De 18 à 23 mois
: le délai idéal entre une naissance et
la grossesse suivante. Quel est l'intervalle optimal
entre deux grossesses si l'on veut avoir le plus de
chances de donner naissance à un bébé
non prématuré, de poids et de taille normaux
? Une étude américaine a tenté
de répondre à cette question en étudiant
les certificats de naissance de plus de 173 000 bébés
nés dans l'Utah. Conclusion : l'intervalle idéal
entre une naissance et la mise en route de la grossesse
suivante est de 18 à 23 mois.
Les femmes bien alimentées qui n'allaitent pas
leur bébé peuvent avoir une ovulation
dès le 27° jour qui suit l'accouchement.
En revanche, celles qui allaitent ont une reprise de
l'ovulation plus tardive, et moins de 50 % ovulent au
6° mois du post-partum. Ainsi, une nouvelle grossesse
peut survenir assez tôt après un accouchement.
Mais quel est le meilleur intervalle après l'accouchement
pour concevoir un nouvel enfant, si l'on veut mettre
toutes les chances de son côté pour avoir
un bébé non prématuré, de
poids et de taille normaux ?
Zhu (Michigan Department of Community Health, Lansing)
et coll. ont tenté de répondre à
cette question en étudiant les certificats de
naissance de 173 205 bébés nés
de mère multipare dans l'Utah (entre 1989 et
1996). Près de 4,3 % des bébés
avaient un faible poids de naissance, 5,7 % étaient
nés prématurément et 8,6 % étaient
petits pour leur âge gestationnel.
Les auteurs ont contrôlé seize facteurs
de risque potentiellement confondants : l'âge
de la mère, un mort-né ou un avortement
lors de la grossesse la plus récente, le nombre
d'enfants vivants, le nombre d'enfants morts après
la naissance, le nombre d'avortements spontanés
ou provoqués, la taille de la mère, le
poids avant la grossesse, le gain pondéral durant
la grossesse, le trimestre lors du début des
soins prénatals, le nombre de consultations prénatales,
l'état marital, le niveau d'éducation,
la race ou le groupe ethnique, la résidence urbaine
ou rurale, le tabagisme durant la grossesse et l'alcool
au cours de la grossesse.
Les auteurs ont trouvé que les bébés
conçus entre 18 et 23 mois après une naissance
ont les plus faibles risques de petit poids de naissance,
de petite taille pour l'âge gestationnel et de
naissance prématurée. Des intervalles
plus courts et plus longs sont associés à
des risques plus élevés.
Ainsi, comparés aux bébés conçus
dans l'intervalle optimal, ceux qui sont conçus
moins de six mois après une naissance ont 40
% plus de risque d'avoir un faible poids de naissance,
40 % plus de risque d'être prématurés
et 30 % plus de risque d'avoir une faible taille pour
l'âge gestationnel.
Les bébés qui sont conçus plus
de dix ans après une naissance ont deux fois
plus de risque d'avoir un faible poids de naissance,
1,5 fois plus de risque d'être prématurés
et 1,8 fois plus de risque d'avoir une faible taille
pour l'âge gestationnel.
Toutes les études publiées jusqu'à
présent ont montré de façon consistante
qu'un court laps de temps entre deux grossesses est
associé à un certain risque pour le bébé,
mais les résultats ont été beaucoup
plus inconsistants pour un intervalle prolongé
entre deux grossesses. L'effet néfaste d'un court
laps de temps entre deux grossesses pourrait être
attribué à des déficits nutritionnels
chez la mère et au stress du post-partum. Un
éditorialiste rassurant
Le Dr Mark Klebanoff tempère ces résultats
dans un éditorial associé.
Les risques associés à
des intervalles extrêmes, note-t-il, pourraient
certainement avoir été réduits
après ajustement pour des facteurs supplémentaires
comme la prise en compte d'une grossesse non prévue.
Ainsi, conclut-il, « les femmes qui prévoient
de devenir enceintes moins de six mois ou plus de dix
ans après une grossesse peuvent être rassurées
: en l'absence d'autres facteurs, le risque a de fortes
chances d'être inférieur à celui
indiqué par les résultats de Zhu et coll.
»
Dr Véronique NGUYEN le quotidien
du médecinet « New England Journal of Medicine,
du 25 février 1999.
Effets du tabagisme : déjà
pendant la grossesse !
La nicotine et ses métabolites
passent dans le liquide amniotique : la cotinine du
liquide amniotique est multipliée par 8 en cas
de tabagisme maternel actif et par 2,5 si la femme enceinte
est passivement exposée à la fumée
de tabac.
Le rôle du tabagisme maternel
dans l'induction d'un terrain allergique reste controversé.
Une étude prospective a été menée
sur une cohorte de 15712 enfants anglais nés
en avril 1970. Son objectif était de préciser
le rôle de différents facteurs, en particulier
le tabagisme maternel anténatal, dans le développement
d'une maladie respiratoire sifflante avant l'âge
de 5 ans et la persistance de celle-ci à l'âge
de 16 ans.
La survenue de sibilances précoces
est étroitement associée à trois
paramètres : sexe masculin, tabagisme maternel
pendant la grossesse, hypotrophie à la naissance.
Seulement 15 % des enfants «siffleurs »
précoces ont gardé des symptômes
respiratoires bas à l'âge de 16 ans. L'hypotrophie
à la naissance et le tabagisme anténatal
représentent des facteurs de risque indépendants.
Toutefois, dans 8 cas sur 10, I'asthme n'est plus symptomatique
à l'âge de 16 ans.
Parmi 97 nourrissons, I'apparition
d'épisodes de sifflements au cours de la première
année de vie était corrélée
aux résultats de la fonction respiratoire mesurée
avant l'âge de 6 mois. Ainsi, à 6 mois,
les nourrissons qui devaient développer une pathologie
respiratoire sifflante avant l'âge de 1 an présentaient
déjà une diminution significative de leur
fonction respiratoire (débit expiratoire maximum
à la CRF = Vmax CRF) par rapport à ceux
qui n'eurent aucun sifflement.
Dans cette étude, I'altération
de la fonction respiratoire à 6 mois était
corrélée au tabagisme maternel pendant
la grossesse et à des antécédents
d'asthme maternel. L'exposition in utero au tabac et
l'atopie maternelle seraient donc les deux « marqueurs
les plus importants pour prédire la survenue
d'une pathologie respiratoire sifflante au cours de
la première année de la vie.
Une autre étude confirme cette
altération précoce des paramètres
respiratoires chez les nourrissons passivement exposés
au tabac . Parmi 53 nourrissons, explorés en
moyenne à 5 semaines de vie, ceux qui avaient
été exposés in utero au tabac présentaient
déjà une diminution significative du Vmax
CRF par rapport aux non-exposés. Ces nourrissons
avaient aussi une réduction de la taille des
voies aériennes et d'une altération des
propriétés mécaniques du système
respiratoire .
Sortie précoce de maternité
avec bébé ?
C'est le lendemain de
la naissance que de nombreux bébés américains
quittent la maternité. Ce départ précoce
est compensé par un suivi et des soins attentifs
à domicile.
Pour autant, les hospitalisations dans
les deux premières semaines ne sont pas plus
fréquentes. Une étude, réalisée
à I'hôpital des Enfants de Cincinnati (Ohio),
rapporte même une baisse de 23 % des hospitalisations
sur la période de 1991 à 1995. Pendant
ce temps, la durée moyenne des séjours
en maternité passait de 2,2 à 1,6 jours.
Bien sûr, la fréquence
des soins sans hospitalisation augmentait de 117 %,
témoignant de la bonne prise en charge des nouveau-nés
à domicile. L'étude présentée
dans le « JAMA » (« Journal of the
American Medical Association ») du 22 septembre
1999 confirme la sécurité de cette pratique
de sortie rapide des maternités.
La maternité : les
démarches administratives, vos droits avec votre
travail, la naissance, les congés parentaux,
le suivi médical de bébé
Il n'est pas nécessaire
de courir s'inscrire séance tenante à
l'hôpital ou de demander à son centre de
Sécurité sociale les formalités
à accomplir, voire même d'aller inscrire
son enfant en crèche, dès la lecture d'un
test de grossesse positif !
Pourtant, pour le choix du heu de
l'accouchement comrne pour les formalités à
remplir auprès d'organismes sociaux, il ne faut
pas tarder. Pour vous faciliter ces démarches,
nous avons retracé le « parcours »
d'une femme enceinte jusqu'à la fin de son congé
de maternité.
De la conception à l'accouchement
Vous pensez être enceinte ? Si vous êtes
pressée d'en avoir confirmation, vous pouvez
vous procurer en pharmacie des tests de grossesse (75
à 120 F), sans prescription médicale.
Ils ne sont pas remboursés. IL est nécessaire
de faire confirmer le résultat par un médecin.
Le carnet de bord de votre maternité
Dès que vous avez fait établir le certificat
de grossesse par votre médecin, vous envoyez
à votre centre de paiement de Sécurité
sociale la déclaration de grossesse. Vous recevez
un «guide de surveillance médicale de la
mère et du nourrisson» (appelé couramment
carnet de maternité); il vous permettra de suivre
le calendrier des futurs examens. Ce suivi est trés
important puisqu'il conditionne les droits à
l'assurance maternité, ainsi que les droits à
certaines prestations familiales.
Les erreurs de date peuvent être prises en compte,
sous certaines conditions, et un certificat rectificatif
peut être adressé à la caisse.
Choisir le lieu de l'accouchement
Un établissement ne peut pas vous être
imposé. Toutefois, dans les faits, les établissements
de maternité pratiquent de plus en plus une orientation
des patientes selon qu'il y a grossesse à risques
ou non. Un classement des maternités en trois
t,vpes d'établissements a été effectué
en 1998 (décret n° 98-899 du 9.10.1998) et
la nouvelle carte hospitalière confirme ce classement
:
- les établissements d'obstétrique pour
les accouchements normaux;
- les établissements avec un service de néanatalogie
pour les accouchements présentant des risques
« intermédiaires »,par exemple les
accouchements prématurés;
- les établissements avec un service de réanimation
nconatale pour les accouchements et naissances les plus
compliqués (grands prématurés notamment)
: ces services sont très exceptionneLs et, contrairement
à certaines idées reçues, tous
les «grands hôpitaux» n'en disposent
pas.
Chaque maternité travaillera
en réseau avec deux établissements complémentaires
pour mieux concilier les différents besoins.
Si vous privilégiez la sécurité
médicale, vous allez vous tourner vers les hôpitaux
équipés au moins d'un service de nconatalogie
(niveau 2). Un conseil : réservez dés
que vous avez connaissance de votre grossesse; vous
devrez vous faire suivre dans cet établissement.
Si vous souhaitez accoucher là où votre
médecin ou votre gynécologue habituel
exerce, informez vous sur les modalités de prise
en charge des frais, surtout s'il s'agit d'une clinique
privée. Si l'établissement est éloigné
de votre domicile, renseignez-vous auprès de
votre caisse des conditions de prise en charge des frais
de transport. En principe, les frais de transport sont
remboursés sur la base de la distance séparant
la patiente de la structure de soins « la plus
appropriée à son état ».
Cette règle est appliquée
avec beaucoup de souplesse; toutefois, si un transport
en taxi ou ambulance était nécessaire,
ilserait plus prudent de vous informer sur la pratique
de votre caisse et sur ce qu'il vous en coûterait.
Si vous attendez une grande qualité d'écoute
et un dialogue avec le persomnel, vous allez vous tourner
vers des établissements à dimension humaine.
Cela n'exclut pas de vous informer sur la qualité
du plateau technique : salles d'opération pour
les césariennes, présence ou non d'un
anesthésiste, notamment si vous souhaitez la
péridurale.
Le suivi médical : du plus simple au plus
sophistiqué
Quel que soit le lieu d'accouchement, des examens prénataux
sont obligatoires. Ces examens sont indispensables si
vous souhaitez bénéficier de l'assurance
maternité ou des prestations familiales lices
à la grossesse.
Au cours de votre grossesse, vous
devez effectuer sept examens médicaux. Le premier
se situe avant la fin du 3è mois degrossesse.
Ensuite, un examen par mois, au minimum, doit être
fait. Pour connaître les dates d'échéance,
vous vous reporterez à votre carnet de maternité.
Les examens médicaux sont pris
en charge à 100 % s'ils font partie des examens
obligatoires ou s'ils sont pratiqués au cours
des 4 derniers mois, sous réserve, pour certains,
de l'entente préalable de votre caisse d'assurance
maladie.
À quoi servent les examens obligatoires ?
Ces examens permettent de vérifier l'état
de santé général de la mère
et de l'enfant, et éventuellement de prendre
les précautions utiles. Ce sont essentiellement
des consultations médicales et des examens de
laboratoire : tests de dépistage de la rubéole,
de la toxoplasmose, détermination du groupe sanguin.
Le cas échéant, des examens complémentaires
sont prescrits.
échographie, amniocentèse...
- L'échographie. Bien que couramment pratiqué,
cet examen n'est pas obligatoire; en principe, trois
échographies sont pratiquées au cours
de la grossesse. Au-delà, la Sécurité
sociale exige un accord préalable pour le remboursement.
- L'amniocentése. Cet examen consiste à
examiner le liquide amniotique dans lequel baigne le
fœtus. IL permet de détecter certaines maladies
comme la trisomie 21 ou mongolisme (sur les erreurs
de diagnostic. Il est pris en charge à 100% (non
compris les dépassements d'honoraires) dans deux
cas :
- femmes âgées de 38 ans et plus au moment
du prélèvement;
- femmes ayant subi des tests sanguins appelés
« dosage des marqueurs sériques »
qui ont révélé qu'elles étaient
susceptibles de porter un enfant atteint d'une anomalie
chromosomique. Ce test n'a pas la précision de
l'amniocentése. Malgré un dosage «anormal»,
l'amniocentèse peut s'avérer tout à
fait normale. Seule l'amniocentèse permettra,
en effet, de donner un diagnostic certain. Toutefois,
le test de dosage, remboursé quel que soit l'âge,
et sous réserve d'une prescription médicale,
est une première étape de dépistage
qui évite le recours coûteux à l'amniocentèse;
il est recommandé en présence :
- d'antécédents d'anomalies chromosomiques
chez l'un des parents ou de grossesses avec anomalies
chromosomiques;
- d'une échographie révélant des
anomalies morphologiques du fœtus.
Des prestations familiales pour vous aider pendant
la grossesse
L'allocation pour jeune enfant peut être versée
dès le 5è mois de grossesse si vos ressources
sont modestes. 1'APJE est octroyée sous conditions
de ressources.
Si vous êtes très démunie, l'allocation
de parent isolé est versée si vous êtes
enceinte et vivez seule, dans votre proche famille ou
en centre d'hébergement.
Pour bénéficier de ces prestations, vous
devez être à jour de vos examens médicaux
obligatoires et en faire la demande.
Comment sont indemnisés vos arrêts de
travail ?
Si vous êtes salariée : Sous réserve
de remplir certaines conditions de durée d'activité
et d'immatriculation, vous bénéficierez
d'indemnités journalières de maternité,
à condition de vous arrêter au moins 8
semaines consécutives. Ces indemnités
peuvent être complétées par votre
employeur si votre convention collective prévoit
un maintien total ou partiel de votre salaire. Si vous
devez vous arrêter en plus du congé de
maternité, vos arrêts seront indemnisés
au titre de la maladie. Si vous êtes non salariée
:
- Les femmes chefs d'entreprise perçoivent
des indemnités journalières de maternité,
qui sont calculées non pas en fonction de leurs
revenus antérieurs mais sur une base forfaitaire.
Ces indemnités journalières sont dues
si vous cessez votre activité pendant au moins
30jours consécutifs (situés dans la période
de 30 jours avant l'accouchement et 30 jours après).
Leur montant est de 7 235 F. Si l'interruption d'activité
se prolonge de 15 jours, l'indemnité est portée
à 10853 F. Si elle se prolonge de 15 jours supplémentaires,
l'indemnité est portée à 14470
F. Les périodes de prolongation de 15 jours doivent
être consécutives et suivre la première
période ou en être proches.
Des prolongations d'indemnisation
peuvent être accordées en cas d'état
pathologique ou de naissances multiples.
Une allocation de repos maternel est versée en
plus aux femmes pour compenser la diminution de leur
activité avant la naissance : 7235 F à
la fin du 7é mois de grossesse, 7235 F après
la naissance.
Les indemnités sont cumulables.
- Les femmes qui ont le statut de conjointe
collaboratrice ont droit à cette allocation de
repos ainsi qu'à une allocation de remplacement.
Cela si elles sont remplacées par une personne
salariée pendant au moins 1 semaine, dans la
période courant de 6 semaines avant l'accouchement
à 10 semaines après. L'allocation est
de 6 900 F pour 28 jours maximum; elle est augmentée
en cas de grossesse pathologique ou de naissances multiples.
Les allocations sont cumulables.
- Les femmes qui relèvent du
régime des artisans peuvent bénéficier
d'indemnités journalières de maladie en
cas d'interruphon d'activité en dehors de ces
périodes indemnisées au titre de l'assurance
maternité. Un délai de carence de 15 jours
s'applique. Les indemnités de maladie sont versées
dans la limite de 90 jours par an. Ces indemnités
sont calculées sur la base du revenu moyen soumis
à cotisations les trois dernières années.
Grossesse peut-elle rimer avec travail ?
Suis-je obligée de déclarer ma grossesse
à mon employeur ?
Rien ne vous oblige à le faire rapidement. Notez
cependant que vous ne pourrez vous prévaloir
de certains droits qu'aprés avoir prévenu
votre employeur. N'attendez pas...
Est-ce que je peux m'absenter pour
les consultations ?
Vous avez droit à des autorisations d'absence
pour passer les examens obligatoires; ces absences sont
rémunérées.
Est-ce que je bénéficie
d'aménagements d'horaires ?
Seules certaines conventions collectives prévoient
des amènagements d'horaires en cas de grossesse.
Consultez votre convention. Dans la fonction publique,
lesfemmes bénéfcient de réductions
d'horaires de travail dès le 3e mois de grossesse.
Peut-on me licencier ?
Enceinte, vous bénéficiez d'une protection
particulière. Votre employeur ne peut pas vous
licencier, sauf pendant la période d'essai.
S'il n'était pas informé de votre grossesse,
vous devez lui envoyer dans les 15 jours suivant la
notication du licenciement un certificat médical
par courrier recommandé. Le licenciement est
alors annulé, sauf si l'employeur peut justifer
d'une faute grave non liée à l'état
de grossesse ou s'il est dans l'impossibilité
de maintenir votre contrat pour un motif étranger
à la grossesse (par exemple, fermeture définitive
de l'entreprise).
La protection est totale pendant toute
la durce du congé de maternité : aucun
licenciement ne peut être notifé ou prendre
effet durant cette période. A votre retour dans
l'entreprise, vous êtes protégée
durant 4 semaines. Seules une faute ou une impossibilité
liée à une cause extérieure peuvent
justifer votre licenciement.
Peut-on me muter pendant ma grossesse
ou lors de mon retour ? Vous ne pouvez pas être
mutée parce que vous étes enceinte, mais
si votre état de santé l'impose vouspouvez
étre affectée temporairement à
un autre emploi, sans diminution de rémunération.
Cette décision est prise soit par l'employeur,
soit par votre médecin traitant; en cas de désaccord
avec votre employeur, c'est le médecin du travail
qui intervient. À votre retour dans l'entreprise,
vous devez retrouver votreposte ou un poste équivalent.
Si mon enfant est hostpitalisé, est-ce que
je peux reporter rle congé de maternite ?
En cas d'hospitalisation de votre enfant, vous pouvez
reprendre le travail 6 semaines après la naissance
et utiliser la fin de votre congé de maternité
à sa sortie d'hopital.
Si je ne reprends pas le travail, quand dois-je prévenir
mon employeur ?
Si vous décidez de démissionner, vous
devez prévenir votre employeur 15 jours avant
la fn du congé de maternité. Vous n'avezpas
de préavis à effectuer. Vous bénéficiez
d'une priorité de réembauche pendant 1
an.
Pour bénéfcier d'un congé parental
d'éducation, vous devez prévenir votre
employeur 1 mois avant la fin du congé de maternité.
La naissance
Certaines techniques supposent une préparation
ou des examens particuliers; même si finalement
vous n'y avez pas recours, ne vous limitez pas trop
tôt.
La préparation à l'accouchement
La Sécurité sociale prend en charge huit
séances de préparation à l'accouchement,
à condition que celles-ci soient faites par un
médecin ou une sage-femme. L'établissement
où aura lieu l'accouchement organise ces séances,
dont le déroulement varie d'un établissement
à l'autre : le père peut, en principe,
assister à toutes les séances, ou seulement
à certaines.
Mieux surmonter la douleur
La péridurale ne doit pas être vue comme
un confort pour les médecins qui, ainsi, ont
des «salles d'accouchement silencieuses >>,
mais comme un outil pour la femme qui, à un moment,
la demandera ou non. La péridurale suppose que
des examens aient été effectués
auparavant par un anesthésiste, dans le cadre
du suivi de la grossesse : examen du dos, coagulation
sanguine.
Ces examens, de même que la péridurale,
sont pris en charge à 100%. D'autres techniques
non médicales permettent d'aborder la douleur
différemment : la sophrologie, l'haptonomie.
..
Si une césarienne est nécessaire...
La césarienne peut être pratiquée
sous péridurale. Vous serez alors disponible
pour accueillir votre enfant.
Certaines femmes ne supportent pas de sentir les médecins
s'affairer autour d'elles. Dans ce cas, ne cherchez
pas à tout prix à rester éveillée
pendant l'acte médical. Vous devez pouvoir choisir,
sauf raison médicale majeure.
Les interventions chirurgicales nécessaires à
l'accouchement sont prises en charge à 100%.
La durée de l'hospitalisation
Une durée maximale de 12 jours est prise en charge
au titre de l'assurance maternité. Si l'état
de santé de la mère ou de l'enfant nécessite
une hospitalisation plus longue, c'est l'assurance maladie
qui prend le relais, avec application du ticket modérateur.
C'est le médecin ou le pédiatre
qui décident de la sortie de l'hôpital.
Les durées d'hospitalisation sont dans la plupart
des cas ramenées à 4 ou 5 jours; si vous
êtes fatiguée et ne vous sentez pas prête
à rentrer chez vous, parlez-en au médecin
: lui seul déterminera votre jour de sortie.
Si vous êtes dans une chambre
individuelle, un supplément s'applique. Ces frais
peuvent être pris en charge par votre mutuelle
ou votre assurance complémentaire santé.
Accoucher à domicile ou à l'hôpital
?
Vous pouvez décider d'accoucher à domicile.
Les frais sont alors pris en charge sous la forme d'un
forfait. Des sages-femmes viendront vous consulter à
domicile. La plupart d'entre elles n'accepteront de
suivre votre grossesse et votre accouchement que si
vous êtes en bonne santé. Après
la naissance, organiser votre retour à la maison
et celui de votre enfant
- Les congés du père
Le père a légalement droit à 3
jours de congé. Si votre enfant naît pendant
ses congés payés, le congé n'est
pas dû. Les conventions collectives peuvent prévoir
des dispositions plus favorables.
Si la mère est décédée au
cours du congé de maternité, le père
a droit à un congé d'une durée
maximum de 10 semaines, ou plus s'il s'agit de naissances
multiples.
- Le congé parental d'éducation
: les pères y ont droit aussi
La demande doit être envoyée à l'emplayeur
par courrier avec AR, 2 mois avant le début du
congé qui peut être pris jusqu'aux 3 ans
révolus de l'enfant.
Dès lors que le (la) salarié(e) a au moins
1 an d'ancienneté à la date de la naissance
de l'enfant, la demande doit être acceptée.
Il est possible de prendre un congé à
temps plein ou à temps partiel. La durée
maximale du congé est de 1 an, renouvelable deux
fois. Ce congé peut donner droit à l'allocanon
parentale d'éducation
- Vous êtes seule
L'allocation de parent isolé peut vous être
versée jusqu'aux 3 ans de votre enfant, sous
conditions de ressources.
Vous pouvez aussi, sous certaines conditions, bénéficier
de l'allocation de soutien familial versée par
votre CAE
- Vous déménagez
Une prime de déménagement peut vous être
versée :
- si vous avez la charge de trois enfants nés
ou dont le troisième est à naître,
- et si le nouveau logement ouvre droit à l'allocation
de logement.
Votre déménagement doit avoir lieu dans
une période comprise entre votre 4e mois de grossesse
et le 2e anniversaire de votre dernier enfant.
Ne négligez pas le suivi médical
- Les séances de rééducation
Ce sont des moments privilégiés de remise
en forme. La Sécurité sociale prend totalement
en charge dix séances, sous réserve d'une
prescription médicale et d'un accord préalable.
- Les visites postnatales
Un examen obligatoire pour la mère doit être
effectué dans les 8 semaines suivant la naissance.
L'enfant doit passer un examen dans
les 8 jours (cet examen est en général
effectué avant la sortie de la maternité)
et un autre avant la fin du 1er mois. L'enfant aura
ensuite un examen chaque mois jusqu'au 12 mois. Puis
tous les 4 mois la deuxième année.
Ne négligez pas ces examens, car ils conditionnent
le versement des prestations familiales, notamment.
Organiser votre reprise de travail
- Vous voulez cesser de travailler
Vous devez en informer votre employeur (p. 49); VOUS
pourrez bénéficier de l'allocation parentale
d'éducation, à partir du deuxième
enfant, à condition de remplir des conditions
de durée d'activité.
- Vous reprenez le travail
Selon le mode de garde adopté pour votre enfant,
vous bénéficierez de l'allocation de garde
d'enfant à domicile ou de l'aide à l'emploi
d'une assistante maternelle agréée versées
par les CAE Ne tardez pas à vous informer sur
les possibilités qui existent dans votre ville.
Déclarer et reconnaitre l'enfant
- La déclaration à la mairie
Elle doit être faite dans les 3 jours suivant
la naissance, à la mairie du lieu de naissance.
Dans certains hôpitaux, un agent de la mairie
effectue ces formalités sur place.
- La reconnaissance
Cet acte est important pour les couples non mariés.
IL peut être effectué avant la naissance
dans n'importe quelle mairie. La reconnaissance détermine
en particulier le nom de l'enfant, qui sera celui du
parent qui le reconnaît le premier.
Si vous souhaitez qu'il porte le nom
du père, le plus simple est de faire la reconnaissance
en même temps, avant la naissance. Sinon, ce sera
possible après la naissance, mais une démarche
supplémentaire sera nécessaire auprès
du greffe du tribunal.
La reconnaissance est importante car
elle détermine l'exercice de l'autorité
parentale. L'autorité parentale est conjointe
si :
- les parents reconnaissent l'enfant en même temps
ou successivement mais avant le 1« anniversaire
de l'enfant;
- les parents vivaient ensemble au moment de la reconnaissance.
Les textes prévoient dans ce cas une autorité
parentale exercée en commun.
Cela signifie qu'en principe les deux
parents ont la même autorité et les mêmes
droits. IL semble qu'aujourd'hui cette interprétation
ne soit pas retenue par certaines administrations qui
exigent systématiquement un certificat du juge
aux affaires matrimoniales reconnaissant la communauté
de vie pour que le père puisse exercer l'autorité,
par exemple inscrire un enfant mineur sur son passeport.
Le bonus fiscal
Chaque enfant à charge donne droit à une
demi-part supplémentaire. Et chaque enfant, à
partir du troisième, compte pour une part entière.
Si votre enfant est né en fin d'année,
il compte de la même manière pour l'année
civile. Si celui-ci est décédé
l'année de sa naissance, il compte dans la déclaration,
dès lors que sa naissance a été
déclarée.
Les naissances multiples
La naissance simultanée de
plusieurs enfants (jumeaux ou plus) entrame des bouleversements
dans l'univers familial. Heureusement, ces familles
bénéficient d'aides spécifiques
:
- allongement de la durée du congé de
maternité;
- allongement de la durée de versement de l'allocation
parentale d'éducation en cas de naissances triples
et plus gusqu'aux 6 ans des « multiples");
toutefois, le congé parental que l'on peut solliciter
auprès de l'employeur n'a pas été
prolongé à ce jour au-delà de 3
ans, d'où la nécessité de démissionner
au-delà des 3 ans ou d'invoquer un congé
particulier;
- aides à domicile à solliciter auprès
des CAF (en principe, minimum de 80 heures par enfant
issu de naissances multiples; mais les chiffres varient
selon les départements)
- aides financières auprés du conseil
général ou des municipalités;
- primes prévues par les organismes complémentaires
(assurances, motuelles)
Les besoins nutritionnels
spécifiques de la femme enceinte
Des apports suffisants
en vitamines et minéraux et une prise de poids
raisonnable, garantissent la santé du fœtus
et de sa mère. Les phénomènes adaptatifs
sont suffisants dans la plupart des cas.
LE POIDS EST UNE PRéOCCUPATION
FRéQUENTE et légitime chez les femmes
enceintes. Toutefois, « il n'existe pas de prise
de poids idéale », rappelle le Dr J. Fricker
(nutritionniste, Paris), « mais un objectif pondéral
qui diffère selon le poids de départ ».
Les phénomènes adaptatifs sont parfois
insuffisants, que ce soit chez les femmes obèses,
chez les femmes maigres ou chez celles qui se restreignent.
Dans tous les cas, la prise de 300 g par semaine pendant
les deuxième et troisième trimestres est
primordiale.
Chez la femme maigre, dont l'indice
de masse corporelle (IMC) est inférieur à
19,8 kg/m2, les médecins recommandent une prise
de poids supérieure à la valeur moyenne
de 12,5 kg, pouvant aller jusqu'à 18 kg. La naissance
d'un enfant hypotrophique expose aux risques néonataux
immédiats et cardio-vasculaires à l'âge
adulte, dont l'insuffisance coronaire.
Chez les femmes obèses, celles
dont l'IMC est supérieur à 26 kg/m2, le
poids du fœtus à terme dépend plus
du poids prégestationnel que de la prise de poids
au cours de la grossesse. Ces femmes doivent quand même
surveiller leur poids, pour prévenir certains
risques les concernant (HTA, diabète, persistance
de l'obésité), ou leur enfant (décès,
macrosomie, traumatisme lors de la délivrance,
HTA et obésité futures). Cependant, les
apports énergétiques ne doivent pas être
inférieurs à 1 600 kcal/j, pour éviter
les carences en micronutriments.
Alimentation variee et supplémentations sélectives
Il faut manger au moins deux fois par jour des aliments
riches en protides. Chaque repas doit comporter du lait
et/ou des produits laitiers, particulièrement
riches en calcium (1 200 mg/1), en protéines
(20 g/100 g), en lipides et vitamines liposolubles,
dont la vitamine D, mais également du pain, des
fruits et des légumes,riches en vitamines et
minéraux, et, pour les légumes verts,
riches en folates. Les fécudents consommés
le soir préviennent le jeûne nocturne.
Il faut varier les huiles végétales
(acides gras polyinsaturés et mono-insaturés,
vitamine E) et les consommer crues de préférence,
précise Françoise Campas (diététicienne,
Le Mans).
« Dans certains cas, l'alimentation
ne suffit pas à couvrir les besoins d'abord quantitatifs,
puis qualitatifs, de la femme enceinte », poursuit
le Dr Martine Pellae (nutritionniste, hôpital
Bichat, Paris). S'il est possible de consommer davantage
de laitages pour couvrir les besoins en calcium qui
sont de 1200 mg/j, il faut supplémenter systématiquement
les femmes enceintes en vitamine D.La prise unique au
septième mois de grossesse se révèle
la plus pratique.
La grossesse augmentant beaucoup les
besoins en fer, les experts recommandent soit une supplémentation
ciblée en fer élément (30 à
60 mg/j), soit une supplémentation systématique
dès le début de la grossesse (30 à
50 mg/j, plus au deuxième trimestre si l'anémie
persiste). Les facteurs de risque de carence en fer
sont une alimentation dépourvue de produits carnés,
la grossesse chez l'adolescente, la multiparité,
les ménorragies, la prise d'aspirine.
Ils favorisent la survenue d'une anémie ferriprive,
facteur de prématurité et d'hypotrophie
f|tale. Une carence en folates augmente les risques
d'anomalie de fermeture du tube neural, de retard de
croissance extra-utérin, et d'accouchement prématuré.
La supplémentation est proposée selon
deux schémas.
Chez les femmes qui ont déjà
donné naissance à un enfant atteinl de
spina bifida ou d'encéphalocèle, la supplémentation
en folates se fait à dose thérapeutique
(4 mg de vita mine B9 par jour), dès la périodE
péri-conceptionnelle. Lorsque la consommation
d'aliments riches en folates est insuffisante, si la
femmc fume, si elle prend la pilule, une supplémentation
à dose nutritionnellE (0,1 à 0,2 mg/j)
est conseillée.
Une alimentation équilibrée et diversifiée,
le respect de certaines règles d'hygiène
et de la chaîne du froid (prévention de
la listériose, dont le Dr Patrick Berche (hôpital
Necker Paris) a rappelé la gravité chez
les femmes enceintes) sont les princi paux conseils
que les médecins doi vent donner aux femmes enceintes.
Accouchement par le siège
: toujours la césarienne
Une étude de
très grande envergure menée dans 26 pays
par une équipe canadienne devrait proposer une
solution définitive aux discussions sur la voie
haute ou basse face à une présentation
du bébé par le siège. La césarienne
divise par 3 à 4 les décès et pathologies
graves du nouveau-né, sans intervenir sur le
pronostic maternel.
"Une politique de césarienne programmée
est largement préférable pour le noveau-né
se présentant par le sièpe ». Cette
phrase péremptoire de Mary Hannah (Toronto, Canada)
va peut-être mettre fin à des décennies
de débats sur la nécessité de cette
intervention face à « un siège ».
M. Hannah, dans « l'Essai sur
les présentations du siège à terme
» qu'elle publie avec ses collaborateurs dans
le dernier « Lancet », chiffre l'avantage
du bistouri sur la voie vaginale : les bébés
nés par césarienne risquent 3 à
4 fois moins de décéder ou de présenter
des pathologies graves que ceux nés par voie
basse. Ce résultat semble si peu sujet à
contradiction que l'étude, dont il est la conclusion,
prévue pour durer cinq ans a été
interrompue prématurément au bout de deux
ans.
26 pays et 121 hôpitaux
Il faut dire que l'équipe canadienne avait mis
de son côté la puissance statistique pour
arriver à un résultat peu sujet à
caution. Pas moins de 26 pays ont été
sollicités, regroupant 121 hôpitaux. 2083
naissances ont ainsi été analysées,
correspondant à la fréquence habituelle
des accouchements par le siège, sur enfant unique,
de 3 à 4%.
Le suivi a été effectué
sur les six semaines du post-partum, enregistrant les
décès au cours de l'accouchement, dans
les suites ou les affections graves. Bien sûr,
les décès ou les affections graves maternels
ont été également notifiés.
Les femmes ont été divisées par
hasard en deux groupes, celles dont la césarienne
était programmée et celles devant a priori
accoucher par les voies naturelles. Dans le second cas,
la présence d'un accoucheur expérimenté
était de règle.
Sur les 1 041 femmes devànt
être césarisées, l'intervention
a eu effectivement lieu dans 90,4 % des cas (941 femmes).
La césarienne n'a pu être pratiquée
chez les 100 autres parturientes en raison de l'imminence
de l'accouchement, de la demande de la patiente, d'une
modification de la présentation en sommet...
En ce qui concerne leurs homologues destinées
à la voie basse, seulement 56,7 % ont accouché
de la sorte; les autres ont subi une césarienne
pour bassin étroit, arrêt du travail, anomalies
de la fréquence cardiaque f|tale, demande de
la patiente, complication obstétricale, procidence
du cordon.
Au cours de la période de suivi
programmée, de six semaines, des décès
ou de graves pathologies ont été enregistrés
chez 1,6 % des bébés nés par césarienne,
contre 5 % chez ceux nés par voie basse.
Plus important dans les pays occidentaux
Une analyse selon le caractère industrialisé
ou non du pays d'accouchement a été également
pratiquce. Il ressort que l'avantage de la césarienne
est plus important dans les pays occidentaux : dans
le groupe césarienne, 0,4 % de décès
ou de pathologies graves contre 5,7 %; 2,9 % contre
4,4 % dans le groupe voie basse. Interprétés
autrement, ces chiffres montrent qu'il faut pratiquer
14 césariennes supplémentaires dans les
pays industrialisés pour éviter une complication
grave, et 39 dans les pays en voie de développement.
A propos de l'état maternel
dans les suites immédiates, de fait, I'étude
n'a enregistré aucune différence entre
les deux groupes de femmes. Ce qui semble contradictoire
avec la notion générale d'un risque majoré
pour la voie haute. Les auteurs l'expliquent par deux
biais probables. Tout d'abord, l'accouchement vaginal
n'a procuré aucun bénéfice aux
femmes, probablement parce que, dans ce groupe, 43 %
d'entre elles ont finalernent été césarisées,
dans un contexte d'urgence, après le début
du travail. A l'opposé, dans le groupe prévu
pour la voie haute, l'intervention a été
réalisée de façon programmée,
avant le début du travail. L'autre biais peut
être attribué à la prise en compte
exclusive des pathologies lourdes, et ce sur un délai
de six semaines. Les auteurs d'ailleurs annoncent que
de nouvelles données permettront de mieux apprécier
l'état de santé des mères à
trois mois et à deux ans.
Un authentique dilemme
Dans un éditorial accompagnant la publication,
Judith Lumley (Melbourne, Australie) tient à
préciser que si le résultat de l'étude
avait été en faveur de la naissance par
voie vaginale, se serait alors posé un authentique
dilemme, puisque le protocole de l'essai se fondait
sur la présence d'un accoucheur expérimenté...
qu'on ne trouve pas partout. Elle achève son
commentaire en constatant que « la prise en charge
de cette situation clinique commune peut être
clarifiée, au moins dans une large majorité
des cas ». La prochaine étape sera la diffusion
rapide de ces travaux récents auprès des
femmes enceintes, de leur famille et de tous les praticiens
impliqués dans les soins en maternité.
Dr Guy BENZADON, le quotidien du médecin, 24/10/2000-
The Lancet, vol 356, 21 octobre 2000, pp 1368-1369 et
1375-1383
Première naissance
française après un diagnostic préimplantatoire
Dans le service du Pr
René Frydman, à la maternité de
l'hôpital A`ntoine-Béclère de Clamart,
a eu lieu lundi la première naissance après
un diagnostic préimplantatoire (DPI), d'un enfant
indemne d'une maladie génétique qui avait
emporté auparavant trois enfants du couple. Cette
naissance est le fruit de la collaboration entre les
équipes d'Antoine-Béclère et de
Necker, avec le concours d'institutions qui ont aidé
les équipes médicales, comme l'AFM, l'Assistance
publique et le ministère de la Santé.
VALENTIN, né lundi 13 novembre, est en bonne
santé et indemne du déficit en ornithine
carbamyl transférase, maladie enzymatique dont
on savait sa mère porteuse saine.
Il existait un risque important de
transmission, puisque trois enfants du même couple
étaient déjà décédés
de l'affection génétique. Cette naissance
a été rendue possible par l'arrêté
du 20 juillet 1999 (faisant suite à la loi de
bioéthique de 1994) qui a autorisé les
hôpitaux AntoineBéclère et Necker
à pratiquer le DPI (ainsi que les hôpitaux
universitaires de Strasbourg).
Le DPI, qui est une alternative au
diagnostic anténatal, permet de choisir d'implanter
un embryon indemne de maladie, précise le Pr
René Frydman. Alors que le diagnostic anténatal
implique une longue attente et parfois un avortement
différé lorsque le fœtus est atteint,
la réponse du DPI est donnée en 3 à
24 heures. Le DPI s'adresse à deux types de situation
: les maladies géniques, comme dans le cas du
petit Valentin, et les maladies chromosomiques, avec
anomalie structurale du chromosome.
Dans l'histoire présente, la mutation qui était
portée par le chromosome X maternel avait été
analysée et était déjà caractérisée
au moment du DPI. Un test moléculaire de diagnostic
spécifzÿque à cette famille avait
été mis au point. Le développement
d'un test pour une famille prend de trois à six
mois », précise le Dr Pierre Ray (Necker).
En pratique, le test est appliqué après
une fécondation médicalement assistée.
Depuis que l'ICSI (injection intracytoplasmique de spermatozoïde)
est pratiquée, les équipes utilisent cette
technique (antérieurement la FIV simple).
Le diagnostic est appliqué
au troisième jour après la fécondation,
au stade de huit à dix cellules. Un ou deux blastomères
sont prélevés, ce qui n'affecte pas le
développement ultérieur de l'embryon.
Dans le cas présent, trois embryons indemnes
ont été replacés. Le résultat
est celui de la FIV ou de l'ICSI, avec un taux moyen
de grossesses évolutives de 25 %. D'autres affections
géniques peuvent bénéficier du
DPI : la maladie de Duchenne, la mucoviscidose, la maladie
de Steinert, l'amyotrophie spinale, l'X fragile... Depuis
qu'ils ont été autorisés à
pratiquer cette technique, les équipes et collaborateurs
des Prs Munnich, Veckemans et Frydman ont, avant l'été
2000, obtenu 8 grossesses dont 5 évolutives,
après une prise en charge de 21 couples de patients
ayant un risque prouvé de transmettre une maladie
génétique.
Les maladies chromosomiques sont fréquemment
assorties d'une infertilité, ce qui n'est pas
le cas des maladies géniques, mais dans tous
les cas, « les couples pris en charge ont un vécu
extrêmement lourd en matière d'infertilité
ou de diagnostic prénatal », explique le
Pr René Frydman. Dr Béatrice VUAILLE,
le quotidien du médecin
Un succès, mais gare aux dérives disent
les experts
A la suite de l'annonce de la naissance d'un bébé
après une sélection génétique,
réalisée grâce au diagnostic préimplantatoire
(DPI), les spécialistes de la génétique
se félicitent, mais mettent en garde contre les
dérives. Le Pr Jean-François Mattei, président
du groupe DL à l'Assemblée nationale et
spécialiste de génétique, a décrit
comme un « succès » cette naissance
tout en mettant en garde contre la « dérive
» eugénique.
« Si cette technique est utilisée
avec justesse, dans de bonnes indications, c'est un
succès car elle permet à des familles
éprouvées d'avoir des enfants en toute
sécurité », a-t-il commenté
sur France 2. En revanche, « si cette technique
était étendue plus largement, ce serait
la porte ouverte à la sélection des enfants
à naitre et ce serait une dérive perverse
», a t-il ajouté.
« Toute dérive peut être évitée
», estime, pour sa part, le Dr Jacques Montagut,
spécialiste de la reproduction au comité
d'éthique; il estime que la loi bioéthique
de 1994 « offre un cadre législatif remarquable
et exemplaire ».
«Il n'est pas question de choisir
le sexe de l'embrpon », précise-t-il. Il
tient cependant à « informer absolument
ses confrères et l'opinion publique : attention,
seul un tout petit nombre de maladies sont actuellement
susceptibles d'être dépistées grâce
à cette technique. En France, le recours au DPI
est limité aux seuls cas où des parents
sont porteurs du gène d'une maladie génétique
particulièrement grave et incurable. »
La dérive n'est pas possible
en France, indique le Dr Sophie Ravilly, directrice
médicale de l'Association française de
lutte contre la mucoviscidose (AFLM). « Quand
il s'agit d'avoir recours à cette technique dans
le but d'éviter une maladie, il n'~y a pas de
problème éthique », dit-elle, expliquant
que les couples qui y ont recours ont un passé
lourd : « Un ou deux enfants atteints et la volonté
d'en avoir un troisième sain. » Anne-Marie
GAUDIN le quotidien du médecin
De moins en moins d'accouchements
le week-end
La tendance n'est pas
nouvelle, mais, mesurée sur cinquante ans, elle
est spectaculaire : de plus en plus d'accouchements
étant programmés, les naissances sont
plus rares le samedi et le dimanche. C'est une courte
étude dans la rabrique Tendances de " Population
et Sociétés "*, le bulletin mensuel
d'information de l'lnstitut national d'études
démographiques (INED), qui le relève en
comparant l'évolution des naissances selon le
jour de la semaine depuis 1950. Il y a un demi-siècle,
les naissances se répartissaient équitablement
dans la semaine, avec même un léger excédent
le dimanche (1% de plus que la moyenne journalière)
ainsi que le lundi (2 % en plus). Ces excédents
sont liés au repos dominical, les accouchements
ayant naturellement tendance à se déclencher
pendant le repos, précisent les auteurs.
Pour la même raison, la majorité
survenait autrefois la nuit. n n'en est plus de même,
compte tenu de la médicalisation de l'accouchement.
Aujourd'hui, près de 30 % des naissances sont
programmées, qu'il s'agisse de déclencher
l'accouchement (8%en 1972, 20%en 1998) ou de prévoir
une césarienne (3 % en 1972, 9 % en 1998). Les
médecins mais aussi les futures mères
choisissent alors unjour de la semaine plutôt
que le week-end. Par rapport à 1950, il nâit
ainsi 25% d'enfants en moins le dimanche et les jours
fériés et 15 % en moins le samedi, soit
respectivement
30 et 20 % de naissances en moins que les jours de la
semaine. On observe également moins de naissances
le lundi et le mercredi (jour de moindre disponibilité
pour le personnel médical ou les mères
qui ont des enfants d'âge scolaire).
Cependant, si la baisse des naissances
le week-end a été continue jusque dans
les années quatre-vingt, elle semble s'être
interrompue depuis une dizaine d'années. La proportion
des accouchements programmés (30 %) pourrait
avoir atteint, à 30 %, un plafond.
*GPSR : Groupement
des Pédiatres Strasbourgeois exerçant la Réanimation
Unité de Néo-Natalogie - Clinique Sainte Anne