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Chez les apparentés
de premier degré (frères, surs ou
enfants), le risque de devenir diabétique insulinodépendant
est de l'ordre de 6 %, soit environ trente fois plus
grand que dans la population générale.
A l'aide de marqueurs immunologiques,
génétiques et métaboliques, il
est maintenant devenu possible de dépister la
majorité des sujets susceptibles de développer
un DID dans les familles de diabétiques. Les
anticorps anticellules des îlots (ICA), décrits
comme fortement prédictifs du DID, sont détectés
chez environ 7,5 % des proches parents d'enfants atteints
de DID . Leur dosage est cependant difficile à
standardiser, et l'interprétation des titres
d'ICA doit tenir compte des conditions techniques de
détection. Chez ces individus porteurs d'ICA,
le risque de diabète est modulé par plusieurs
facteurs, parmi lesquels le titre des anticorps et l'âge
au moment du dépistage. Avant l'âge de
dix ans, ce risque est de près de 80 % à
cinq ans d'évolution, alors qu'il n'est plus
que de 20 % après l'âge de dix ans. Le
risque de DID augmente en fonction de la diversité
des anticorps détectés (ICA, anticorps
antiglutamate décarboxylase ou GAD, anticorps
anti-insuline ou IAA, anticorps dirigés contre
le fragment intracellulaire d'une molécule appartenant
à la famille des tyrosine-phosphatases ou IA-2
et ICA512 et en fonction du taux de ces anticorps, à
l'exception des GAD. La combinaison du typage HLA et
de la recherche des anticorps permet encore d'accroître
les possibilités de prédiction de la survenue
d'un DID.
Un test de dépistage optimal
du DID devrait avoir une sensibilité et une spécificité
élevées, ainsi qu'une haute valeur prédictive
positive. Il devrait également être reproductible,
peu onéreux et peu invasif. Aucun des moyens
prédictifs actuellement disponibles ne remplit
tous ces critères.
Par ailleurs, si la prédiction
du diabète dans la fratrie d'un patient atteint
de DID est effectivement devenue possible avec une précision
raisonnable, elle ne trouve pas encore sa justification
en dehors de programmes de recherche bien définis,
car la prédiction d'une maladie ne devient éthiquement
défendable qu'au moment où l'on peut prévenir
cette maladie, ce qui n'est pas encore le cas pour le
DID .Ainsi, tant qu'une thérapeutique préventive
n'est pas disponible, un dépistage systématique
n'est pas justifié. De plus, tant que la précision
et la fiabilité de la prédiction du DID
ne seront pas optimales, l'usage d'agents thérapeutiques
potentiellement dangereux demeurera éthiquement
discutable. Tout cela doit être clairement expliqué
aux parents, tout en les rassurant sur le fait que le
risque de survenue d'un DID chez un autre enfant de
la fratrie demeure relativement faible, même s'il
est effectivement plus élevé que dans
la population générale.
Dans les cas où, après
discussion avec les parents, l'évaluation du
risque s'avère nécessaire, la meilleure
stratégie semble être de faire une recherche
des divers anticorps associés au DID, suivie
d'un test de tolérance au glucose par voie intraveineuse
pour ceux qui possèdent au moins un de ces anticorps.
Divers protocoles de prévention
du DID sont actuellement en cours chez des sujets apparentés
au premier degré à des patients diabétiques
et à haut risque de développer un DID.
Les deux principaux courants de recherche concernent
l'étude de la prévention du diabète
par l'insuline d'une part et par la nicotinamide d'autre
part. L'insuline est administrée soit en petites
doses par voie sous-cutanée, afin de mettre au
repos les cellules bêta et d'en maintenir, à
long terme, une masse résiduelle significative
qui permettrait de retarder ou de prévenir l'apparition
des signes cliniques du diabète, soit par voie
orale ou intranasale pour induire une tolérance.
Le mécanisme d'action de la nicotinamide n'est
pas clairement établi; il pourrait impliquer
une augmentation de la réparation de 1'ADN. Les
résultats de l'étude randomisée
multicentrique européenne ENDIT (The European
Nicotinamide Diabetes Intervention Trial) ne seront
connus qu'en 2003.
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