amis ou de partir en collectivité,
et ses relations avec les autres enfants en classe ou
même en dehors de la classe sont détériorées.
Le retentissement de l'énurésie sur la
scolarité est difficile à apprécier,
souligne le Dr Jean-Paul Blanc (pédiatre libéral,
Saint-Etienne), responsable du Groupe de l'AFPA* sur
les problèmes scolaires. Toutefois, selon l'enquête
de la Sofres de 1997, 2% des mères, 15 % des
médecins scolaires et 26 % des enseignants estiment
que l'énurésie retentit sur les performances
scolaires.
Cet impact négatif pourrait
être lié aux répercussions psychologiques
de l'énurésie dont certaines sont indiscutables,
telles que le repli sur soi et le manque de confiance,
la diminution de l'estime de soi.
Angoisse, instabilité-hyperactivité, agressivité,
troubles de l'humeur et troubles du sommeil: il est
difficile d'établir avec certitude un lien de
causalité entre les symptômes observés
et l'énurésie.
Les répercussions réelles de ce sujet
« tabou » dans les familles et dans la société
sont encore à préciser, d'où l'intérêt
de l 'enquête nationale « Pipi au lit »,
lancée par le Laboratoire Ferring pour évaluer
le retentissement de l'ENPI sur la vie scolaire, familiale
et relationnelle de l'enfant. Cette enquête a
débuté le ler octobre 2002, elle doit
être menée sur vingt-quatre mois auprès
de 3 000 familles, ses résultats feront l'objet
d'une publication.
Rassurer,
déculpabiliser, chercher l'adhésion
Après confirmation du diagnostic d'ENPI, la première
étape repose sur la qualité de l'entretien
entre l'enfant, le ou les parents et le médecin,
l'objectif étant de rassurer l'enfant sur sa
« normalité », de le déculpabiliser,
d'entrâiner sa coopération et son adhésion
au traitement.
Cette première consultation est l'occasion de
donner des conseils simples (veiller à ce que
les boissons soient régulièrement réparties
dans la journée pour pouvoir les restreindre
le soir, vider sa vessie juste avant de s'endormir...,
supprimer les couches) et de faire participer l'enfant
par la tenue d'un calendrier mictionnel. Souvent, cette
prise en charge comportementale ne suffit pas, des traitements
spécifiques non médicamenteux et/ou
médicamenteux pourront alors être envisagés
lors des consultations suivantes.
Un conditionnement par alarme sonore
peut donner de bons résultats (de 70 à
85 %) chez un enfant motivé, suffisamment mature
pour en comprendre le fonctionnement, si les conditions
de vie sont compatibles (chambre individuelle), et si
les parents sont coopérants. En France, les alarmes
sonores sont peu utilisées en raison de leur
coût et de l'absence de prise en charge par la
Sécurité sociale.
Parmi les traitements médicamenteux,
la desmopressine (Minirin), est indiquée en première
intention dans l'ENPI polyurique. Utilisée sous
forme de spray nasal chez les enfants à partir
de 5 ans, Minirin est maintenant disponible sous forme
de comprimés à 0,2 mg pour les enfants
à partir de 6 ans.
Les antidépresseurs tricycliques
ne sont pas un traitement de première intention
dans l'ENPI, explique le Dr Anne Van Egroo (hôpital
Jeanne-de-Flandre, néphrologie pédiatrique,
Lille): leur marge thérapeutique est étroite,
leur utilisation reste limitée aux énurésies
réfractaires des grands enfants après
avoir prévenu les familles du risque d'effets
indésirables graves liés au surdosage.
En cas d'échec de la monothérapie, une
association entre différents traitements peut
être envisagée, comme desmopressine et
alarme sonore.
Dr Micheline FOURCADE
« Conceptions actuelles de l'énarésie
nocturne isolée », symposium organisée
par le Laboratoire Ferring. Association française
de
pédiatrie
Dr Micheline Fourcade, Le Quotidien
du médecin, 7/02/2003
L'intégration d'un
enfant trisomique en école maternelle
Selon
la loi, tout enfant a le droit de faire partie de la
communauté scolaire. L'intégration consiste
à accueillir un enfant différent au sein
d'une classe dont le fonctionnement repose traditionnellement
sur une relative
II ne s'agit pas de rendre
cet enfant différent semblable aux autres, mais
de lui proposer un projet adapté à ses
compétences et compatible avec les exigences
du groupe:intégration n'est pas assimilation.
Que peut-on attendre de la présence
d'un enfant trisomique dans une classe maternelle ?
L'expérience de l'intégration scolaire,
du moins pendant un temps, est une reconnaissance de
cet enfant dans notre société; elle est
vécue comme telle par les parents (même
si beaucoup des
enfants concernés continueront leur scolarité
en milieu spécialisé) et leur permet de
mieux comprendre leur enfant et son handicap.
Pour l'enfant La fréquentation d'une classe peut permettre
à l'enfant trisomique de:
- vivre dans un milieu moins protégé,
dans lequel l'attention de l'adulte et des autres enfants
ne
sera pas polarisée sur lui;
- améliorer son comportement et son attention;
- mieux comprendre les situations, puis les consignes,
individualisées puis collectives;
- tirer profit, en termes d'éveil et d'apprentissage,
des diverses activités proposées;
- accéder à un certain degré d'autonomie
et de responsabilité;
- prendre conscience de ses différences et de
ses difficultés, et avoir confiance en ses possibilités;
- comprendre que les autres, adultes et enfants, peuvent
attendre quelque chose de lui.
Pour les autres élèves
de la classe
Confrontés à la présence d'un enfant
trisomique, les élèves de la classe pourront
acquérir des notions de tolérance et de
solidarité. Ils apprendront à repérer
des valeurs qui ne sont pas toujours reconnues dans
notre société de compétition. Il
revient à l'enseignant de les accompagner dans
cette démarche.
Pour l'enseignant
L'accueil de cet enfant représente pour l'enseignant,
un supplément de travail non négligeable:
observation précise des possibilités de
l'enfant, attention très indi,vidualisée,
pédagogie novatrice.
Mais c'est cela qui rend l'expérience enrichissante,
et ceux qui l'ont tentée notent que l'ensemble
de leurs élèves bénéficie
de cette approche plus attentive de chaque enfant.
Comment organiser au mieux cette
intégration ?
Avant toute intégration scolaire, il est souhaitable
que l'enfant ait eu une expérience de socialisation
(crèche, haltegarderie, etc.) et qu'il ait acquis
un peu d'autonomie et intégré les premières
notions de règles de vie collective.
Les cas difficiles
Il faut prévoir l'intégration scolaire
si, et seulement, si elle ne nuit pas à l'enfant
ni aux autres élèves. Ce serait le cas
si:
- l'enfant présente un trouble de la personnalité
tel que la vie en groupe l'aggrave, ce qu'il manifestera
par des crises d'angoisse, des troubles somatiques,
l'augmentation des phénomènes de retrait,
actif ou passif;
- l'enfant est réellement agressif, de façon
imprévisible et violente. Nous ne parlons évidemment
pas là de turbulence, qui serait tolérée
chez un enfant ordinaire et doit l'être aussi
- ni plus, ni moins - chez un enfant trisomique.
En revanche, nous ne pensons pas que l'absence d'acquisition
de la propreté, le risque de chutes ou les capacités
d'apprentissage limitées soient des motifs de
refus de scolarisation.
Une décision pluridisciplinaire: L'accueil
d'un enfant trisomique nécessite l'adhésion
de l'équipe pédagogique au complet, chaque
membre pouvant être amené à l'accueillir
dans sa classe. Mieux vaut orienter l'enfant vers une
autre école si cette condition n'est pas garantie.
Le médecin de santé scolaire et/ou le
secrétaire de CCPE (Commission de circonscription
pré- élémentaire et élémentaire,
dont on peut obtenir les références à
l'Inspection académique de
département), une équipe pluridisciplinaire
(CAMSP [Centre d'action médico-sociale précoce]
ou SESSAD [Service de soins spécialisés
et d'éducation à domicile], dont on peut
obtenir les
références à la CDES [Commission
départementale d'éducation spéciale]),
seront des interlocuteurs privilégiés
pour informer les parents, conseiller et suggérer
des stratégies aux enseignants.
Un temps d'observation
Le partenariat entre l'équipe pédagogique,
l'équipe de soins et les parents doit se mettre
en place.
Une réunion, si possible dès l'inscription
de l'enfant à l'école, permettra de:
- faire le point des capacités et des difficultés
de l'enfant dans les domaines moteur, intellectuel,
relationnel et comportemental;
- poser toutes les questions qui peuvent lever un malentendu
ou une ignorance concernant
l'enfant, les éléments du handicap qui
peuvent influer sur la scolarité maternelle,
les activités qu'on peut lui proposer, lui imposer;
- harmoniser les temps scolaires et les temps de rééducation;
- déterminer les modalités du temps d'observation
de l'enfant, dans la classe proposée. Ce temps
doit être suffisamment long pour permettre une
meilleure connaissance de l'enfant en n'oubliant pas
que lui aussi doit avoir un minimum de repères
pour se montrer tel qu'il est: quelques heures disséminées
aufil de la semaine dans un groupe où les autres
enfants sont ensemble 24 à 27 heures risquent
de le marginaliser.
Pendant le temps d'observation, on proposera
à l'enfant des moments de simple présence
dans la classe, sans autre exigence que celle de ne
pas gêner les autres, et des moments de réelle
participation.
À l'issue de ces deux temps,
on pourra:
- soit renoncer à l'intégration de l'enfant;
ce sera le cas si celle-ci s'avère réellement
inadaptée, en particulier si l'enfant développe
des signes de souffrance sévère;
- soit élaborer, toujours en partenariat, un
contrat individuel d'intégration scolaire.
Comment procéder au quotidien ?
Le contrat individuel d'intégration scolaire
permet de préciser, sous la responsabilité
de l'inspecteur de l'Éducation nationale représenté
par le secrétaire de la CCPE, les objectifs et
les modalités de l'intégration scolaire
de l'enfant.
Se fixer des objectifs clairs et réalistes
Les objectifs ne devront être:
- ni trop ambitieux; il ne s'agit pas de vouloir gommer
la différence; le désir ou le rêve
de normaliser l'enfant, de protéger ses parents,
de réparer une injustice en niant les difficultés,
conduit tous les intervenants à une désillusion;
- ni trop limités; il ne suffit pas qu'un enfant
ne gêne pas les autres élèves de
la classe pour qu'on puisse parler d'une intégration
scolaire réussie;
- ni trop flous; l'enfant a besoin de sentir à
son sujet un projet clair et consensuel des adultes.
Ce projet doit être réaliste, à
court et moyen termes et réajustable chaque trimestre.
Maintenir un dialogue regulier
Les contacts entre l'enseignant, les
parents et l'équipe de soins peuvent être
initiés à la demande de chacun des partenaires.
11 est souhaitable que les parents soient régulièrement
informés des réussites et des problèmes
rencontrés; mieux vaut exprimer une difficulté
dès son apparition et chercher à y remédier
tous ensemble.
De même, expliquer la situation aux autres élèves
se révèle souvent bénéfique.
Surmonter certaines difficultés
Les difficultés repérées peuvent
provenir de différentes situations.
L'enseignant ne peut consacrer le temps et l'attention
nécessaires à cet enfant:
- le « nouveau contrat pour l'école »
prévoit, dans sa proposition n° 19, un aménagement
en termes d'effectifs des classes accueillant des élèves
trisomiques;
- le directeur de l'école peut également
demander la présence d'un auxiliaire d'intégration
scolaire. Dans ce cas, il peut rester très vigilant
pour que la présence d'un adulte supplémentaire
dans la classe n'isole pas l'enfant du reste du groupe,
mais soit un réel partage du travail auprès
de tous les élèves, collectivement ou
en petits groupes. Un projet de création par
l'Éducation nationale d'un corpus d'auxiliaires
de vie scolaire (dont la formation et le statut restent
à préciser) donne de bons espoirs, mais
ne doit pas faire croire qu'il s'agit là d'une
panacée, qui serait la condition indispensable
pour envisager l'intégration d'un enfant trisomique
dans une classe ordinaire, et le garant de sa réussite;
- l'enfant peut aussi bénéficier de l'intervention
de l'équipe du Réseau d'aide et de soutien
aux élèves en difficulté (RASED).
L'enfant peut développer un comportement
inadéquat: trop grande dépendance face
à l'adulte, passivité, agressivité,
labilité de l'attention, etc. L'enseignant doit
exiger de lui qu'il ne perturbe pas l'ensemble de la
classe et signaler ces difficultés de comportement
à l'équipe de soins.
Les parents des autres élèves de
la classe peuvent exprimer des craintes: moindre attention
de l'enseignant pour leur enfant, baisse du niveau de
la classe, « mauvais exemple », etc. Un
échange doit
s'instaurer, si nécessaire avec la participation
d'un médecin.
Les parents de l'enfant trisomique peuvent avoir
une attitude qui risque de freiner le dialogue: trop
grandes exigences, trop grande discrétion, refus
de transmettre des informations utiles...
Il est parfois très difficile d'évaluer
ce que l'enfant apprend réellement à l'école,
surtout s'il ne peut pas le restituer sous forme de
langage ou de réalisations concrètes;
là encore, c'est l'échange d'informations
qui permettra d'être le plus proche de la réalité.
C'est tous ensemble, dans la plus grande
transparence possible, sans chercher à nier une
vérité inévitablement douloureuse,
que l'on peut s'adapter au mieux.
Comment préparer l'avenir
?
Le projet pour l'année suivante doit être
évoqué à chaque rencontre et réévalué
au cours de l'année scolaire, en tenant compte
de:
- la place de l'enfant dans le groupe et ses relations
avec les autres élèves;
- son âge;
- ses acquis préscolaires.
Ce projet, peut être:
- un maintien dans une classe de même niveau si
on pense que cela lui sera profitable;
- le passage dans la classe de niveau supérieur,
en concertation avec l'enseignant de cette classe qui
aura participé à une au moins des réunions
de bilan;
- un moyen terme entre ces deux solutions: classe à
double niveau, décloisonnement entre deux classes
selon les périodes de la journée;
- le choix d'une autre pédagogie: CLIS (Classe
d'intégration scolaire), ou établissement
spécialisé si l'enfant ne tire manifestement
aucun bénéfice de cette fréquentation
de l'école ordinaire, s'il atteint un âge
où le décalage avec les autres élèves
risque de le mettre mal à l'aise et, surtout,
s'il présente des signes de souffrance.
Conclusion
L'intégration d'un enfant trisomique en école
maternelle ne peut pas reposer uniquement sur la bonne
volonté des adultes.
Elle n'est pas un but en soi et il faut savoir repérer
les enfants pour qui elle peut ne pas être bénéfique.
Elle ne peut réussir que s'il s'établit
un réel partenariat entre enseignants, parents
et soignants, dans la plus grande clarté possible,
en vue du mieuxêtre de l'enfant.
Pour en savoirplus
Circulaires 2001-144 et 2002-111-112113. Bulletin
officiel n° 19, du 09 mai 2002.
Guide Handiscol. Ministère de l'Éducation
nationale, 110 rue de Grenelle Paris.
Circulaire de
novembre 1999
« Chaque école, chaque collège,
chaque lycée a vocation à accueillir,
sans discrimination, les enfants et adolescents handicapés
dont la famille demande l'intégration scolaire.
Il ne sera dérogé à cette règle
générale que si, après une étude
détaillée de la situation, des difficultés
importantes rendent objectivement cette
intégration impossible ou trop exigeante pour
l'élève. »
M.-A Maspoli, CAMSP Versailles
Les plus jeunes de la classe
seraient-ils victimes de problèmes psychiatriques?
La naissance de Zoé approche. L'urgence, pour
Clarisse, la future maman, est de trouver un mode de
garde approprié. Pas question de compter sur
les grand-mères,sauf pour un week-end de temps
en temps. Alors? Crèche collective ou nounou?
Les avantages objectifs sont de peu de poids face aux
a priori, aux préférences personnelles.
Même si on connaît par coeur les vertus
de la crèche, la compétence des puéricultrices,
l'attention portée à l'hygiène
et à la sécurité, on peut souhaiter
pour son jeune enfant une atmosphère plus familiale,
des horaires plus souples, et recourir à une
nounou, dénommée aujourd'hui assistante
maternelle. Il faudra alors s'accoutumer à l'idée
de laisser son enfant à la garde d'une étrangère
, en déléguer le soin et passer par une
période d'adaptation pour admettre qu'après
la séparation vienne le temps joyeux des retrouvailles.
Essentiel: la personnalité de l'assistante maternelle«Je
ne veux pas qu'à 6 mois ma fille soit perdue
au milieu de vingt gamins, ni qu'on me la «renvoie"
les jours où elle aura 38° de fièvre
», s'insurge Clarisse. Pour de nombreuses mamans,
une nounou, c'est d'abord la perspective d'une relation
plus personnalisée et plus maternante. II n'empêche
que c'est une professionnelle (assurez-vous qu'elle
est bien agréée), employée et rémunérée
par vous dans le cadre d'un contrat. Cela signifie que
vous êtes en droit (sinon en devoir) de vous assurer
de l qualité de son accueil. La nounou parfaite
n'existe peut-être pas, mais, pour être
« suffisamment bonne », elle doit d'abord
offrir un logement propre et adapté. La personnalité
de l'assistante maternelle déterminera votre
choix. Fiez-vous aussi à votre intuition. Qu'elle
soit « d'ailleurs » et parle mal le français
importe peu. Ce qui compte, c'est son attitude chaleureuse,
patiente et gaie. Vous devez imaginer voire enfant dans
ses bras et le sentir protégé. Faites
connaissance avec son environnement: le mari, les enfants
et surtout les autres petits et leurs parents. Une fois
le choix opéré, liez-vous par contrat
en ayant soin de bien déterminer les horaires,
les droits a congé que vous devrez respecter.
Ensuite, il sera bon, dans les premiers temps, de revenir
à l'improviste, pour voir ce qui se passe en
votre absence. « C'est un devoir lorsqu'on a la
responsabilité d'un enfant qui ne peut pas s'exprimer.
Elle ne prend pas votre place. En choisissant une personne
qui vous convient, qui vous « ressemble un peu»,
vous allez peut-être concevoir une jalousie bien
naturelle à l'égard de cette rivale soupçonnée
de vous voler les meilleurs moments et jusqu'à
l'affection de votre enfant « Sentiment bien légitime,
nous dit jean Epstein, psychosociologue, car toute maman
a encore à l'esprit le mythe de la "bonne
mère"qui s'occupe à temps plein de
son enfant.
C'est
avec un pincement au cœur que vous découvrirez,
par exemple, que julien a fait ses premiers pas chez
sa nounou ou qu'il se met à pleurer au moment
où vous venez le récupérer. Difficile
de ne pas se dire: « Elle a la chance de voir
grandir Julien. »Tandis que sa nounou pense:«
Elle a la chance de travailler et de voir du monde parce
que je m'occupe de Julien à sa place. »
Pourtant, aucune femme ne prendra jamais votre place
de maman et jamais julien ne vous confondra avec sa
nounou. II ne s'en trouvera que mieux si vous entretenez
de bons et cordiaux rapports avec elle.Tout est affaire
de confiance et de respect
De
confiance, parce qu'il faut savoir accepter l'idée
qu'une « autre» puisse prendre soin de l'enfant,
le suivre dans ses apprentissages, l'éveiller
et...s'y attacher. De respect, parce que cette assistante
maternelle est chez elle, sur son territoire. Elle a
droit au respect de sa vie privée. Beaucoup de
rancoeurs viennent des débordements : ne dépassez
pas systématiquement les horaires, prévenez
toujours en cas d'urgence, ne vous croyez pas tout permis
et surtout résistez aux confidences. S'il est
tentant et normal de raconter comment l'enfant vit dans
sa famille, de citer ses « bons mots »,
il n'est pas indispensable d'inonder sa nounou sous
le poids de vos différends conjugaux ou de vos
récriminations professionnelles. Elle n'est pas
payée pour « tout» entendre et elle
a sa propre vie. En revanche, gardez un quart d'heure
à lui consacrer au moment des retrouvailles du
soir. Vous ne reprenez pas un objet mais l'enfant à
qui elle a prodigué ses soins toute la journée.
*GPSR : Groupement
des Pédiatres Strasbourgeois exerçant la Réanimation
Unité de Néo-Natalogie - Clinique Sainte Anne