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Les sujets d'actualité qui concerne
la santé de nos enfants (et la nôtre)

 
 
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Les salmonelloses augmentent ?

Le prion bovin des farines animales est inactivé
par la chaleur ?

Maltraitance : 82000 enfants en danger.

Les enfants surdoués.

Les experts de l'INSERM donnent leur avis sur les rythmes du sommeil chez les enfants et adolescents (avril 2001).

Nos enfants, les TWIN TOWERS et la guerre (janvier 2002).

Les méfaits du tabagisme chez l'enfant.

Langage des bébés : quand les nourrissons s'exercent au babillage, leur bouche s'ouvre sur la droite, preuve que le centre du langage est déjà en place (09/2002).

Le plan BIOTOX en France depuis les attentats :
agents biologiques susceptibles d'être utilisés.


 
 
 

Le prion bovin des farines animales est inactivé par la chaleur ? Faux

 

Dans la plupart des pays européens, la législation impose seulement le chauffage à 133 °C des farines animales contenant des carcasses bovines. Or le prion bovin n'est même pas inactivé Par chauffage à 138 °C pendant une heure in vitro. Ces mesures sont donc insuffisantes. Seule la France a interdit l'utilisation de toute carcasse dans la fabrication des farines destinées aux bovins. Encore faut-il veiller au respect strict de la mesure. L'embargo à l'encontre du cheptel anglais et des farines dérivées date de 1996. Comme la période d'incubation moyenne chez animal est de cinq ans, il faudra attendre au moins 2001 pour apprécier l'efficacité de ces mesures. Une crainte : que les 10 cas anglais de nv-MCJ recensés au dernier trimestre 1998 marquent le début d'une seconde épidémie.

L'épidémie d'ESB a commencé en 1993. Le premier cas humain date de 1996. A ce jour, 40 cas humains de la nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-JaLob (nv-MCJ) ont été recensés en Grande-Bretagne, et un en France. Plusieurs arguments expérimentaux ont fait attribuer à une forme mutée de la protéine-prion bovine PrPsc, transmise par la consommation d'animaux atteints d,ESB, la responsabilité de la nv-MCJ.


Mais la démonstration absolue n'en a pas été apportée. Une origine virale, ou bactérienne, a aussi été évoquée. Le délai moyen d'incubation chez les malades est jusqu'à présent de neuf ans (de vingt mois à plus de onze ans), mais pourrait être beaucoup plus long.

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Maltraitance : 82.000 enfants en danger

 

Le nombre des enfants maltraités au sein de l'enfance en danger semble aujourd'hui se stabiliser (21000). C'est ce qu'annonce la dernière enquête de l'ODAS (Observatoire national de l'action sociale décentralisée). En revanche, le nombre des enfants à risque augmente : plus de 8 000/an. Aujourd'hui, en France, 82 000 enfants sont en danger de maltraitance. Ce chiffre englobe les enfants en risque et les enfants maltraités. Les transmissions de signalements à l'autorité judiciaire continuent de croître. Pour l'année 199 7 1'augmentation concerne essentiellement les enfants en risque. 47 % d'entre eux faisaient l'objet d'un signalement judiciaire. La loi du 10 juillet 1989 précise que lorsque l'enfant est maltraité ou lorsque la famille refuse l'aide proposée, le président du Conseil général doit aviser sans délai l'autorité judiciaire.

Les signaux d'alerte
Selon la nature, la gravité et la fréquence du traumatisme, les enfants développent généralement des symptômes neuropsychiatriques réunis sous le terme de troubles du stress traumatique. Le diagnostic clinique des situations de maltraitance est particulièrement difficile à établir dans certains cas, et en particulier dans les situations où rien ne laisse présager sérieusement qu'il y a maltraitance, mais dans lesquelles le risque est théoriquement grand.

" Les parents abordent souvent le problème eux-mêmes sous forme de dénégation, déclare le Dr Didier David. Ils savent parfaitement pourquoi ils viennent consulter et préparent tous les arguments pour qu'on n'ait pas le moindre doute. Ils diront : " À l'école, on nous accuse de... " ou " Ne croyez pas qu'on maltraite notre enfant." Si, en revanche, I'enfant présente des symptômes évocateurs de violence physique (hématomes, brûlures...), le médecin doit demander l'hospitalisation de l'enfant et veiller à ce qu'elle ait lieu. Hospitaliser l'enfant permet de le mettre à l'abri en attendant que la preuve soit faite.

Face à la suspicion d'une situation de maltraitance, c'est généralement une équipe qui prend en charge le suivi. Le médecin doit rompre le secret professionnel et alerter les autorités judiciaires. Ce travail de liaison entre le médecin, le pédopsychiatre, les assistantes sociales et l'école est fondamental pour assurer la protection optimale de l'enfant. Les cas de maltraitance psychologique (humiliation, négligence affective...) présentent plus de difficultés à être décelés et, par conséquent, le processus de protection de l'enfant est difficile à enclencher.

Fragilité parentale
Les cas de maltraitance peuvent survenir dans n'importe quelle famille. Cependant, I'observation épidémiologique a permis d'établir le profil type de la famille maltraitante de l'enfant de 0 à 2 ans : il s'agit d'un couple jeune ou d'une personne seule et jeune, souffrant d'isolement social et intellectuel. Plusieurs événements doivent servir de clignotants car ils peuvent précipiter ce type de situation. Il s'agit de la perte d'emploi, d'un divorce...

Les 2 axes de prévention selon l'ODAS
1. une prévention en direction des populations déjà ciblées : les 61 000 enfants en risque. C'est le travail quotidien des assistantes sociales, des éducateurs, des conseillers en économie sociale et familiale, des puéricultrices, des travailleuses familiales, qui, protègent le devenir des enfants à travers un soutien à la "parentalité",

2. Une prévention plus large, plus innovante, qui s'adresse à l'ensemble des familles susceptibles de traverser des moments de fragilité. Cette prévention très en amont devrait engager toutes les solidarités de proximité.

Le 119 : 2 millions d'appels par an 204 000 appels traités. L'affichage de ce numéro vert est obligatoire dans tous les lieux recevant des mineurs.

Entretien avec le Dr Didier David, pédopsychiatre, hôpital Saint-Vincent de Paul, Paris, octobre 1999

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Pour une reconnaissance des "surdoués"

 

Etre éveillé, curieux de tout, vif et rapide à 4 ans et replié sur son échec à 12 ans : l'Association nationale pour les enfants intellectuellement précoces (ANPEIP) lance un cri d'alarme sur " le drame que vivent nombre d'enfants particulièrement intelligents au départ ".

L'ECOLE et la société françaises doivent reconnaître les enfants intellectuellement précoces, encore appelés " surdoués " ou " à haut potentiel ", au lieu de les nier ou de tenter de les " normaliser " : c'est le plaidoyer de l'ANPEIP, qui organise les 28 et 29 avril 2000 à Lille un congrès international (Espagnols, Italiens, Portugais; écossais) destiné à analyser la question et à présenter les rares structures prenant ces enfants en charge*. L'association, fondée en 1971, regroupe parents, éducateurs, médecins et psychologues.

Appelée à l'origine Association nationale pour les enfants surdoués (APSES), elle a changé de nom en raison de la " connotation négative " du mot, mais ne se satisfait pas non plus du terme " précoce ". Ces enfants, dit son président, Pierre Paoletti, sont tout simplement " très intelligents ", avec un QI dépassant généralement les 125, mais ils sont aussi " très fragiles " et on les " casse trop souvent ".

Des enfants qui dérangent
Pierre Paoletti ainsi que des pédiatres et des psychologues, présentant le congrès lors d'une conférence de presse, parlent de " zone sinistrée ". " La société française et surtout son école reconnaissent mal ce qui sort du "standard". Ces enfants dérangent et tout est fait, dès le départ de la scolarité, pour nier leur différence ou les normaliser ", disent-ils.

"Ils se retrouvent souvent en échec, se renferment sur eux-mêmes, se réfugient - surtout maintenant - dans un monde virtuel, créant une société parallèle inquiétante, ou alors ils mettent toute leur intelligence dans la révolte", ajoutent-ils. "Parfois, ils sont reconnus comme différents des autres, expliquent-ils, mais souvent, on estime qu'ils sont anormalement turbulents ou, au contraire, trop raisonneurs.

Quand ils arrivent à l'école, les enseignants ne reconnaissent pas leurs dons, mais imaginent que les parents poussent trop leurs enfants et ils les culpabilisent. Parfois aussi, on prétexte d'une motricité qui ne suit pas la précocité intellectuelle pour les bloquer et les empêcher d'apprendre. Ainsi, nombre de ces enfants s'ennuient à l'école et finissent par décrocher."

L'ANPEIP estime que les enfants de milieu culturellement favorisé peuvent s'en sortir, mais que ceux de milieu culturellement simple sont voués à l'exclusion, et déclare qu'un tiers des enfants surdoués au départ ne décrochent même pas le bac et que 80 % d'entre eux sont, à l'adolescence, en conflit avec l'école ou la famille. 10 % sont suicidaires, ajoute-t-elle.

L'association demande que l'enseignement public reconnaisse et accompagne la scolarité de ces enfants. Ils sont environ 700 000 en France, 5 % du total, un ou deux par classe. IL faudrait que l'enseignement les prenne en charge, soit dans les classes ordinaires, soit grâce à des expériences pilotes. L'ANPEIP s'adresse aux décideurs, en appelant à " une volonté politique " en la matière.

Renseignements : ANPEIP Nord, 240, rue Solférino, 59 000 Lille. Tél./Fax : O3.20.30.72.20

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Les experts laissent dormir les adolescents (avril 2001)

 

Un groupe d'experts de l'luserm (Institut national de la recherche médicale) publie en avril 2001 un ensemble de recommandations sur les interactions entre d'éventuels aménagements du temps scolaire et les rythmes biologiques propres aux enfants. Ils se disent peu favorables à la généralisation de la semaine de .Quatre jours (mercredi et samedi libres), tant que manqueront des bases scientifiques suffisantes. Mais, sans attendre, ils préconisent de tenir compte des besoins et rythmes des enfants et des adolescents pour planifier le temps scolaire. L'exemple qu'ils donnent ne devrait pas déplaire aux collégiens et Iycéens : "Retarder I'heure d'entrée en classe des adolescents qui ont une tendance naturelle, normale, aux levers plus tardifs"

A la demande de la Canam (Caisse nationale d'assurance maladie des professions indépendantes), l'Inserm a effectué un bilan des connaissances sur Ies rythmes biologiques de l'enfant, la question étant d'appréhender les interactions entre les emplois du temps scolaires et les horloges internes. Avec bien sûr en arrière-plan le problème de plus en plus souvent débattu des aménagements éventuels du temps scolaire, quotidien, hebdomadaire ou annuel. Les experts se sont demandé comment ces changements risquent d'interférer sur les rythmes biologiques des enfants, et avoir des conséquences négatives tant sur leur état de santé que sur leurs apprentissages.

L'lnserm a confié la mission à des médecins et chercheurs de plusieurs disciplines : après une analyse critique de la littérature scientifique publiée récemment sur le sujet (600 articles), les experts ont fourni un document (1).

Les rythmes biologiques sont présents dans le règne animal et végétal, à tous les stades d'organisation y compris chez les êtres unicellulaires. Et donc aussi chez les humains, adultes et enfants, qui sont soumis à des variations rythmiques de très nombreuses fonctions physiologiques. Les rythmes les mieux étudiés sont ceux dont la période s'étend sur environ 24 heures (circadiens). Les rythmes biologiques sont sous le contrôle de l'horloge interne, une structure située dans le cerveau et qui doit s'ajuster quotidiennement aux alternances jour/nuit.

Le rythme veille-sommeil synchronisé est un des facteurs essentiels de la régulation des rythmes biologiques. Il évolue sans cesse de la période fétale à l'adolescence. Et par ailleurs, il existe une grande variabilité à tous les âges selon les individus : petits et gros dormeurs, enfants du matin et du soir.

Les experts préconisent de faciliter l'accès à la sieste chez les petits (2 à 5 ans), en ne la limitant pas à la petite section de maternelle. Ils rappellent que les enfants doivent avoir leur content de sommeil (9 heures à 10 ans) et des horaires réguliers de coucher et de lever.

A partir de 12 ans, on observe des modifications importantes de la structure du sommeil, qui devient plus léger. Il existe chez l'adolescent des besoins de sommeil plus importants que chez le pré-adolescent, sans doute du fait des modifications biologiques de la puberté. Les caractéristiques du sommeil à cet âge ont fait l'objet de nombreuses études et les données réunies conduisent les experts à conseiller de retarder l'heure d'entrée en classe : pas de cours avant 9 heures.


L'activité intellectuelle des enfants (performances, vigilance) fluctue au cours de la journée et aussi au cours de la semaine. Les variations sur les 24 heures sont attribuées aux rythmes biologiques, celles sur les sept jours à l'influence de l'emploi du temps scolaire. Globalement, les créneaux les plus favorables sont la fin de la matinée et le milieu de l'après-midi, mais il existe toutefois des différences en fonction de l'âge des enfants, et donc de la classe. Cette recommandation est encore plus importante à respecter dans les ZEP (zones d'éducation prioritaire), où les difficultés scolaires sont par définition fréquentes. Il semble, en effet, que plus le niveau de réussite des élèves aux exercices scolaires est élevé, moins leurs résultats varient au cours de la journée et de la semaine. A contrario, lorsque le niveau scolaire est bas, les performances sont plus influencées par la rythmicité de la vigilance.

Les rythmes hebdomadaires ont été moins étudiés. Il semble qu'au cours de la semaine d'école traditionnelle (quatre jours et demi, mercredi et samedi matin libres), le lundi soit " le " mauvais jour, la coupure du week-end ayant des suites négatives le lendemain. Quant à la semaine de quatre jours (4 jours de 6 heures ou de 6 heures et demie), elle apparaît perturbante pour les processus de mémorisation dans certaines études. D'autres études trouvent de meilleurs résultats après un arrêt de fin de semaine d'un jour et demi, d'autres un meilleur niveau global d'attention après une coupure de deux jours. Autrement dit, tout et son contraire. Par rapport à l'enjeu spécifique de la semaine de quatre jours, aucun résultat ne plaide en faveur d'une telle organisation du temps scolaire. " Du moins si on s'en tient aux effets sur la santé de l'enfant et sur sa scolarité. Le point de vue des maîtres et des parents étant une autre affaire.

(1) Rythmes de l'enfant. De l'horloge biologique aux rythmes scolaires. éditions Inserm

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Nos enfants, les TWIN TOWERS et la guerre (janvier 2002)

  Dans ce texte, les termes " enfants ", " mineurs d'âge " ou " jeunes " utilisés sans autre spécification désignent tous les mineurs. Lorsque des spécifications seront nécessaires, nous emploierons les termes " enfants d'âge préscolaire " (avant l'école primaire), enfants jeunes (avant sept-huit ans), enfants pré pubères et adolescents (à partir de 13-14 ans).

Les gravissimes agressions terroristes du 11 septembre 2001 contre les États-Unis, l'agitation de l'opinion publique et les représailles qui en ont suivi n'ont évidemment pas laissé indifférente la majorité des enfants.

Beaucoup, surtout avant la puberté, ont développé un état de stress aigu, en train de se résorber, mais que certains épisodes les plus violents des représailles pourraient réveiller et aggraver. D'autres, moins nombreux et peut-être déjà prédisposés, souffrent d'un syndrome de stress post traumatique plus tenace, parce qu'ils ne trouvent pas de solutions, ni mentales, ni
comportementales qu'ils estiment significativement efficaces par rapport à leur insécurité persistante.

Pour certains de ces enfants, les plus socialisés, les plus sensibles, une véritable tristesse a pu s'adjoindre à leur état d'insécurité, au moins momentanément : ils se sont sentis solidaires de la souffrance et du deuil de tant de familles, injustement victimes de la haine des hommes. Les adultes ont d'ailleurs bien remarqué les signes de ces souffrances d'enfants : angoisses nouvelles, pleurs inexpliqués, commentaires dramatiques sur ce qui pourrait arriver; sursaut et peur au passage d'avions bruyants; régression et " collage " aux parents; énervement plus diffus dans les cours de récréation; bagarres plus faciles; petits enfants qui crient " je vais te tuer ", ou " on va me tuer ", etc. À l'inverse, il y a la minorité des indifférents, surtout certains adolescents qui " n'en avaient rien à cirer " et aussi quelques joyeusement excités, assimilant ce qui s'est passé à un " méga " jeu vidéo, et même quelques racistes, faisant vraiment leur le slogan politique du combat entre les soi-disant forces du Bien et celles du Mal.

Notre responsabilité éducative et soignante est grande à l'égard de ces deux catégories schématiques de jeunes, celle qui a souffert et souffre toujours moralement, et celle, moins nombreuse, qui vit l'indifférence ou l'excitation agressive. Il nous a semblé utile de réfléchir à ce que nous pouvions faire pour bien les accompagner, comme parents ou/et comme soignants, d'autant que semblables catastrophes collectives, intentionnelles ou non, sont susceptibles de se reproduire.

Cette réflexion commence par une brève évocation de deux préliminaires :
- I'ensemble de la communauté humaine, adultes inclus, a vécu et vit toujours jusqu'à un certain point les mêmes bouleversements que vivent les enfants : prétendre aider ceux-ci, c'est aussi nous aider nous-mêmes et c'est très bien ainsi, simplement ne faut-il pas le nier

- les enfants disposent de forces de vie qui stimulent leur auto guérison, sans qu'ils demandent notre avis. Beaucoup ont donc essayé de s'en sortir tout seuls, en utilisant intuitivement bien des techniques que nous détaillerons par la suite. Le résultat en est variable et parfois très bon. IL faut donc nous réjouir de toutes les conversations de cours de récréation, des jeux guerriers qui ont été opportunément intensifiés pour maîtriser les " mauvais ", et de tous les nouveaux salons de chat et groupes de discussions qui sont apparus sur Internet, tout cela dans la perspective de se libérer par la parole ou par l'action ludique. Néanmoins, cette spontanéité sympathique ne suffît pas toujours et elle ne nous rend pas quittes de notre travail d'éducateurs ou/et de soignants.


A PROPOS DES ENFANTS STRESSES ET CHAGRINES

De la place de la parole
Aujourd'hui, il est de bon ton d'affirmer qu'il faut " aider à parler ", et non pas " faire parler ", les personnes psychiquement traumatisées, et que l'opération va les libérer.
Or, si c'est souvent vrai, c'est à certaines conditions -en tout cas dans une ambiance de délicatesse - et pour peu que l'on ne s'en tienne pas à la seule démarche : " On vient faire un petit tour de parole près du traumatisé... et puis l'on s'en va ". Nous allons donc proposer la procédure, la dynamique dans laquelle peut s'inscrire l'échange de paroles entre celui qui est traumatisé et celui qui l'écoute, puis en indiquer les contenus possibles. Ensuite, nous décrirons d'autres démarches, nécessaires elles aussi.


Comment procéder ?
Pour beaucoup d'enfants, cela a l'air facile : ils ne demandent qu'à raconter ce qui les a impressionnés parmi les faits, et l'on peut commencer par leur reconnaître ce temps de parole et par se montrer attentifs à ce qu'ils y disent. Pour commencer, on devrait d'ailleurs les écouter sans les critiquer, en les aidant à déployer leur point de vue subjectif, sans en sourire ni vouloir trop vite le rectifier. La " réponse adulte " peut venir un peu après. Pour d'autres enfants, il suffit de poser une " petite question " et la machine de leur mémoire se met en route, tout heureux qu'ils sont que leur discours apparaisse important à l'adulte. Néanmoins, plus les enfants sont introvertis, timides ou opposants, moins ils racontent spontanément leur imagerie mentale ou leurs sentiments.

On peut certes insister avec délicatesse (par exemple leur demander de faire un dessin qui montrerait ce qu'ils retiennent des événements, mais cela ne " marche " pas avec tous les enfants : il faut finalement s'incliner devant leur liberté de dire non), leur signaler qu'on attache une réelle importance à connaître leur point de vue, et que celui-ci nous aiderait à nous faire une opinion plus complète (nous préférons faire appel à l'idée du service qu'ils pourraient rendre, plutôt que de leur dire " ça te fera du bien ", ce qu'ils ressentent parfois comme une emprise infantilisante). Mais il y a une limite, et notre insistance amicale ne doit jamais devenir pression désagréable ni violence. Peut-être pouvons-nous nous en tenir, avec tel enfant qui ne veut pas parler, à créer une occasion naturelle où nous, adultes, nous nous exprimerons devant
lui, entre nous, sans l'obliger à s'y joindre, par exemple lors d'une réunion familiale.

Dialogue, évoquions-nous plus haut ? IL ne s'agit pas de pousser l'enfant à se " mettre à table " face à un adulte qui demeurerait silencieux. Nous aussi, nous avons été davantage impressionnés par ceci ou cela, nous vivons des sentiments spécifiques, nous avons des points d'interrogation en tête : nous pouvons les partager avec lui, sans l'étouffer, en lui laissant de la place mais sans faire non plus semblant d'être d'accord avec toutes ses opinions : il est parfaitement possible de faire part d'un vécu ou d'une opinion différente, sans pour autant mépriser l'enfant.

De tels bouts de dialogues peuvent prendre place dans bien des lieux et souvent de manière informelle : par exemple à la maison, parce qu'un parent a saisi au vol les signes de souffrance de son enfant, ou parce qu'il a besoin de parler rapidement, lui aussi, de ce qu'il vit, lors d'un repas familial, ou le soir, lors de la mise au lit, lorsque des choses plus intimes se disent. Mais ce peut être aussi le médecin consulté face à un changement de comportement de l'enfant, qui aborde sereinement la question des éventuelles peurs ou soucis de celui-ci. Ce peut être encore en classe qu'on en parle parce que l'instituteur a remarqué le surcroît d'énervement des enfants, ou parce qu'un enfant plus extraverti a fait un commentaire précis.


Le contenu des paroles échangées
En ne perdant pas de vue qu'aussi bien l'adulte que l'enfant peuvent s'y mettre pour partager leurs impressions mais en pensant davantage à la part de l'enfant, l'écoute de ses dires devrait se centrer sur :

- les faits : ce qui a impressionné la " rétine psychique de l'enfant "; comment il en comprend la mise en place et l'enchevêtrement; éventuellement, leur amplification ou/et leur déformation dans des images encore plus effrayantes ou/et dans des rêves cauchemardesques; éventuellement aussi l'évocation d'autres situations d'agression, qu'il a vécues et auxquelles les faits lui font penser

- " Pourquoi ? ", question centrale de la curiosité humaine que la majorité des enfants se pose spontanément mais dont ils ne se hasardent pas toujours à exposer " leur réponse ", par peur de ne pas être accueillis. Pourquoi est-ce arrivé ? IL y a des réponses partielles, techniques, immédiates autour de l'efficacité des contrôles, explications que ces petits ingénieurs- informaticiens que sont tant d'enfants, sont intéressés à bien saisir. Mais il y a des pourquoi infiniment plus profonds et plus radicaux, auxquels ils pensent déjà un peu tout seuls et auxquels nous pouvons d'autant plus les sensibiliser qu'ils grandissent : un interdit majeur a de toutes façons été transgressé et appelle sanction, c'est celui de la vengeance directe; mais toute cette haine sousjacente, qui est à la source de l'attentat, n'est-elle le fait que de fous ou de pervers ? Ne s'explique-t-elle pas aussi dans l'injustice du monde et dans la souffrance des exclus ? Et dans un autre ordre d'idées, n'est-ce pas l'occasion de reparler avec les aînés du fait que l'omnipotence humaine est une illusion ? Le risque zéro n'existera jamais : nous avons à assumer en permanence une part d'incertitude sur notre destin et à veiller vaille que vaille sur nous-mêmes, avec l'aide de nos proches;

- et le " comment ? " Comment faire pour réduire le risque de récurrence d'une telle agression ? En veillant et en surveillant encore mieux ? Oui, peut-être un peu, et il faut sans doute dire, notamment aux plus jeunes, que leurs parents et leur entourage prendront garde à bien les protéger. Mais, ne faut-il pas parler aussi aux enfants de l'importance de construire un monde plus juste, où les biens sont plus équitablement répartis, où l'exclusion vise à disparaître et où l'on communique les uns avec les autres, d'égal à égal, sans se mépriser ? Et ce projet là, ce n'est pas pour après-demain, c'est aujourd'hui, dans le cercle de la famille et dans la cour de l'école qu'ils peuvent commencer à le concrétiser : voilà qui diminuera radicalement la haine et augmentera la solidarité dans le monde, goutte à goutte, à partir de petits gestes qui sont déjà à leur portée.


Encourager l'enfant à se remettre debout,
sans précipitation

Dans les premiers temps où l'enfant est la victime passive d'une agression, même si, comme c'est le cas ici, c'est par procuration, il se sent terriblement impuissant, abattu, vulnérable pour l'avenir. Réagissant à ce vécu, une minorité d'enfants, probablement les plus toniques, sortent rapidement leurs griffes et se montrent plus nerveux, plus agités, plus diffusément agressifs, mais de façon stérile; la majorité des autres ont plutôt tendance à perdre confiance dans le pouvoir protecteur des adultes, à se déprimer un peu, voire à régresser pour tenter quand même de retrouver une protection, comme quand ils étaient bébés. Le travail de parole que nous venons d'évoquer permet déjà souvent d'alléger une partie de cette angoisse et de remplacer une partie des idées désespérantes par d'autres, plus toniques.

Mais on peut faire plus pour amplifier le sentiment de ces enfants d'avoir des forces positives en eux. On peut leur demander de s'associer d'une manière ou d'une autre à la reconstruction de ce qui est détruit, à la mesure de leurs forces et sans leur faire violence s'ils rechignent d'abord. Ils peuvent le faire par des actes symboliques (participation à des cérémonies, dessins ou pétitions pour la paix, dessins ou jouets envoyés à des petits américains victimes, etc.). Ils peuvent le faire encore plus radicalement, en prenant en charge, avec notre soutien, les démarches de changement liées au " comment " que nous venons d'évoquer : comment rendre mon environnement plus juste, plus amical ?

Comment lutter contre l'exclusion de certains, à l'école ? À eux d'ouvrir de la sorte la voie pour faire perdre de la façon la plus radicale la haine des autres. Cependant, à plus court terme, et en raison de ce que nous avons signalé de l'impossibilité du risque zéro, il restera probablement toujours quelques agresseurs aveugles, et l'on peut donc explorer avec l'enfant son désir d'améliorer dans l'immédiat ses moyens de self-défense et lui en donner l'opportunité.
Tous ces encouragements doivent cependant respecter son rythme : dans les premiers temps, un enfant agressé a souvent besoin de se mettre à l'ombre de papa et maman, et de régresser quelque peu, et il faut le laisser faire patiemment ! Tôt ou tard, parfois avec un petit coup de pouce, les forces de vie reprennent le dessus.


Les réassurances directes émanant des adultes
Les démarches décrites jusqu'à présent contribuent le plus radicalement à rassurer l'enfant autant que faire se peut, sans restituer pourtant l'ingénuité illusoire qu'il a vécue au début de sa vie. À travers l'écoute respectueuse des adultes, elles contribuent à réinstaller en lui l'idée que ceux-ci peuvent aussi le protéger, que lui-même possède de la force, qu'il peut faire quelque chose de positif dans le monde, et qu'il existe une place pour l'espérance.

En matière de réassurance, les parents, surtout eux, peuvent encore en faire davantage pour les plus jeunes des enfants, en veillant à filtrer les informations qui leur parviennent : on peut mettre un enfant de trois ans au bain à l'heure du journal télévisé, et apprendre à modérer son langage devant lui. À cet âge-là, on peut se souvenir que nos mots le pénètrent parfois cruellement, au premier degré, et qu'il a du mal à les relativiser : il va penser par exemple, que la guerre, c'est " la totale ", et que c'est pour cette nuit. On doit donc être particulièrement attentifs à ses signes d'angoisse, qu'il " montre " particulièrement dans ses jeux, et le rassurer avec des mots simples, sans entrer dans trop de nuances. Comme toujours, avant de lui débiter des informations rassurantes, mieux vaut écouter ses questions et ses craintes à lui. Souvent l'essentiel sera qu'il sache que papa et maman veillent bien sur lui, que des méchants ne vont pas l'attaquer et que la guerre, c'est petit et très loin.

Les adultes peuvent encore essayer de changer les idées des enfants qui ne feraient que penser à ça - ainsi que les leurs, si c'était le cas - en amenant toute la famille à s'intéresser à d'autres événements et à s'engager dans des activités constructives ou divertissantes. Pour les plus sensibles des enfants, un léger somnifère ou un léger tranquillisant peut les aider à dépasser l'étape pénible de leurs angoisses les plus aiguës. Pour la petite minorité chez qui l'état de stress persisterait, malgré la mise en œuvre de toutes ces attitudes, une consultation chez un psychothérapeute peut s'avérer utile : il est rare que ce soient des enfants " simplement " hypersensibles, par tempérament. Plus souvent, ils ont déjà été fragilisés par d'autres traumatismes, ponctuels ou non, dont la trace est peut-être devenue inconsciente, mais qui continuent à les insécuriser basiquement.


Se mettre en question en tant qu'adultes
Ces questions de retour sur nous-même, elles sont nombreuses. Nous n'imaginons pas, ni que nous puissions nous les poser toutes, ni, a fortiori, leur apporter chaque fois les éventuels changements de mentalité ou/et de comportement qu'elles requerront. Sans nous culpabiliser de nos imperfections, elles peuvent cependant nous aider à mobiliser, de-ci de-là, des paroles ou des attitudes par lesquelles l'enfant sera mieux soulagé. Evoquons-en quelques-unes, en allant du plus spécifique des traumatismes psychiques aux tragiques événements survenus aux Etats-Unis.
Pouvons-nous simplement imaginer la possibilité d'un malaise, d'une résonance intérieure pénible chez l'enfant (notre enfant, l'enfant qu'on nous amène, l'enfant que nous soignons) ? qu'il a besoin de notre sollicitude particulière ? qu'il a peut-être quelque chose sur le cœur dont il n'ose pas parler ?
Et nous, sommes-nous dans notre état normal ? Le traumatisme nous a-t-il aussi affecté ? En résulte-t-il quelque chose de différent, dans notre manière d'être, d'éduquer, de parler en général et de parler à l'enfant ? Quel effet pouvons-nous produire sur lui ? Que ressent-il de nous pour le moment ? Comment peut-il être impressionné par notre énervement, notre angoisse, notre colère, nos commentaires philosophiques ? Est-ce que nous ne l'interpellons pas différemment, peut-être plus négativement, parce qu'il n'est pas comme d'habitude ?
Et, plus spécifiquement dans l'application que nous vivons, qu'est-ce que nous en disons ? Comment est-ce que nous partageons avec l'enfant nos " pourquoi " et nos " comment " ? Sommes-nous prêts à faire quelque chose, autour de nous, pour nous remettre debout ? Et ce quelque chose peut-il contribuer à atténuer la haine autour de nous, dans notre communauté, et à moyen terme dans le monde, ou au contraire, à amplifier les rapports de forces ?


ET LA MINORITÉ D'ENFANTS QUI REAGIT A L'INVERSE ?

Nous en distinguons deux sous-groupes : les réactions d'indifférence et/ou de racisme manichéen, et celles d'excitation joyeuse. Aucun de ces deux sous groupes ne sera vraiment transformé par une réponse éducative immédiate; aucun ne mérite non plus notre colère ni notre rejet, mais plutôt que nous nous interrogions sans détours sur la raison d'être de leur fonctionnement.
Une minorité de fois, nous serons en droit de penser que ce sont des adolescents qui " friment " en affichant des positions opposées à celles de leur entourage : plutôt que de les combattre, ils gagnent à s'entendre dire très sobrement : " Penses comme tu veux " et à constater que les adultes maintiennent leurs opinions, mais en en discutant avec d'autres qu'eux. Mais bien plus souvent, le fonctionnement interpellant de ces jeunes est plus basal et ne relève pas principalement du défi.


Face aux jeunes indifférents et/ou aux racistes manichéens
Ce ne sont pas des désapprobations et des moralisations faites sur le champ qui vont les faire changer de conviction, encore que nous gagnons à leur faire savoir sobrement la façon différente dont nous analysons et vivons les événements. Fondamentalement, c'est une remise en question de nous, adultes, portant sur le passé et sur l'avenir, qui pourrait peut-être mobiliser lentement et jusqu'à un certain point leurs vécus profonds et leurs valeurs.
Interrogation du passé ? Il n'est pas rare qu'un jeune indifférent ait lui-même été perçu comme pas très important et/ou élevé sans trop de sensibilité. Il en est de même pour le raciste du moment, qui a souvent connu des attitudes significatives d'exclusion, où de soi-disant " bons " le positionnaient comme le " mauvais "; ou alors, c'est toute la culture d'éducation (familiale, scolaire) qui a été marquée par l'indifférence, le matérialisme, le mépris des faibles. Est-il inéluctable que tout cela reste immuable ? Ne peut-on vraiment pas, à l'occasion, reconnaître que des erreurs ont été faites ou que des valeurs sont à revoir ? Ne peut-on donc jamais évoquer des moments de tensions injustes et demander pardon ?
Et pour l'avenir ? Ne peut-on pas, dans des lieux divers, à la maison, à l'école, à l'hôpital, là où l'on est et sans toujours trop s'occuper de ce que font les autres, ne peut-on pas veiller à une grande qualité humaine des relations, entre autres avec ces jeunes là ? Ne peut-on pas leur donner le meilleur de soi-même, ce qui finira par les ouvrir à la réciprocité ? Alors, quand un dialogue plus sensible s'engagera, à nous de témoigner de nos valeurs les plus profondes, autour du droit de chaque être humain d'exister dans la dignité.

Face aux enfants excités par le jeu de la guerre
Ce sont souvent des enfants plus jeunes qui ne comprennent pas bien les enjeux réels de la situation. Beaucoup d'entre eux ont déjà l'imagination saturée et intoxiquée par trop d'images violentes, celles des jeux vidéo et de la télé, devant lesquelles on les avait laissés trop seuls et trop longtemps. On les y a laissés aussi dans le silence, imprégnés à foison par les dimensions sensationnelles excitantes des images, sans que des dialogues soient menés, par exemple, sur les souffrances qu'elles connotaient pour leurs victimes.

Certes, on peut toujours désapprouver la confusion ludique de ces enfants, s'exprimer soi-même, et tenter de les sensibiliser sur le champ aux enjeux réels des événements : certains de ces enfants, plus jeunes, se laisseront guider mentalement pour cette fois, mais sans changement réel de leur structure. Ici aussi, l'heure est à la remise en question de nous, adultes, autour de la qualité de vie relationnelle offerte à ces enfants : l'image subie passivement ne constitue-telle pas trop un exutoire commode pour eux et pour nous ? Bénéficient-ils assez de notre présence à leurs côtés, de dialogues autour des images difficiles ? Et, plus radicalement, osons nous réglementer les temps d'images et proposer à l'enfant d'autres distractions créatives, et à la famille des projets et autres moments de relation à deux, à trois, ou ensemble ?

J.Y. Hayez* Unité de pédopsychiatrie des cliniques universitaires Saint-Luc, 10, avenue Hippocrate, B-1200 Bruxelles, Belgique

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Les méfaits du tabagisme chez l'enfant

 

En 1995, en France, 60 000 morts ont été directement ou indirectement imputables à l'usage du tabac. Les principales causes sont les cancers : 31 500; les maladies cardiovasculaires (maladies
des artères coronaires, accidents vasculaires cérébraux) : 14000; les maladies de l'appareil respiratoire (bronchite chronique, emphysème) : 11 000. En 1998, lors de la dernière enquête menée par le Comité français d'éducation pour la santé et la Caisse nationale d'assurance maladie, un peu plus d'un tiers des adultes âgés de plus de 18 ans (35 %) déclarent fumer.

Le pourcentage de fumeurs chez les hommes reste supérieur à celui des femmes (42 contre 27 %). Près de la moitié de la population âgée de 18 à 34 ans, c'est-à-dire celle en âge de procréer, fume. De ce fait, de très nombreux enfants sont exposés aux méfaits du tabagisme passif, tout particulièrement au cours de leur vie fœtale pour ceux dont la mère fume au cours de la grossesse.

Les pédiatres ne peuvent pas rester indifférents devant de telles données. Ils peuvent être des acteurs privilégiés de la lutte anti-tabac en s'efforçant de convaincre les parents fumeurs de la
nocivité du tabagisme passif pour leurs enfants.


PRINCIPAUX TOXIQUES TRANSMIS PAR LA FUMÉE DE TABAC

La nicotine
La nicotine est contenue dans la phase particulaire de la fumée de tabac et est responsable de la dépendance pharmacologique et des effets cardiovasculaires du tabac. ll s'agit d'un alcaloide de
faible poids moléculaire qui présente une analogie structurale avec l'acétylcholine et se fixe sur des récepteurs nicotiniques présents dans tout l'organisme mais surtout au niveau du cerveau. Sa fixation entraîne une libération de monoamines (dopamine, sérotonine, et noradrénaline), et par ce biais intervient dans la régulation de l'humeur et des émotions.

Après absorption pulmonaire, la nicotine diffuse par voie sanguine dans tout l'organisme; elle gagne très rapidement (en moins de sept secondes) le cerveau Sa demi-vie est courte, de l'ordre de deux heures Son métabolisme est hépatique, conduisant à un dérivé inactif, la cotinine, qui est excrétée dans les urines. La demi-vie de la cotinine est de l'ordre de 15 à 20 heures. Le besoin de fumer apparaît dès que la nicotinémie baisse. Ce sont ces variations de la nicotinémie qui sont à la base du comportement tabagique La nicotine a une action générale sur l'organisme Au niveau du système nerveux central, elle est psycho-stimulante et a une action anxiolytique. Sur le plan cardio-vasculaire, elle entraîne une augmentation de la fréquence cardiaque de dix à 20 battements par minute, de la tension artérielle de cinq à 10 mm de mercure, du débit cardiaque à court terme et donc de débit sanguin cérébral et musculaire. À long terme, elle augmente la libération des acides gras, des LDL et VLDL, et augmente la réactivité plaquettaire et les turbulences sanguines. Elle est ainsi responsable d'une augmentation des affections cardiovasculaires (coronaropathie et artériopathie des membres inférieurs).

Sur le plan respiratoire, elle est analeptique respiratoire à faible dose et dépresseur respiratoire à forte dose. Sur le plan endocrinien et métabolique, elle favorise la libération d'opiacés endogènes (bêta-endorphines), a une action anorexigène et augmente le métabolisme basal. Ces effets métaboliques, couplés aux effets sur le système nerveux central, sont souvent ceux auxquels les fumeurs sont particulièrement attachés et qu'ils invoquent en premier dans leur réticence à arrêter de fumer


Le monoxyde de carbone ou CO
Gaz incolore et inodore, rentrant dans la composition de la phase gazeuse de 1"< aérosol tabagique>>, le CO a pour particularité de se fixer sur l'hémoglobine avec une affinité supérieure à celle de
l'oxygène pour former la carboxyhémoglobine, complexe de demi-vie de quatre à six heures. Son taux est de moins de 2 % chez le non fumeur non exposé, de 5 à 7 % chez le sujet exposé au
tabagisme passif, et peut atteindre 15 % chez le gros fumeur. Ainsi chez le fumeur, le CO est un facteur d'hypoxie chronique et de lésions endothéliales pouvant jouer un rôle dans l'athérosclérose.


Irritants et carcinogènes
Les irritants (aldéhydes, acides, acroléine, dérivés arsenicaux et ammoniacaux, etc.) ont essentiellement des effets bronchopulmonaires néfastes : altération de l'épuration mucociliaire et de la fonction macrophagique, augmentation des résistances bronchiques, modifications histologiques bronchiques. Ils sont responsables de l'installation progressive d'une bronchite chronique. Les carcinogènes présents dans la fumée de tabac sont des hydrocarbures polycycliques ou goudrons dont l'agent principal est le benzopyrène. Ils possèdent une action cancérigène directe en tant qu'initiateur (transformation des cellules normales en cellules malignes) et sont responsables des excès de cancers retrouvés chez les fumeurs (poumon, voies aérodigestives supérieures, œsophage, vessie, pancréas, rein, col utérin, etc.).


LE TABAGISME PASSIF

Le tabagisme passif correspond à l'exposition involontaire du sujet non fumeur à la fumée dégagée dans son voisinage par un ou plusieurs sujets fumeurs. Il est issu des courants secondaires (fumée provenant de la cigarette qui se consume) et tertiaire (fumée exhalée par le fumeur) alors que le sujet qui fume est exposé au courant primaire (fumée inhalée par le fumeur). Les courants secondaire et tertiaire sont plus riches en particules, en CO et en produits toxiques et cancérogènes, que le courant primaire. Mais ces composés sont dilués dans l'air amblant et la toxicité dépend grandement de la taille des pièces, de la ventilation, du nombre de fumeurs, du type et de la quantité de tabac fumé, données qui sont difficilement évaluables à l'interrogatoire.

L'évaluation objective de l'exposition au tabac peut se faire par mesure du CO expiré alvéolaire par une technique d'oxydation électrochimique. Il est nécessaire de faire une inspiration profonde, puis une apnée d'une dizaine de secondes puis une expiration forcée. L'air expiré est recueilli après avoir éliminé les 600 premiers cm3. Cette technique est toutefois irréalisable chez le jeune enfant mais peut être facilement réalisée chez les parents ou chez des adolescents lors d'une consultation. Un marqueur plus spécifique du tabagisme passif est le dosage de la cotinine urinaire, qui est un reflet de l'exposition tabagique lors des trois derniers jours. La cotinine peut également être dosée dans les cheveux et elle est alors le reflet d'une exposition plus longue puisque 1 cm de cheveu correspond à 1 mois d'exposition; I'exposition la plus récente est reflétée par le dosage au niveau de la racine; ces dosages ne sont cependant pas réalisés en routine.


EFFETS CLINIQUES DE L'EXPOSITION AU TABAGISME PASSIF CHEZ L'ENFANT

Le tabagisme passif pendant la grossesse
Retard de croissance intra-utérin et prématurité
Le tabagisme passif est responsable d'un retard de croissance intra-utérin qui est indépendant de l'âge maternel, de la parité, du rang de naissance et de la classe socioéconomique. Il favorise également la prématurité du fait d'une hypoxie fœtale chronique (rôle du CO). Par contre, il ne parait pas entraîner d'augmentation du nombre de malformations congénitales.


Altération de la fonction respiratoire
Il existe une altération précoce des paramètres fonctionnels respiratoires chez les nourrissons exposés in utero [4] : sur 53 nourrissons de 5,1 semaines d'âge moyen, ceux qui avaient été exposés in utero au tabagisme passif présentaient une diminution significative du rapport débit maximum à la capacité résiduelle fonctionnelle (Vmax CRF), équivalent passif du volume expiratoire maximum seconde, par rapport aux enfants non exposés; ils présentaient également une diminution de la compliance, de la résistance et de la capacité résiduelle fonctionnelle, témoignant d'une réduction du calibre des voies aériennes et d'une altération des propriétés mécaniques du système respiratoire. Le tabagisme passif in utero entraîne également une hyperréactivité bronchique précoce : un test de provocation bronchique à l'histamine a été réalisé chez 63 enfants âgés en moyenne de quatre semaines et demie en mesurant le Vmax CRF : la réactivité bronchique était significativement augmentée chez les nourrissons qui avaient été exposés eVou lorsqu'il existait des antécédents atopiques familiaux au premier degré. Or, il est actuellement reconnu que les nourrissons qui vont faire des bronchiolites pendant la première annce de vie sont ceux qui ont à la naissance des voies aériennes de plus petit calibre.


Le tabagisme passif chez le nourrisson et l'enfant
L'exposition au tabagisme passif multiplie par deux le risque de mort subite inexpliquée du nourrisson :L'augmentation de ce risque est maintenant considéré comme une "< évidence épidémiologique >>. Dans une méta-analyse de 32 publications, I'augmentation du risque chez le nourrisson exposé pendant et après la grossesse est évaluée à 108 % (IC 95 % : 83 à 138 %), et à 94 % si le nourrisson est exposé uniquement après la naissance (IC 95 % : 55 à 143 %). L'effet de l'exposition in utero seule est impossible à évaluer car les femmes qui fument pendant la grossesse continuent pour la plupart à fumer après la grossesse.


Le tabagisme passif favorise les infections des voies aériennes
Toutes les études épidémiologiques s'accordent sur ce point. La relation est dose-dépendante et l'influence du tabagisme passif maternel est toujours prépondérante. L'augmentation des épisodes de bronchites, bronchiolites et des pneumopathies a été évaluée par une méta-analyse portant sur 50 articles sélectionnés sur 692. L'augmentation du risque est de 72 % (IC 95 % : 55 à 91 %) pour toutes ces pathologies confondues lorsque les enfants sont exposés au tabagisme passif maternel. Il existe une relation dose réponse dans la plupart des études. Dans une autre méta-analyse plus récente portant sur 21 publications, la fréquence des infections respiratoires basses sévères est multipliée par deux chez les enfants dont un des parents fume; le risque est d'autant plus marqué que l'enfant est jeune (moins de deux ans).

Les bronchiolites aiguës sont particulièrement représentatives des infections des voies aériennes inférieures du nourrisson : Mc Connachie et Rophman ont rapporté un risque de bronchiolites de 80 % chez les nourrissons soumis à un tabagisme passif contre 8,6 % dans la population témoin. Dans une autre étude, chez 28 nourrissons âgés de deux à 18 mois hospitalisés pour bronchiolite à virus respiratoire syncitial les taux de cotininémie à l'entrée étaient en moyenne deux à trois fois plus élevés que ceux trouvés chez 30 nourrissons de même âge hospitalisés pour des motifs autres que respiratoires. Les otites moyennes aiguës sont non seulement plus fréquentes chez les enfants exposés au tabagisme passif mais elles durent également plus longtemps. L'ablation des végétations adénoides serait quatre fois plus fréquente chez les enfants exposés au tabagisme passif.


Augmentation de la fréquence et de gravité de l'asthme
Le tabagisme passif favorise l'apparition d'un asthme et cela a été mis en évidence aussi bien dans des études épidémiologiques transversales, que dans des études prospectives menées à partir de la naissance dans des populations d'enfants non sélectionnés. Une augmentation de la fréquence de l'asthme est observée chez les enfants ayant un terrain atypique et exposés au tabagisme passif. Chez les enfants asthmatiques, l'exposition au tabagisme passif augmente la morbidité, le nombre de consultations médicales et la consommation en médicaments.

Le nombre d'exacerbations de l'asthme est corrélé à l'importance de l'exposition tabagique [13]. Dans une méta-analyse de 60 articles, portant sur des enfants d'âge scolaire exposés au tabagisme passif d'au moins un des deux parents, l'augmentation de la prévalence de l'asthme a été estimée à 21 % (IC 95 % : 10 à 34 %), celle des sibilants à 24 % (IC 95 % : 17 à 31 %), celle de la toux à 40 % (IC 95 % : 17 à 53 %), celle des épisodes d'encombrement bronchique à 35 % (IC 95 % : 13 à 62 %) et celle des épisodes de gêne respiratoire à 31 % (IC 95 % : 8 à 59 %) [14]. L'effet est dose dépendant, et plus important en cas de tabagisme passif maternel. Il est d'autant plus marqué que l'enfant est plus jeune, sans que cela soit lié à un métabolisme différent de la nicotine mais bien à une exposition accrue, le jeune nourrisson
vivant habituellement dans une atmosphère plus confinée que l'enfant plus grand et ayant des contacts plus rapprochés avec sa mère.


Sensibilisation allergénique ?
Les données concernant le risque de sensibilisation allergénique sont contradictoires : il ne semble pas exister d'augmentation de la sensibilisation aux aéroallergènes et les études prospectives n'ont pas trouvé d'augmentation de la concentration sérique en IgE totales chez les nourrissons et les enfants de mère fumeuse par rapport aux enfants de mère non fumeuse. Par contre, une étude prospective chez 342 enfants suivis à l'âge de 1, 2 et 3 ans met en évidence une augmentation très significative de 120 % (95 % : 10 à 320 %) de la sensibilisation aux trophallergènes pendant les trois premières années de vie chez les nourrissons exposés au tabagisme passif en période pré et post-natale . Le tabac n'exerce pas d'effet allergisant par lui-même.

Altération de la fonction respiratoire
L'altération de la fonction respiratoire chez les enfants d'âge scolaire exposés au tabagisme passif est très modérée : diminution du volume expiratoire maximum seconde de 1,4 % (IC 95 % : 1 à 1,9 %), du débit expiratoire maximum 50 de 5 % (IC 95 % : 3,1 à 5,5 %) et du débit expiratoire maximum 25 de 4,3 % (IC 95 % : 3,1 à 5,5 %) dans une méta-analyse de 21 études . Ces altérations respiratoires modérées sont vraisemblablement des séquelles de l'exposition anténatale au tabagisme passif. Les enfants exposés au tabagisme passif ont une plus grande variabilité du débit expiratoire de pointe mais pas d'hyperréactivité bronchique significative.

Risque de cancer : données contradictoires
Les études concernant les relations entre l'exposition au tabagisme passif et le risque de cancer chez l'enfant sont contradictoires. L'agence américaine de protection de l'environnement a classé en 1993 la fumée de tabac à laquelle sont exposés les nonfumeurs parmi les carcinogènes de classe A, c'està-dire les plus dangereux. ll existe chez l'adulte une relation évidente entre tabagisme passif et cancer du poumon. Les études chez l'enfant sont peu nombreuses et posent le problème du délai d'apparition entre l'exposition et le début de la pathologie. Une étude suggère que 18 % environ des cancers du poumon chez les non fumeurs pourraient être en rapport avec une exposition passive pendant l'enfance et l'adolescence; selon ce même travail, chaque période de cinq années d'exposition située pendant l'enfance ou l'adolescence augmenterait de 6,5 % le risque de cancer du poumon chez le futur adulte non fumeur.

Une étude cas/contrôles de 114 femmes âgées de 30 à 69 ans porteuses d'un cancer du poumon (59 paires de femmes fumeuses et 54 paires de femmes non fumeuses) montre que l'exposition au tabagisme passif avant 22 ans augmente le risque de cancer du poumon chez les femmes fumeuses; le risque est également augmenté chez les non fumeuses exposées à un tabagisme passif avant l'âge de 15 ans; le risque est maximum pour une exposition précoce, avant l'âge de sept ans.

Une méta-analyse récente [22] va à l'encontre d'une relation entre l'exposition au tabagisme passif et le cancer du poumon, mais trouve une relation entre l'exposition au tabagisme passif et l'ensemble des cancers de l'enfant : le risque serait augmenté de 10 % IC 95 % : 3 à 19 %); I'exposition au tabagisme passif paternel augmenterait la fréquence des tumeurs du cerveau de 22
% (IC 95 % : 4 à 40 %) et des Iymphomes de 108 % (IC 95 % : 0,8 à 298 %).


Aggravation des maladies respiratoires chroniques
Le tabagisme passif peut aggraver certaines maladies respiratoires chroniques telles que la mucoviscidose. Une étude anglaise portant sur 57 enfants atteints de mucoviscidose âgés de cinq à 16ans montre une corrélation négative entre tabagisme passif et fonction respiratoire chez ces enfants : pour chaque augmentation de l'index tabagique de dix cigarettes, le VEMS diminue de 4 % et la capacité vitale de 3 % . Dans une autre étude des enfants atteints de mucoviscidose exposés à un`t tabagisme passif important (de l'ordre de trois à quatre paquets par jour), présentaient une altération de leur fonction respiratoire et une multiplication par cinq du nombre des admissions à l'hôpital, par rapport aux enfants atteints de mucoviscidose non exposés au tabagisme passif ou aux enfants exposés à un tabagisme passif modéré.


LE TABAC ET L'ADOLESCENCE

Depuis 1977, une décroissance du pourcentage d'adolescents français déclarant fumer (même de temps en temps) est observée : en 1977, le pourcentage de fumeurs de 12 à 18 ans était de 46 %; il avait diminué de 25 % en 199. Les trois quart des jeunes fumeurs sont des fumeurs réquliers (en moyenne 7,8 cigarettes par jour); un quart sont des fumeurs occasionnels.

La législation pour la protection contre le tabagisme repose sur les trois éléments suivants : interdiction de la publicité, augmentation du prix des cigarettes et interdiction de fumer dans des espaces publics clos. Cette interdiction de fumer dans les espaces publics permet de protéger la santé des non fumeurs en diminuant l'exposition au tabagisme passif, et également de renverser l'image sociale du tabagisme, ce qui est fondamental chez les jeunes qui commencent à fumer << pour faire comme les adultes >~. Ce sont d'ailleurs majoritairement des enfants de fumeurs qui
deviendront les futurs fumeurs.

Les enfants de fumeurs vont en effet considérer les premières cigarettes un peu comme un << rite initiatique " leur permettant de quitter le monde de l'enfance pour accéder à celui de l'âge adulte. Ainsi, au début de l'adolescence, imposer à ces jeunes une vie sans tabac peut être vécu comme un refus d'accession au monde des adultes. Plus tard dans l'adolescence, les jeunes qui auront été déçus par l'expérience du tabac, pourront envisager d'arrêter de fumer, et l'épreuve du sevrage sera alors vécue comme le véritable passage à l'âge adulte.

Parmi les jeunes fumeurs, 57 % souhaitent arrêter. Ce désir d'arrêter diminue sensiblement avec l'âge, mais reste toujours supérieur à 50 % . Cependant, avant de proposer un sevrage, il faut faire très attention aux raisons et aux motivations qui ont poussé l'adolescent à fumer et l'aider à clarifier ses besoins. Les raisons principales invoquées sont : la gestion du stress, la gestion de l'ennui ou l'évitement des signes de manque, et enfin l'amélioration de la con centration intellectuelle. Les raisons invoquées pour arrêter de fumer sont par fréquence décroissante : faire des économies, connaître une personne malade du tabac, améliorer sa santé, son bien être et ses performances sportives, être avec un non-fumeur, améliorer sa respiration, ses capacités gustatives et olfactives, répondre à la demande de ses amis, craindre la dépendance, retrouver l'indépendance et l'estime de soi, et en dernier lieu, connaître les effets du tabagisme passif. Il parait donc plus important de travailler avec l'adolescent sur l'image corporelle que sur les effets délétères du tabac.

Il est nécessaire, pour aider ces adolescents, d'associer une prise en charge individualisée et un soutien en milieu scolaire. Sur le plan individuel, l'outil de travail pourrait être une adaptation française des "5A" du National Cancer Institute : anticipate (entretien avec le pédiatre, en toute confidentialité), ask (questionnements), advise (informations), assist (utilisation de substituts à la nicotine et de clonidine pour diminuer l'intensité du sevrage) et arrange (consultations de suivi dans les quinze premiers jours de l'arrêt et six à huit semaines plus tard). Par ailleurs, en France, des expériences de sevrage tabagique en milieu scolaire sont régulièrement organisées, menées par des médecins extérieurs ou non aux établissements, le plus souvent assistés d'autres professionnels (infirmières scolaires, psychologues, etc.) (~< Objectif : école sans tabac ", campagne lancée en 2000 au niveau des collèges et des Iycées). L'impact exact de ces campagnes est difficile à évaluer.

A. Juchet, unité des maladies respiratoires et allergiques de l'enfant, hôpital des Enfants, 31059- Toulouse cedex France article publié dans Arch Pediatr 2002; 8 :539-44

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Langage des bébés : Quand les nourrissons s'exercent au babillage, leur bouche s'ouvre sur la droite, preuve que le centre du langage est déjà en place !

 

Les bébés babillent à partir de sept mois jusqu'à environ un an, période à laquelle ils prononcent leurs premiers mots". Quand ils disent " Areu ! Areu ! " ou " Peuh ! Peuh ! ",tout en tirant leurs chaussettes ou en regardant leurs mains,ils babillent. Cet exercice a l'air parfaitement insignifiant. Mais ce n'est pas du tout l'avis de ceux qui cherchent à percer les rnystères du langage et de son apprentissage. " Le babillage du nourrisson est une question centrale pour l'étude de l'enfant et de l'évolution du langage ", assure Laura-Ann Petitto, célètre psychologue spécialiste des neurosciences, de l'Uriversité de Dartmouth (New Hampshire).
La preuve, elle présente aujourd'hui dans la revue américaine Science une étude passionnante (1) où elle montre que le babillage est une activité de langage à part entière.

LauraAnn Petitto a enregistré dix bébés en train de babiller, de sourire et de faire des bruits de bouche. En analysant et en comparant les différentes séquences image par image sur ordinateur, elle a constaté que la bouche des bébés présente une légère asymétrie au moment du babillage : le côté droit s'ouvre un peu plus grand.

Curieusement, cette déformation n'apparait qu'à cette occasion. Quand l'enfant fait des vocalises, sa bouche reste parfaitement symétrique. Quand il sourit, sa bouche a tendance à s'ouvrir un peu plus vers la gauche. En fait, ces asymétries s'expliquent par le fait que le centre des émotions (le sourire) dans le cerveau se trouve dans l'hémisphère droit, tandis que le centre du langage se trouve dans l'hémisphère gauche. De manière générale, I'hémisphère droit contrôle la partie gauche du corps et viceversa.
Quand c'est l'hémisphère gauche qui contrôle l'action (le langage), il envoie les commandes motrices à la partie droite de la bouche, et simultanément la même instruction à I'hémisphère droit, qui la répercute sur le côté gauche de la bouche, avec du coup un peu de retard. Le côté droit s'ouvre donc en premier. Cela suggère donc que c'est le langage qui contrôle cette action, et qu'il est déjà latéralisé à gauche.

On pourrait objecter que cette ,asymétrie dépend de la langue parlée par les parents de l'enfant. C'est pourquoi Laura-Ann Petitto et Siothan HolowLa, de l'Université McGill, à Montréal (Canada), ont testé cinq bébés anglophones et cinq autres francophones. Elles ont trouvé le même résultat. Le babillage est identique chez tous les enfants, quelle que soit la langue dans laquelle ils baignent.

Personne auparavant n'avait observé cette asymétrie. Elle apporte une nouvelle preuve que, très tôt, les fonctions du langage sont présentes dans le cerveau du bété. Le nourrisson ne babille pas seulement pour apprendre à maîtriser les mouvements de sa bouche, comme le prétendent certains chercheurs. Ses gazouillis sont déjà du langage. " Le langage est présent avant le contrôle de la bouche, et le bébé cherche justement à I'exprimer. C'est sans doute le moment le plus important de la vie ", explique Laura-Ann Petitto.

Repérer cette asymétrie n'est pas chose facile. En fait, elle échappe à l'observateur le plus attentif parce qu'elle s'exprime très rapidement. " C'est devant nous, et personne ne le uoit. ,Ca nous a fait un choc quand on a fait nos premières observations. On se demandait s'il n'y avait pas une erreur quelque part". se souvient Laura-Ann Petitto.

La question de la vraie nature du babillage n'est pas nouvelle. Tout le mérite de la chercheuse d'origine italienne consiste à avoir eu l'idée d'appliquer aux mouvements de la bouche des bébés ume grille de lecture utilisée jusqu'alors chez les adultes souffrant de troubles du langage. Avec un peu de recul, on peut s'étonner qu'elle n'ait pas eu recours à l'imagerie médicale pour conduire ses recherches. Mais il faut savoir qu'il y a peu, I'utilisation de scanner chez les béhés était rigoureusement interdite à des fins de recherche.

" Cette étude confirme tous les indices que nous avions déjà ", commente Franck Ramus, de l'EHESS/CNRS. Pour ce chercheur, il parait évident que le centre du langage se met en place très tôt chez le nourrisson. " Comment comprendre autrement que l'enfant parvienne à apprendre les sons, les mots et la structure syntaxique de sa langue en seulement quelques années d'exposition ? "


(1) Science, 29 août 2002. Des séquences vidéo sont présentées sur le site Web de la revue.

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*GPSR : Groupement des Pédiatres Strasbourgeois exerçant la Réanimation
Unité de Néo-Natalogie - Clinique Sainte Anne